11 Septembre... 1973
le "non", dans
l'opacité la plus totale. La nouvelle Constitution garantit la permanence des
militaires au pouvoir, même si un président était élu par la voie démocratique.
Elle institue un Conseil de la sécurité nationale et impose au président de
choisir les chefs des différents corps armés à partir de listes établies par
ces derniers. Ces chefs sont inamovibles pendant toute la durée du mandat
présidentiel, de façon à empêcher le pouvoir civil d'exercer un contrôle sur
les autorités militaires. La même année, Pinochet annonce qu'il a décidé
d'exercer un mandat de huit ans, à l'issue duquel la junte désignera un
président civil, à qui elle remettra le pouvoir et qui devra se soumettre à un
plébiscite. Mais l'opposition ne désarme pas.
Le
11 mai 1983 se déroule la première journée de protestation nationale. La
population est appelée à ne pas envoyer ses enfants à l'école, à ne rien
acheter, à ne faire aucune démarche administrative, à ne pas utiliser les
transports en commun et à rouler à moins de trente kilomètres à l'heure. Des cacerolazos sont prévus le même jour, à 20 heures. Le succès de la journée est total et
dépasse toutes les prévisions. Mais la répression est terrible : on déplore 2
morts, 50 blessés et 350 arrestations.
Une deuxième Journée de protestation a lieu le 14
juin. Elle se manifeste par un très grand absentéisme scolaire, par la chute
des ventes dans les magasins, par des manifestations dans les universités, par
le respect du silence dans les entreprises, par des cacerolazos et des
coups de klaxon qui durent jusque tard dans la nuit. De nombreux Chiliens
descendent dans la rue et des barricades sont érigées. De nouveau, le bilan est
lourd : 4 morts, 70 blessés et 1351 arrestations.
Le 12 juillet, la troisième journée se solde par 2
morts et 1064 arrestations. La protestation du 11 août dure deux jours. Le
gouvernement répond avec une extrême violence : 18.000 soldats parcourent les
rues et assassinent 26 personnes. Certains manifestants meurent chez eux, car
les militaires n'hésitent pas à pointer leurs fusils vers les habitations. Un
porte-parole de l'opposition déclare publiquement que : "Les soldats et la
police ont commis des violations de domicile et toutes sortes d'exactions
envers les foyers des Chiliens, en particulier les foyers les plus
pauvres". La cinquième journée de protestation s'étend du 8 au 11
septembre 1983. Plusieurs hommages sont rendus à Salvador Allende. Des marches
sont organisées, ainsi que des occupations d'école, des cacerolazos et
des coupures d'électricité. Des affrontements se produisent au centre de
Santiago, où les manifestants élèvent des barricades. La junte persiste à
répondre par le feu : on dénombre 15 morts, 400 blessés et 600 arrestations.
À la répression ouverte s'ajoutent les atrocités
commises par la Direction de l'intelligence nationale, la DINA, qui a pris le
nom de Centre national d'intelligence en 1977, dans un effort pour améliorer
son image, alors que ses crimes étaient au coeur de la pression exercée sur le
Chili au niveau international par les organisations de défense des droits de
l'homme.
Le nom a changé, mais pas les méthodes.
L'assassinat du chef syndical Tucapel Jiménez, président de l'Association
nationale des employés du fisc, le 25 février 1982, atteste de cette permanence
dans l'horreur, tout comme l'exécution des militants communistes Manuel
Guerrero Cevallos, José Manuel Parada Maluenda et Santiago Nattino Allende,
égorgés le 29 mars 1985. Le 2 juillet 1986, au cours d'une grève, une
patrouille militaire arrête un couple de jeunes gens. Elle l'arrose de kérosène,
puis elle l'enflamme. Le jeune homme meurt, mais son amie, Carmen Gloria
Quintana, survit à ses blessures et devient un symbole vivant de la dictature.
En écho à ces actes de barbarie, le 7 septembre
1986, le dictateur est à son tour victime d'un attentat. Cette opération
baptisée "Nouvelle Patrie" est organisée par les guérilleros du Front
patriotique Manuel Rodriguez, Ce jour-là, il s'en faut de peu pour que ne
change le cours de l'histoire chilienne. L'attaque survient à 18 heures 32. Le
cortège présidentiel a quitté la résidence de Pinochet à El Melocoton, au pied
de la cordillère des Andes et roule vers Santiago. Le général a supervisé en
personne la répression de plusieurs grèves qui se sont déroulées dans la région
les 4 et 5
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