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11 Septembre... 1973

11 Septembre... 1973

Titel: 11 Septembre... 1973 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Héctor Pavón
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le pape Paul VI déclare sur la place
Saint-Pierre, en parlant du Chili : "Chaque jour apparaît plus évident le
caractère irrationnel et inhumain de l'aveuglement et de la cruauté des armes
homicides employées pour établir l'ordre ou, plus exactement, la domination
répressive de certains hommes sur d'autres hommes".
    La Junte se défend en assurant que toutes les
critiques contre le gouvernement chilien relèvent d'une campagne
"anti-Chili" orchestrée par le marxisme international. Au même
moment, Henriquez parcourt les couloirs du stade national et constate la
situation désespérée dans laquelle se trouvent les prisonniers. Il raconte :
"Je suis sorti défait de l'enceinte du Stade national. Rien de ce que
j'avais pu entendre auparavant n'était comparable à cette vision si concrète et
si directe de la douleur, de l'humiliation et de la peu".
    Le cardinal devient alors le confident des
familles des détenus disparus et le principal porte-parole du combat pour les
droits de l'homme au Chili. La demande des familles ne cesse de croître et
c'est ainsi que naît, le 6 octobre 1973, le Comité oecuménique de coopération
pour la paix au Chili, connu sous le nom de "Comité pour la paix". En
janvier 1974, le Comité commence à déposer des plaintes devant les tribunaux.
Henriquez n'espère pas obtenir la libération des détenus, mais il veut attirer
l'attention de l'opinion publique internationale sur les violations des droits
de l'homme au Chili et éviter ainsi, dans certains cas, que les détenus soient
assassinés.
    En
novembre 1975 , Pinochet convoque Henríquez pour le rappeler à l'ordre.
Il lui reproche de consacrer toute son énergie, et celle de son Comité, à
déprécier le régime. Il lui dit que le Comité représente, à ce titre, un foyer
permanent de subversion. La discussion est âpre, comme en témoigne l'échange
suivant :
    ""Nous ne sommes pas d'accord", dit
le cardinal. "Le Comité accomplit une tâche que l'Église soutient. Si vous
respectiez les droits de l'homme ...
    - Cessez de vous occuper de nous, cardinal !,
répliqua Pinochet en colère.
    - Demandez-le-moi par écrit, général", répondit
Henríque [57] ".
    Pinochet persécute le Comité. Il ôte toute
capacité juridique aux églises qui en font partie. Il expulse les religieux
étrangers. Il organise une virulente campagne de presse et finit par ordonner
sa fermeture. Henriquez accepte la mesure, tout en formulant "l'expresse
réserve que le travail caritatif et religieux déployé jusque-là par le Comité,
en faveur de ceux qui souffrent de diverses formes de pauvreté, continue de se
développer à l'intérieur de nos organisations ecclésiastiques propres et
respectives, et toujours dans le cadre d'une fraternelle collaboration
oecuménique". Les arrestations de prêtres impliqués dans la lutte pour le
respect des droits de l'homme se poursuivent.
    La dictature n'a obtenu qu'un répit. Car, en 1976,
le cardinal fonde une nouvelle organisation : le Vicariat de la solidarité, qui
dépose 4000 plaintes. En plus de l'aide juridique qu'il propose, le Vicariat
met en place 300 cantines pour enfants, 50 bourses pour chômeurs et 130
coopératives de subsistance. En novembre 1978, il parvint à organiser dans la
cathédrale de Santiago une réunion qui a une répercussion nationale et dont le
mot d'ordre est : "Tout homme a le droit d'être une personne". La
même année, l'Organisation des nations unies décerne le Prix quinquennal des
droits de l'homme au Vicariat.
    Henriquez demeure à la tête de l'archidiocèse de
Santiago jusqu'en 1983. Il se retire à l'âge de 75 ans. Son successeur, Juan
Francisco Larrainaz, reste en poste jusqu'à la fin de la dictature, mais sans
parvenir à maintenir la ligne tracée par le cardinal. Quand ce dernier meurt,
en 1999, un immense hommage lui est rendu dans les rues de Santiago.
    En avril 1977, face à la montée des protestations
contre son régime, aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur du Chili, Pinochet
décide de frapper fort et de convoquer un plébiscite pour légitimer le
gouvernement militaire. En l'absence de liste électorale et de pluralisme,
Pinochet obtient 75% des suffrages, contre 24,4% pour le "non".
    Pinochet renouvelle l'opération le 11 septembre
1980, sept ans jour pour jour après le coup d'État, pour faire approuver la
nouvelle Constitution, qui lui donne encore plus de pouvoirs. La Constitution
est approuvée par 67% des électeurs, contre 30,1% pour

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