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1940-De l'abîme a l'espérance

1940-De l'abîme a l'espérance

Titel: 1940-De l'abîme a l'espérance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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qu’il conteste avec une force implacable.
    « Hier, j’ai entendu votre voix que je connais bien, et non sans émotion j’ai écouté ce que vous disiez aux Français pour justifier ce que vous avez fait.
    « Monsieur le Maréchal, dans ces heures de honte et de colère pour la Patrie, il faut qu’une voix vous réponde. Ce soir, cette voix c’est la mienne. »
    Il dénonce « un système militaire mauvais ». Or c’est Pétain qui a « présidé à notre organisation militaire ».
    De Gaulle sait que des centaines de milliers de Français écoutent désormais Radio-Londres. Sa responsabilité est immense.
    Il analyse les conditions imposées par l’ennemi : « Armistice déshonorant », s’exclame-t-il.
    « La Patrie, le gouvernement, vous-même réduits à la servitude ! Ah, pour obtenir et accepter un pareil pacte d’asservissement on n’avait pas besoin de vous, monsieur le Maréchal, on n’avait pas besoin du vainqueur de Verdun ; n’importe qui aurait suffi.
    « Et vous conviez la France livrée, la France pillée, la France asservie à reprendre son labeur, à se refaire, à se relever ! Mais dans quelle atmosphère, par quels moyens, au nom de quoi voulez-vous qu’elle se relève sous la botte allemande et l’escarpin italien ?
    « Oui, la France se relèvera. Elle se relèvera dans la liberté. Elle se relèvera dans la victoire. Dans l’Empire, dans le monde, ici même des forces françaises se forment et s’organisent.
    « Un jour viendra où nos armes… reviendront triomphantes sur le sol national.
    « Alors oui, nous referons la France. »
     
    De Gaulle vit ainsi des jours remplis de contradictions : il oscille de l’exaltation à la déception. Il reçoit une lettre de Jean Monnet qui considère que ce serait une grande faute de constituer en Angleterre une organisation qui pourrait apparaître en France comme une autorité créée à l’étranger, sous la protection de l’Angleterre… Ce n’est pas de Londres qu’en ces moments-ci peut partir l’effort de résurrection.
    De Gaulle pense au contraire que c’est ici, en Angleterre, qu’il faut affirmer l’existence d’une France libre.
    Il voit Londres s’engager avec une détermination totale pour résister à une invasion allemande.
    Toutes les plaques signalétiques dans la campagne anglaise ont été changées de façon à empêcher les troupes ennemies, leurs parachutistes, de reconnaître leurs itinéraires ! Ce pays va se battre jusqu’au bout !
     
    Et puis, il ne se passe pas de jour que des Français ne rejoignent l’Angleterre. Ainsi, 146 jeunes arrivent accompagnés de 75 officiers, presque tous aviateurs. Ils se sont embarqués à Saint-Jean-de-Luz sur des navires polonais.
    Il y a dans les ports anglais dix-sept navires de guerre français.
    Il vaudrait mieux qu’ils dépendent de moi, explique de Gaulle à Churchill. « Il est urgent de me donner les moyens de constituer une Légion française volontaire. »
    Churchill le comprendra-t-il ?
    Autour du Premier Ministre, au Foreign Office, on continue d’hésiter, on espère encore obtenir des garanties de Pétain concernant la flotte française.
    Des officiers anglais expliquent aux soldats français qui arrivent en Angleterre que, s’ils rejoignent de Gaulle, ils seront considérés comme déserteurs et rebelles par leur gouvernement.
    Mais ils peuvent s’engager dans les troupes anglaises ou canadiennes ! Ces Anglais interdisent aux envoyés de De Gaulle de venir exposer les buts de guerre du Général. Alors, troublés, ces soldats rejoignent la France.
    C’est ce que fait la majorité des troupes du général Béthouart qui ont combattu en Norvège. Béthouart, camarade de De Gaulle à Saint-Cyr, choisit lui aussi le retour, même s’il en a les larmes aux yeux.
    Le capitaine Kœnig, d’autres officiers, chasseurs alpins, et la plus grande partie des deux bataillons de la 13 e  demi-brigade de la Légion étrangère – soit un total de 1 300 hommes – décident de poursuivre le combat.
    Enfin, un officier supérieur, l’amiral Muselier – peu apprécié de ses pairs parce qu’il serait un amiral politique, un amiral « rouge » –, rejoint de Gaulle.
    « Vous commanderez la marine et l’aviation dans la Légion que j’essaye de constituer », lui dit de Gaulle.
    Des lointaines possessions africaines, des Antilles, du Pacifique, des officiers, des administrateurs, de simples citoyens, manifestent leur

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