1940-De l'abîme a l'espérance
volonté de se rallier au général de Gaulle.
En cette fin juin, il décide de faire imprimer une affiche qui sera placardée sur les murs de Londres :
À tous les Français
La France a perdu une bataille !
Mais la France n’a pas perdu la guerre !
Des gouvernants de rencontre ont pu
capituler, cédant à la panique, oubliant
l’honneur, livrant le pays, à la servitude.
Cependant, rien n’est perdu ! […]
Voilà pourquoi je convie tous les
Français, où qu’ils se trouvent,
à s’unir à moi dans l’action, dans le
sacrifice et dans l’espérance !
Notre patrie est en péril de mort !
Luttons tous pour la sauver !
VIVE LA FRANCE !
Général de Gaulle
Il relit le texte. Il se sent porté par le grand souffle de l’Histoire quand, ce jeudi 27 juin, il est convoqué par Churchill au 10 Downing Street.
Churchill, le visage grave, l’accueille bras ouverts, disant d’une voix forte :
« Vous êtes tout seul, je le sais, eh bien, je vous reconnais tout seul. »
Il tend à de Gaulle le communiqué qui sera diffusé demain vendredi 28 juin :
« Le gouvernement de Sa Majesté reconnaît le général de Gaulle comme chef de tous les Français Libres où qu’ils se trouvent qui se rallient à lui pour la défense de la cause alliée. »
De Gaulle ne s’est pas trompé sur le sens de sa vie.
Ce vendredi 28 juin, il s’adresse une nouvelle fois aux Français depuis le siège de la BBC.
Avant de commencer, on lui communique les résultats des enquêtes de Mass Observation. Le général de Gaulle est la seule personnalité étrangère applaudie dans les salles de cinéma quand elle apparaît sur les écrans. Il incarne la France et sa voix se fait plus vibrante :
« L’engagement que vient de prendre le gouvernement britannique en reconnaissant dans ma personne le chef des Français Libres a une grande importance et une profonde signification, commence-t-il.
« Cet engagement permet aux Français Libres de continuer la guerre aux côtés de nos alliés.
« Il sera formé immédiatement une force française terrestre, aérienne, navale…
« Tous les officiers, soldats, marins, aviateurs français, où qu’ils se trouvent, ont le devoir absolu de résister à l’ennemi…
« Malgré les capitulations… déjà faites par tant de ceux qui sont responsables de l’Honneur du drapeau et de la grandeur de la Patrie, la France Libre n’a pas fini de vivre. Nous le prouverons par les armes. »
Ce même vendredi 28 juin, vers 5 heures du matin, l’avion de Hitler s’est posé sur l’aéroport du Bourget.
Trois grandes Mercedes noires attendent le Führer qui, accompagné d’Albert Speer et d’Arno Breker, réalise l’un de ses rêves : visiter Paris.
Il se rend d’abord à l’Opéra de Paris où tout est éclairé comme un soir de représentation.
Speer est étonné : Hitler connaît le bâtiment dans ses moindres détails. Le Führer dit avec fierté qu’il en a étudié tous les plans. Il fait remarquer au Français qui guide la visite qu’un salon a disparu. Le Français, un homme aux cheveux blancs, confirme que cette pièce a été supprimée.
« Vous voyez comme je m’y connais ici », dit Hitler.
Il demande à l’un de ses aides de camp de donner un pourboire au Français qui, malgré l’insistance de Hitler, refuse.
Puis on se rend à la Madeleine, sur les Champs-Élysées, au Trocadéro, à la tour Eiffel.
Hitler fait une halte à l’Arc de triomphe, aux Invalides, où il s’arrête un long moment devant le tombeau de Napoléon.
Il visite le Panthéon dont les dimensions l’impressionnent. Mais ni la place des Vosges, ni le Louvre, ni la Sainte-Chapelle ne suscitent son intérêt. Il restera longuement au Sacré-Cœur, à Montmartre.
Les nombreux fidèles qui l’ont à l’évidence reconnu font mine de l’ignorer.
À 9 heures, la visite est terminée et on roule vers l’aéroport.
« C’était le rêve de ma vie de pouvoir visiter Paris. Je ne saurais dire combien je suis heureux que ce rêve soit réalisé aujourd’hui », dit Hitler.
Il envisage d’organiser un défilé militaire pour célébrer la victoire, puis, secouant la tête, il y renonce :
« Nous ne sommes pas encore au bout », dit-il.
Le soir de ce vendredi 28 juin, dans la petite salle de la ferme du village de Brûly-de-Pesche, il convoque Speer.
Il est assis seul à une table.
« Préparez un
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