1940-De l'abîme a l'espérance
décret, Speer, dans lequel j’ordonne la pleine reprise des constructions à Berlin. N’est-ce pas que Paris était beau ? Mais Berlin doit devenir beaucoup plus beau ! Je me suis souvent demandé s’il ne fallait pas détruire Paris, mais lorsque nous aurons terminé Berlin, Paris ne sera plus que son ombre. Alors pourquoi le détruire ? »
Lorsque le décret sur les travaux à entreprendre à Berlin sera rédigé, quelques jours après cette visite, Hitler le datera du mardi 25 juin 1940, jour de l’armistice et de son triomphe.
Mais on ne peut arrêter le temps.
Daniel Cordier note à la date du samedi 29 juin dans le carnet qu’il tient depuis son arrivée en Angleterre, le mardi 25 juin, la date même que Hitler veut fixer pour l’avenir :
« On nous a réunis dans la cour de l’ Olympia Hall où sont rassemblés les volontaires français. Le gouvernement de Gaulle est formé. Une Légion française se constitue. Nous sommes engagés volontaires. Un courant de discipline commence à parcourir le camp où l’anarchie était maîtresse et nous divisait.
« Dans une Marseillaise sans grandiloquence, jeune, franche, généreuse dans sa fraternité, c’est l’âme de la France qui a pris son vol, une âme farouche dans sa résolution de vaincre. »
CINQUIÈME PARTIE
Lundi 1 er juillet
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Dimanche 14 juillet 1940
« Les Anglais qui réfléchissent ne peuvent ignorer qu’il n’y aurait, pour eux, aucune victoire possible si jamais l’âme de la France passait à l’ennemi.
« Les Français dignes de ce nom ne peuvent méconnaître que la défaite anglaise scellerait pour toujours leur asservissement…
« Quoi qu’il arrive… nos deux peuples, nos deux grands peuples, demeurent liés l’un à l’autre. Ils succomberont tous les deux ou bien ils gagneront ensemble. »
Général DE GAULLE
8 juillet 1940
20.
De Gaulle s’est rendu à l’ Olympia Hall, là où Daniel Cordier et ses camarades attendent de pouvoir s’engager dans ces Forces françaises libres qui se constituent.
Souvent, ces jeunes Français qui ont pris tous les risques pour parvenir en Angleterre sont des adolescents – en culottes courtes quelquefois ! – qui changent leur date de naissance afin de se vieillir et pouvoir ainsi prendre les armes.
Ils commencent à être pour les Anglais les Free French.
Pour qu’on puisse identifier ses troupes, de Gaulle a décidé que chaque navire rallié – et l’amiral Muselier a entraîné quelques cargos avec lui –, chaque avion des Forces françaises libres portera comme emblème la croix de Lorraine ; et ce, à compter de ce lundi 1 er juillet 1940. La proposition en a été faite par un capitaine de corvette – Georges Thierry d’Argenlieu – qui vient de s’enfuir de Cherbourg où il était prisonnier.
Mais de Gaulle se souvient qu’il avait fait peindre cette croix sur ses blindés quand il commandait à Metz le 507 e régiment de chars.
Un autre temps, si proche et qui semble d’un autre siècle, tant sa vie a changé !
Hier, dimanche 30 juin, le général Weygand lui a donné l’ordre de se constituer prisonnier à la maison d’arrêt de Saint-Michel de Toulouse !
Et aujourd’hui, lundi 1 er juillet, M. de Castellane, diplomate qui représente le gouvernement du maréchal Pétain, lui transmet le message que l’ambassade vient de recevoir :
« Le général de brigade de Gaulle (Charles, André, Joseph, Marie) est informé qu’il est renvoyé devant le tribunal militaire de la 17 e région, pour CRIME de refus d’obéissance en présence de l’ennemi et délit d’incitation de militaires à la désobéissance. Il doit se constituer en état d’arrestation. »
On l’avait déjà rayé des cadres de l’armée !
De Gaulle retourne le document.
« Il ne présente à mes yeux aucune espèce d’intérêt », écrit-il en marge.
De Gaulle éprouve du mépris pour ces ministres de Pétain qui agissent comme si le monde n’était pas entré en « révolution » et n’allait pas être totalement bouleversé par cette guerre qui commence.
Il le dit à un jeune homme au visage émacié, Maurice Schumann, qui était journaliste à L’Aube, un quotidien catholique et social. Schumann s’est embarqué pour l’Angleterre à Saint-Jean-de-Luz. Il veut continuer le combat.
L’essentiel, expose de Gaulle, ce lundi 1 er juillet, c’est que Hitler ne
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