1940-De l'abîme a l'espérance
de part et d’autre de la stèle du premier fusillé de Paris.
Et des passants déposent, au pied de chaque affiche, des bouquets de fleurs qui dans « certains quartiers jonchent bientôt la chaussée ».
Le jour de Noël, au moment même où l’amiral Darlan s’offre à Hitler, un officier de marine, le commandant d’Estienne d’Orves, débarque à Plogoff, en Bretagne.
Il a choisi d’être un Français Libre.
Il arrive d’Angleterre avec son radio – Marty. Il a pour mission de monter un réseau de renseignements.
Et ce jour de Noël 1940, avant de partir pour Paris, il établit sa première liaison radio avec Londres.
D’Estienne d’Orves et son radio savent qu’ils risquent non seulement la peine de mort mais aussi la torture.
À l’autre extrémité de la France, dans le Jura, à Poligny, la nuit de Noël, le passeur Paul Koepfler, fait franchir la ligne de démarcation à 120 personnes qui veulent se réfugier en zone non occupée.
« 120 personnes qui vont l’une derrière l’autre, ça fait une sacrée file et ça fait du bruit… »
Le maréchal Pétain, dans son message du mardi 31 décembre 1940, déclare :
« Je me suis donné à la France, c’est-à-dire à vous tous. »
Il ajoute aussitôt :
« Nous aurons faim… »
Avant de conclure :
« La France continue,
« Bonne année, mes chers amis ! »
Ce même mardi 31 décembre 1940, de Gaulle invite les Français à « manifester » le 1 er janvier 1941 en restant chez eux, de 14 heures à 15 heures, dans la France non occupée, et de 15 heures à 16 heures, dans la France occupée.
Il ajoute :
« L’heure d’espérance du 1 er janvier voudra dire :
« Nos provinces sont à nous ! Nos terres sont à nous ! Nos hommes sont à nous ! Celui qui nous prend nos provinces, qui mange le blé de nos terres, qui tient nos hommes prisonniers, celui-là est l’ennemi !
« La France n’attend rien de l’ennemi, excepté ceci : qu’il s’en aille ! Qu’il s’en aille vaincu…
« C’est cela que tous les Français vont signifier à l’ennemi en observant l’heure d’espérance. »
FIN
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[1] Aragon, La guerre et ce qui s’en suivit, Le Roman inachevé, 1956.
[2] Daniel Cordier, Alias Caracalla : mémoires, 1940-43, collection « Témoins », Gallimard, 2009. Le témoignage exceptionnel du secrétaire de Jean Moulin.
[3] Poste de télégraphie sans fil.
[4] Futurs héros.
[5] Le Reichstag détruit lors de l’incendie du 25 février 1933 et dont les nazis ont accusé les communistes de l’avoir suscité n’a pas été reconstruit.
[6] Futur prix Nobel.
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