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1941-Le monde prend feu

1941-Le monde prend feu

Titel: 1941-Le monde prend feu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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aussi aux
Français, et livre le sens de sa politique.
    « Dans un monde anglo-saxon triomphant, la France ne
serait qu’un dominion de seconde zone… Il s’agit de choisir entre la vie et la
mort.
    « Le Maréchal et le gouvernement ont choisi la vie. »
    Pour Pétain, Darlan et leurs ministres, « la vie »
c’est donc la victoire du Reich nazi, et la mort c’est l’Angleterre
démocratique.
    Ils préfèrent « vivre » dans l’Europe de Hitler
que dans le monde de Churchill.
    Comment peuvent-ils croire que les Français approuvent ce
choix ?
     
    Mais ils s’obstinent.
    Le 21 mai, Darlan, le général Huntziger, Benoist-Méchin
et Brinon se rendent à l’ambassade d’Allemagne à Paris, afin d’y discuter avec
le général Warlimont du contenu de l’accord franco-allemand.
    Ces Protocoles de Paris sont signés le 27 mai
1941.
    En Syrie, en Tunisie, à Dakar, l’Allemagne est autorisée à utiliser
les ports, les aérodromes, les voies ferrées à des fins militaires.
    Jamais le gouvernement de Vichy n’a été aussi près d’entrer
en guerre aux côtés de l’Allemagne.
     
    Mais Darlan a obtenu que les Protocoles ne soient
appliqués que si l’Allemagne permet à Vichy de « réarmer » l’Empire
français.
    Il est dit aussi que :
    « Le gouvernement allemand fournira au gouvernement
français par la voie de concessions politiques et économiques les moyens de
justifier devant l’opinion publique de son pays l’éventualité d’un conflit armé
avec l’Angleterre et les États-Unis. »
     
    Finasseries ! Cynisme !
    Il reste une dernière formalité : la ratification des Protocoles
de Paris par le maréchal Pétain.
    Simple formalité :
    N’a-t-il pas, le 15 mai, approuvé devant les Français la
politique de Darlan ?
    Seulement, il ne s’agit plus de « messages » d’intention,
mais bien d’une collaboration militaire pouvant conduire à « l’éventualité
d’un conflit armé » avec les alliés d’hier !
    Pétain ratifiera-t-il ?
     
    À Vichy, la tension monte au moment de franchir ce Rubicon
qu’est une ample collaboration militaire qui ne pourra être maîtrisée et qui
conduira mécaniquement à un affrontement armé avec ceux que Darlan appelle « Anglo-Saxons ».
    Mais les Allemands restent, dans l’opinion, les « Boches »,
les « Fridolins », les « doryphores », les ennemis acharnés
de 1870, de 1914-1918, ceux qui détiennent un million et demi de prisonniers, qui
« raflent » tout, le charbon, le blé, les pommes de terre, la
lingerie fine, le bordeaux et le champagne, et qui exigent que les jeunes
hommes aillent travailler en Allemagne !
    Pétain, le général Weygand arrivé d’Afrique du Nord à Vichy,
les autres gouverneurs de l’Empire éprouvent eux-mêmes cette défiance à l’égard
des Allemands et savent quel est l’état de l’opinion.
    En outre, les Allemands ne « donnent » rien en
échange de ce qu’ils exigent. Benoist-Méchin, resté à Paris, le dit à Otto
Abetz : « La réduction des frais d’occupation promise le 6 mai
est encore en discussion et en dehors des prisonniers anciens combattants, dont
le chiffre a d’ailleurs considérablement diminué, rien de substantiel n’a été
apporté à la France. »
     
    Alors, à Vichy, on écoute le général Weygand qui refuse
toute collaboration militaire avec les Allemands.
    « Aucune base en Afrique ne peut être mise à la
disposition des Allemands et des Italiens, dit-il. Je n’ai aucune qualité pour
combattre la politique de mon gouvernement, mais je peux refuser de la faire. À
politique nouvelle, homme nouveau. »
    Il évoque donc sa démission mais il ajoute :
    « Je ferai tirer sur les Allemands contre les ordres de
mon gouvernement s’il le faut, afin qu’ils ne pénètrent pas en Afrique. »
     
    Le maréchal Pétain réunit le Conseil des ministres.
    « J’observe, dit-il d’une voix pateline, que la
politique de l’Amiral et de moi-même est l’objet de vives critiques. Je prie
les ministres présents d’exprimer leur opinion. »
    Il n’est plus le guide, le chef, mais l’homme qui veut
dégager sa responsabilité.
    Trois ministres s’engagent aux côtés de Weygand – qui
ne siège pas au Conseil – et soulignent que la démission du général serait
catastrophique.
    Tous les autres ne se prononcent ni pour ni contre l’application
des Protocoles de Paris.
    Quant à Pétain et Darlan, ils se taisent.
    Mais

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