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1941-Le monde prend feu

1941-Le monde prend feu

Titel: 1941-Le monde prend feu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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lève la main pour prévenir une réponse de Darlan.
     
    Il reprend sur le même ton :
    « Mais si j’ai confiance dans la France, je réduirai au
minimum les sacrifices territoriaux sur le continent. Je ne suis pas
fanatiquement avide de territoires. »
    Nouveau silence, puis :
    « Il est grand temps pour la France de préparer sa paix.
Il faut qu’elle décide si elle veut collaborer ou non. »
     
    Le premier entretien – en fait un monologue de Hitler –
s’achève.
    Les termes du marché sont clairs et n’admettent aucune
réplique. C’est une collaboration militaire qu’exige Hitler, sinon ce sera le
dépeçage de la France.
     
    Le lendemain, Hitler, allant et venant, évoque la puissance
invincible de l’Allemagne, les victoires de ce printemps 1941.
    Il s’interrompt, se dirige vers l’immense baie vitrée.
    « Quant à la Russie, on ne peut que la mépriser »,
dit-il.
    Ainsi, d’un mot, Hitler confirme le rapport d’un attaché
militaire français en Roumanie qui a prévenu Darlan de l’imminence d’une
attaque allemande contre la Russie.
     
    Hitler, sûr de lui, regardant les cimes blanches de l’Obersalzberg,
poursuit :
    « Depuis la réforme de l’armée russe, trente mille
officiers ont été exécutés, de sorte que l’armée manque de cadres. Les
officiers ne savent ni lire ni écrire. La Russie doit se retirer au plus tôt
des pays baltes. Elle comprendra cette nécessité. Si elle ne la comprend pas, elle
sera battue en trois semaines. »
     
    À cet instant, Darlan est sûr que la décision d’attaquer la
Russie est prise, et que l’Allemagne sera victorieuse.
    Il faut donc que la France soit aux côtés de ce Grand Reich
qui va naître.
    « La France, dit Darlan, est toute disposée à aider l’Allemagne
à gagner la guerre. »
    Il rappelle la collaboration militaire déjà engagée en Syrie.
Il ose ajouter :
    « Il serait opportun que, du côté allemand, on veuille
bien lui faire des concessions. »
    Darlan veut convaincre le Führer.
     
    Il veut se faire adouber par Hitler, apparaître comme irremplaçable.
Il est le seul homme d’État français capable de conduire cette politique.
     

     
    « Je prends l’engagement formel, dit-il, de diriger la
politique française dans le sens d’une intégration au nouvel ordre européen, de
ne plus tolérer une politique dite de bascule entre les groupes de puissance, d’assurer
la continuité de cette ligne politique. »
    Hitler ne le quitte pas des yeux puis, d’un hochement de
tête et d’une moue, met fin à l’entretien.
     
    Le 14 mai, Darlan est à Vichy et, devant le Conseil des
ministres, il expose avec détermination et fougue ses certitudes. Après avoir
rapporté les propos de Hitler, il affirme :
    « C’est la dernière chance qui se présente à nous d’un
rapprochement avec l’Allemagne. Si nous favorisons la politique anglaise, la
France sera écrasée, disloquée, et cessera d’être une nation… »
    Il exclut la politique de bascule entre les deux adversaires.
    « Il faut nous ranger aux côtés de l’Allemagne, travailler
pour elle dans nos usines, sans faire délibérément la guerre à l’Angleterre.
    « Mon choix est fait, je ne m’en laisserai pas
détourner par l’offre sous condition d’un bateau de blé et d’un bateau de
pétrole ! »
     
    Pétain dodelinant de la tête approuve ces « finasseries »
qui se prennent pour une habile et grande politique.
    Le 15 mai 1941, il adresse un message aux Français.
    Langage de chef, de guide, d’autant plus martial que ce
vieillard de quatre-vingt-cinq ans a la voix qui tremble.
     
    « Français,
    « Vous avez appris que l’amiral Darlan s’était
récemment entretenu, en Allemagne, avec le chancelier Hitler. J’avais approuvé
le principe de cette rencontre.
    « Ce nouvel entretien nous permet d’éclairer la route
de l’avenir…
    « Il ne s’agit plus aujourd’hui, pour une opinion
souvent inquiète parce que mal informée, de supputer nos chances, de mesurer
nos risques, de juger nos gestes.
    « Il s’agit pour vous, Français, de me suivre sans
arrière-pensée sur les chemins de l’honneur et de l’intérêt national.
    « Si dans l’étroite discipline de notre esprit public
nous savons mener à bien les négociations en cours, la France pourra surmonter
sa défaite et conserver dans le monde son rang de puissance européenne et
mondiale. »
     
    Darlan, les 23 et 31 mai, s’adresse lui

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