1941-Le monde prend feu
croissante des relations germano-soviétiques… Il veut, par ses efforts
personnels, préserver l’URSS d’un conflit avec l’Allemagne. »
En fait, Staline, tout en veillant à ne pas « provoquer »
Hitler, prend des mesures de précaution. Il signe un Pacte de non-agression
avec le Japon, ce qui lui permettra de faire passer des divisions soviétiques
de l’est de la Sibérie à la frontière avec la Pologne.
Il raccompagne lui-même le ministre des Affaires étrangères
japonais Oruka Matsuoka à la gare de Moscou, lui donne l’accolade dans un geste
de cordialité qui étonne, car on n’a jamais vu Staline céder à un mouvement
spontané. Cette accolade a donc une valeur symbolique.
« Nous sommes des Asiatiques, nous aussi », confie-t-il
au Japonais.
Schulenburg est présent sur le quai de la gare.
« Staline me fit signe d’approcher, raconte l’ambassadeur
allemand, et m’entourant de son bras, il me dit : “Votre pays et le mien
doivent rester amis, monsieur l’ambassadeur, et vous devez tout faire pour cela.”
« Puis Staline se tourne vers le colonel Krebs, s’assure
qu’il est bien l’attaché militaire allemand, et lui dit : “Nous resterons
vos amis contre vents et marée.” »
Staline veut donc croire que sa politique cherchant à
étouffer la volonté allemande de faire la guerre peut – et doit – réussir.
Il écarte toutes les informations qui la contredisent.
Aveuglement ?
Crainte de tomber dans le piège tendu par l’Angleterre ?
Souci d’éviter toutes les provocations ?
Et cependant, de toutes parts, on l’avertit de l’imminence
de l’attaque allemande.
Churchill alerte personnellement Staline, dès le 3 février.
Et l’ambassadeur britannique à Moscou, sir Stafford Cripp, semaine après
semaine, transmet des rapports alarmants au ministre des Affaires étrangères, Molotov.
Dès la fin avril, il prédit pour le 22 juin 1941 l’ouverture
des hostilités.
À Washington, le sous-secrétaire d’État, Summer Wells, convoque
l’ambassadeur soviétique Oumanski, et donne au Russe le plan de campagne de l’état-major
allemand.
« M. Oumanski pâlit et reste plusieurs secondes
silencieux et dit : “Je me rends pleinement compte de la gravité de votre
information et vais en faire part au Kremlin sur-le-champ.” »
Mais Staline s’obstine, ordonne aux troupes placées sur la
frontière de ne répondre à aucune provocation allemande.
Cette guerre ne doit pas avoir lieu.
Staline ne tombera pas dans les pièges qu’à Londres et
Washington on lui tend.
Il ne veut même pas écouter ses propres espions.
L’Allemand Richard Sorge, en poste à l’ambassade nazie à
Tokyo, transmet la date du 22 juin pour le déclenchement de l’attaque
allemande.
Les espions du réseau Orchestre rouge dirigé par
Léopold Trepper, et qui opèrent à Bruxelles et à Paris, confirment que la
décision allemande est prise.
Et des communistes français prennent le risque de se
présenter au consulat soviétique à Paris pour avertir les Soviétiques de l’attaque
allemande.
Mais Staline ne modifie pas sa politique conciliante.
L’agence de presse Tass, le 14 juin, publie un
communiqué dénonçant « la vaste tentative de propagande des puissances
hostiles à l’URSS et à l’Allemagne qui souhaitent une extension du conflit.
« Suivant les informations soviétiques, l’Allemagne
respecte scrupuleusement les clauses du pacte de non-agression germano-soviétique,
tout comme l’URSS… ».
Le plan Barbarossa fixe l’attaque de l’URSS au 22 juin
1941… soit huit jours après la publication de ce communiqué.
Staline peut-il, enfermé dans ses certitudes, croire qu’il
contraindra Hitler à ne pas attaquer la Russie ?
Son obsession du « complot » des puissances
hostiles à l’URSS l’a-t-elle aveuglé ?
En fait, Staline a deux fers au feu.
L’un pour « désarmer » par des concessions l’agressivité
de Hitler est poussé au rouge vif.
L’autre « fer » consiste à renforcer le potentiel
militaire de l’URSS. Il est bien tard pour le « chauffer » mais
Staline ne le néglige pas.
Le 1 er mai 1941, il est sur la place Rouge.
Entouré des dirigeants du parti et des chefs militaires, il
assiste à la parade de l’armée Rouge.
Le général Joukov répète qu’elle est « la plus
puissante du monde » et annonce que l’année 1941 sera celle « de
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