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1941-Le monde prend feu

1941-Le monde prend feu

Titel: 1941-Le monde prend feu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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lève la main droite, index pointé, comme un professeur
qui fait la leçon :
    « Les méthodes que nos soldats ont suivies jusqu’ici, dit-il,
les seules admises par le code militaire international, doivent à présent s’ajuster
à des principes absolument différents. »
    Il a déjà dit cela plusieurs fois mais il doit le répéter, afin
que ces généraux sachent que la Russie doit être brisée, qu’il faut répandre
chez les Russes une terreur sans précédent, par des moyens brutaux.
    Il félicite les généraux qui ont déjà rédigé des ordres de
marche précisant pour les hommes qu’ils ont sous leurs ordres les
caractéristiques nouvelles de cette guerre.
    « Ce sera la plus grande offensive de l’Histoire »,
conclut-il.
     
    Il va quitter Berlin, gagner son quartier général, la Wolfsschanze, la Tanière du loup , installée dans la grande forêt de la Prusse-Orientale.
    Il est temps d’écrire à Mussolini, de lui annoncer quelques
heures avant le déclenchement de l’attaque la décision qui a été prise et dont
on l’a tenu à l’écart, le laissant dans l’ignorance du plan Barbarossa.
     
    « Duce, écrit Hitler.
    « Je vous adresse cette lettre à l’heure où, après des
mois de délibérations tourmentées et d’attente exaspérante, je viens de prendre
l’une des décisions les plus graves de mon existence.
    « Quelle est aujourd’hui la situation ? L’Angleterre
a perdu la guerre et telle une noyée elle s’accroche à tous les brins d’herbe.
    « Il y a la Russie et les États-Unis, les deux espoirs
de l’Angleterre.
    « Les États-Unis manœuvrent l’aiguillon.
    « La Russie va recevoir en 1942 une aide massive des
États-Unis. Ses forces massées à la frontière polonaise empêchent le Reich de
mobiliser toutes ses armées contre l’Angleterre.
    « Il faut donc détruire la menace russe.
     
    « Duce,
    « Après m’être longtemps mis le cerveau à la torture, j’ai
résolu de trancher le nœud coulant avant qu’il ne se resserre. »
    Voici, dit-il à Mussolini, « ma vue d’ensemble sur la
situation ».
    « Nous n’avons aucune chance d’éliminer l’Amérique, mais
il est en notre pouvoir de supprimer la Russie. Sa disparition, en tant que
grande puissance, apportera par ailleurs un immense soulagement au Japon dont
la participation éventuelle au conflit impliquera pour les États-Unis une
menace extrêmement sérieuse.
    « Pour toutes ces raisons, j’ai, Duce, résolu de mettre
un terme au jeu hypocrite du Kremlin. »
     
    Hitler, comme chaque fois qu’il s’adresse à Mussolini, introduit
habilement dans ses propos une dimension affective.
    Le Duce, il est vrai, n’est pas seulement le chef d’État
mais l’inventeur du fascisme, l’organisateur en 1922 de la Marche sur Rome qu’en 1923, avec le « putsch de la brasserie », Hitler avait voulu
imiter.
    Hitler veut ainsi faire oublier à Mussolini que le Führer le
place toujours devant le fait accompli. Il le flatte en faisant mine de le
prendre pour confident.
     
    « Laissez-moi vous dire encore une chose, Duce.
    « Depuis qu’à la suite d’un long débat intérieur, j’ai
pris la résolution d’agir, j’ai reconquis ma liberté spirituelle. Malgré mes
sincères et persévérants efforts de conciliation, l’alliance germano-soviétique
me fut souvent très irritante et, par certains côtés, m’apparaissait comme un
reniement de mes origines, de mes conceptions et de mes devoirs antérieurs.
    « Je suis heureux de m’être délivré de cette torture
mentale.
    « Cordialement et amicalement vôtre,
    « Adolf Hitler. »
     
    C’est le dimanche 22 juin, à 3 heures du matin, une
demi-heure à peine avant le signal de l’offensive, que von Bismarck remet au
comte Ciano, ministre des Affaires étrangères de Mussolini, la missive du
Führer.
    Le Duce réveillé s’emporte, comme chaque fois que Hitler,
« cet Allemand », n’a aucune considération pour lui, en le forçant à
sauter du lit à n’importe quelle heure !
    « Dans cette histoire, lance Mussolini à son gendre
Ciano, je ne souhaite qu’une chose : que le Reich y laisse beaucoup de
plumes. »

 
15.
    C’est l’aube du dimanche 22 juin 1941, après la nuit la
plus courte de l’année.
     
    Le lieutenant von Kageneck est couché sur la paille à même
le sol, dans la grande salle d’une ferme où il a élu domicile avec les autres
officiers de son bataillon de Panzers.
    Il est

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