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1941-Le monde prend feu

1941-Le monde prend feu

Titel: 1941-Le monde prend feu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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réveillé par son lieutenant Mayer qui a pris l’habitude
de sortir à l’aube.
    Il fait déjà chaud.
    Le 22 juin 1941 s’annonce comme un jour semblable aux
autres.
     
    À Moscou, dans la nuit, l’ambassadeur von der Schulenburg
reçoit un message de Ribbentrop.
    « Secrets d’État – Très urgent – Strictement
personnel – Dès réception détruisez tous vos codes et sabotez vos
émetteurs. Voyez Molotov de toute urgence et notifiez-lui la déclaration
suivante. »
     
    Schulenburg la lit, accablé par le cynisme de Hitler qui
accuse la Russie d’avoir violé le pacte germano-soviétique, « d’avoir
rassemblé à la frontière allemande toutes ses forces armées sur pied de guerre ».
    Or Schulenburg sait que 3 millions de soldats allemands
et 500 000 soldats roumains et hongrois attendent un signal pour entrer
en Russie ! Et ils sont appuyés par 3 600 blindés, 600 000 véhicules
divers, des dizaines de milliers de pièces d’artillerie, et 2 700 avions.
Et ce serait la Russie qui menacerait l’Allemagne !
    Hier encore, Molotov demandait quels pouvaient être les griefs
allemands et se déclarait prêt à en tenir compte et à modifier l’attitude
soviétique.
     
    Schulenburg qui est reçu, à sa demande, par Molotov à l’aube
de ce dimanche 22 juin, est bouleversé.
    Il croyait à l’ Ostpolitik, à l’entente entre la
Russie et l’Allemagne. Il était persuadé que Staline ne voulait pas la guerre, et
il doit se contenter de lire d’une voix étranglée cette Déclaration qui
annonce la guerre :
    « En conséquence, écrit Ribbentrop, le Führer a donné
ordre aux forces armées du Reich de parer à la menace selon tous les moyens
dont elles disposent. »
    Molotov, après avoir écouté en silence, sans marquer la
moindre surprise ou émotion, dit :
    « C’est la guerre. Trouvez-vous, monsieur l’ambassadeur,
que nous avons mérité cela ? »
     
    À Berlin, l’ambassadeur soviétique, convoqué à la
Wilhelmstrasse, a cinq minutes de retard « pendant lesquelles Ribbentrop
arpente son cabinet de long en large comme un fauve en cage. Jamais, continue l’interprète,
le Dr Schmidt, je ne l’avais vu si fébrile. L’ambassadeur Dekanozov est enfin
introduit et, ignorant de ce qu’il allait apprendre, tend la main à Ribbentrop.
Nous nous asseyons et l’ambassadeur se met en devoir d’exposer les
récriminations de son gouvernement. Ribbentrop, le visage figé, l’interrompt
aussitôt. “Aujourd’hui, dit-il, la question est dépassée.” »
    L’ambassadeur pâlit comme terrassé en entendant Ribbentrop
annoncer que l’Allemagne prend des « contre-mesures militaires sur la
frontière russe ».
    « Mais il se ressaisit promptement, continue Schmidt, et
exprime ses profonds regrets d’un acte dont le Reich porterait l’entière
responsabilité. Il se lève, s’incline pour la forme et se retire sans serrer la
main de Ribbentrop. »
     

     
    C’est à 2 heures du matin, le dimanche 22 juin, que
Staline s’est couché dans sa datcha de Kountsevo.
    Pendant toute la soirée, il a, impassible, mâchonnant sa
pipe, écouté le général Joukov et le maréchal Timochenko, commissaire à la
Défense, rapporter différents indices qui annoncent une attaque allemande
imminente.
     
    Dans la journée du 21 juin, un déserteur allemand a
averti les officiers qui l’interrogent que l’invasion nazie se produirait le
dimanche 22 juin à l’aube.
    Timochenko et Joukov ont obtenu l’autorisation d’alerter les
autorités militaires des régions de Leningrad, de la Baltique, de Kiev et d’Odessa.
    Mais Staline a exigé qu’on mette en garde les troupes contre
des actions de provocation, auxquelles il ne faut pas répondre.
    Il décide cependant de mettre en alerte 75 % de la
défense aérienne de Moscou.
    Mais toute son attitude laisse entendre que s’il croit à la
possibilité de la provocation, il n’imagine pas une attaque générale.
    Timochenko et Joukov n’osent pas contredire Staline, mais
ils sont persuadés que le début de la guerre n’est plus qu’une affaire d’heures,
voire de minutes.
     
    Staline s’endort.
    Joukov le réveille vers 5 heures du matin.
    « C’est la guerre », dit-il au colonel Vlassik, commandant
les gardés de Staline. Il peut ainsi parler à Staline.
    Une heure plus tard, le secrétaire général du parti et
président du gouvernement est dans son bureau au Kremlin et doit admettre que

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