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1941-Le monde prend feu

1941-Le monde prend feu

Titel: 1941-Le monde prend feu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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réponse que d’attribuer le prix
Staline au film de Einsenstein, Alexandre Nevski, qui exalte la lutte au
XIII e  siècle de ce grand-duc de Novgorod contre les chevaliers
Teutoniques ?
    N’est-ce pas faire appel au patriotisme russe – et non
plus aux idées communistes – que d’évoquer Alexandre Nevski, sanctifié par
l’Église orthodoxe et célébré par le tsar Pierre le Grand ?
    Staline est-il le successeur des tsars ou de Lénine ?
    Cherche-t-il dans le passé russe le ressort qui dressera les
Russes contre l’Allemand ?
     
    La presse soviétique commence à publier des reportages sur
la vaillance et l’héroïsme du peuple anglais qui refuse de plier malgré les
bombardements terroristes de la Luftwaffe.
    À Moscou, des officiers russes de l’état-major invitent à
dîner l’attaché militaire britannique et l’on boit à la victoire sur l’ennemi
commun allemand.
     
    Mais ces signes, personne ne les commente.
    On sait qu’il suffit d’un battement de paupières de Staline,
d’un trait de crayon sous un nom, pour qu’on soit arrêté, déporté dans le Grand
Nord, pour y creuser un canal et y mourir de froid et de faim.
    On sait que les troupes du NKVD, la police politique, ont
exécuté des milliers d’officiers polonais, à Katyn, dans les territoires acquis
par la Russie après la signature du pacte germano-soviétique.
    Et qui dénombrera les centaines de milliers de victimes
ukrainiennes, baltes, russes ?
     
    Alors on se tait, comme si Staline était tapi dans l’ombre, aux
aguets, soupçonneux, prêt à frapper, à tuer.
    Il vient de « purger » l’armée Rouge, en exécutant
les meilleurs de ses officiers. Et les grands procès de Moscou ont brisé ceux
qui au sein du parti communiste pouvaient être des rivaux.
    En 1940, au Mexique, d’un coup de piolet, un agent de
Staline a fracassé le crâne de Léon Trotski, l’adversaire le plus résolu de
Staline.
     
    On croit donc Staline capable de tout, et on le craint tant
qu’on n’ose lui transmettre des informations qui pourraient contredire ses
choix politiques.
    Les connaît-on ?
    A-t-il vraiment accepté l’idée que l’Allemagne va attaquer l’URSS
ou bien pense-t-il qu’il peut repousser cette éventualité, peut-être jusqu’en
1942, ou mieux encore qu’il peut « circonvenir » Hitler, en lui
livrant plus de blé et de pétrole, en félicitant le Führer pour les victoires
allemandes dans les Balkans, en Grèce, en Crète, en Cyrénaïque ?
     
    Et d’ailleurs, Staline ne soupçonne-t-il pas ces ennemis de
l’URSS que sont l’Angleterre et les États-Unis, et d’abord ce vieil
antisoviétique qu’est Churchill, de vouloir pousser l’Allemagne et la Russie à
la guerre, puis à conclure une paix séparée entre l’Angleterre et l’Allemagne ?
    Alors, Churchill tirerait les marrons du feu.
     
    N’est-ce pas le sens de l’étrange arrivée de Rudolf Hess en
Angleterre ? Et comment croire à la fable de la folie du numéro 2 du
parti nazi, de l’un des deux héritiers désignés de Hitler !
    Staline veut éviter ce piège, ne fournir à Hitler aucun
prétexte pour le déclenchement de la guerre.
     
    Il proteste contre les survols répétés du territoire
soviétique par des avions de reconnaissance de la Luftwaffe. Mais au lieu de
hausser le ton, quand la chute de l’un de ces avions confirme qu’ils sont bien
équipés de caméra, Staline se montre conciliant.
    « Le gouvernement soviétique a donné l’ordre de ne pas
abattre les avions allemands survolant le territoire soviétique tant que de
telles infractions resteront rares. »
     
    L’ambassadeur allemand à Moscou, le comte von der Schulenburg,
partisan de l’amitié germano-russe, essaie de convaincre Hitler des intentions
pacifistes de Staline.
    « Je suis certain, dit-il au Führer, que Staline est
disposé à s’engager plus avant dans la voie des concessions. »
    Hitler écoute, sans dévoiler à son ambassadeur l’existence
du plan Barbarossa.
    Il répond à Schulenburg que Staline peut être tenté d’attaquer
l’Allemagne.
    « Je dois être prudent. »
    Il fait mine de croire à un renforcement des troupes
soviétiques sur la frontière polonaise.
    Schulenburg ose contester cette analyse de Hitler.
    Il ignore que celui-ci ment effrontément, et que les ordres
de marche, les plans d’attaque ont déjà été transmis aux généraux.
    « À mon sens, dit l’ambassadeur, Staline s’alarme de la
tension

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