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1941-Le monde prend feu

1941-Le monde prend feu

Titel: 1941-Le monde prend feu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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les
marchés, on murmure.
     
    Les Allemands pillent. Les paysans vendent leurs denrées au
marché noir. Les commerçants s’enrichissent. Les « gros » se sucrent
en raflant tout pour les Boches, qui paient avec l’argent que la France doit
leur verser !
    Et pour les autres, les « petits », c’est 250 grammes
de pain par jour, et 250 grammes de viande et 75 grammes de fromage
par semaine ! Et 550 grammes de matières grasses par mois ! Et
deux paquets de cigarettes et un litre de vin tous les dix jours !
    On crève de faim ! C’est « ça », la
révolution nationale ? Travail, Famille, Patrie  ? C’est plutôt
« Bibliothèque rose, terreur blanche et marché noir » !
    Quand Pétain apprend qu’on caractérise ainsi son grand
projet, il s’indigne :
    « Ces gens-là sont des misérables ! Que leur ai-je
donc fait ? »
     
    Le Maréchal poursuit sa visite des villes de la zone libre.
À Saint-Étienne, le 1 er  mars 1941, il s’adresse aux « ouvriers,
techniciens, patrons, ingénieurs ».
    Aux uns, il prêche la patience et la sagesse : « Ouvriers,
mes amis, n’écoutez plus les démagogues, ils vous ont fait trop de mal. »
Aux autres, il rappelle qu’ils sont aussi des chefs.
    « Comprenez bien le sens et la grandeur du nom de chef.
Le chef, c’est celui qui sait à la fois se faire obéir et se faire aimer. Ce n’est
pas celui qu’on impose, mais celui qui s’impose ! »
    Quinze jours plus tard, il annonce que « la retraite
des vieux entre en action ».
    « Je tiens les promesses, même celles des autres !
    « Mais l’œuvre de mon gouvernement est attaquée, déformée,
calomniée. »
     
    Il faut donc avertir, sévir, choisir, plus que jamais, son
camp, maintenant que la guerre contre la Russie bolchevique donne son sens à l’Ordre
nouveau qui doit naître de la politique de collaboration avec l’Allemagne
victorieuse.
    La Blitzkrieg va « anéantir l’ennemi avant même
l’arrivée de l’hiver et conduire à la prise de Moscou, et à sa destruction ».
Le Führer l’a dit.
     
    Et l’amiral Darlan, vice-président du Conseil, se pavane.
    Il a fait le choix de la collaboration militaire avec le
Reich.
    À Paris, en zone occupée, on va plus loin.
     

     
    Laval, Déat, Doriot ont incité à la création d’une Légion
des volontaires français contre le bolchevisme.
    Portant l’uniforme allemand, mais arborant le drapeau français,
ces volontaires participeront à la croisade de la Nouvelle Europe contre le
bolchevisme.
     
    Darlan montre à Pétain, sur une grande carte de la Russie, l’avance
allemande.
    Au nord vers Leningrad.
    Au centre, à partir de Smolensk vers Moscou.
    Au sud, vers Odessa et Sébastopol, et vers les grands
fleuves, le Dniepr, le Donetz, vers la ville qui se dresse sur la rive de la
Volga : Stalingrad.
    Hitler a fixé la conquête de cette ville symbolique comme l’un
de ses principaux objectifs.
    Si Leningrad, Moscou et Stalingrad tombent, que restera-t-il
de la Russie bolchevique ?
     
    Et cependant Pétain est inquiet.
    Le 12 août 1941, au Grand Casino de Vichy, on donne
devant toutes les personnalités, ministres et conseillers, ambassadeurs et
consuls, une représentation exceptionnelle de Boris Godounov.
    Pendant le dernier entracte, on diffuse un Message du
maréchal Pétain, dont la teneur et le ton autoritaire surprennent et inquiètent
l’assistance.
    Ils ont le sentiment qu’une nouvelle période du gouvernement
de Vichy commence, moins de deux mois après l’entrée des troupes allemandes en
URSS.
    C’est le communisme que Hitler combat. C’est donc bien le
sort de l’Europe et de l’Occident qui est en question.
     
    Pétain parle.
    « Français,
    « J’ai des choses graves à vous dire.
    « De plusieurs régions de France, je sens se lever
depuis quelques semaines un vent mauvais.
    « L’inquiétude gagne les esprits, le doute s’empare des
âmes. L’autorité de mon gouvernement est discutée ; les ordres sont
souvent mal exécutés. »
     
    Pétain parle en chef militaire s’adressant à des subordonnés.
Et cela satisfait et en même temps trouble ces notables qui, figés dans cette
salle du Grand Casino, ne s’attendaient pas à un tableau aussi sombre de la
situation.
    Pétain évoque aussi bien les politiciens que les francs-maçons,
que ceux qui ont subordonné les intérêts de la patrie à ceux de l’étranger.
    « Un long délai sera nécessaire pour vaincre

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