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1941-Le monde prend feu

1941-Le monde prend feu

Titel: 1941-Le monde prend feu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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pays. »
    Condamné à mort, Collette est, à la demande de Pierre Laval,
gracié.
     
    Mais il n’est plus au pouvoir de personne d’arrêter le sang
de couler.
    Les plus déterminés de chaque camp veulent aller jusqu’au
bout de la guerre : tuer l’autre.
    La France est à leurs yeux un champ de bataille.

 
22.
    Tuer l’autre ! Abattre l’Allemand !
    C’est à partir de l’été 1941 le mot d’ordre que donne le
Parti communiste aux membres de son Organisation spéciale (OS) chargés
de commettre des attentats, des actes de sabotage.
     
    « On nous a demandé à plusieurs reprises, confie l’un d’eux,
d’essayer de tuer des officiers allemands. Et j’ai plusieurs soirs suivi des
officiers allemands avec un camarade, et chaque fois je me suis dégonflé à la
dernière minute. Je me souviens notamment d’un que j’ai suivi du côté du
boulevard Sébastopol. Un immense bonhomme avec une toute petite putain qui
était si heureux de vivre qu’en définitive je n’avais pas osé tirer dessus !
Et j’étais quand même assez humilié de n’avoir pas réussi à faire mon premier
Boche ! »
    D’autres ont tué leur premier officier allemand dès la
première quinzaine d’août. L’Allemand sortait d’un hôtel de passe, près de la
porte d’Orléans, en rebouclant son ceinturon. Ils l’ont tué à coups de matraque
et au couteau. Sur le cadavre, ils ont épinglé un papillon :
    « Pour un patriote fusillé, dix officiers nazis
paieront. »
     
    Car les Allemands multiplient les Avis, annonçant les
exécutions d’espions, de terroristes ou d’otages.
     
    BEKANNTMACHUNG –
AVIS
    1) Le
lieutenant de vaisseau Henri Louis Honoré, comte d’Estienne d’Orves, Français, né
le 5 juin 1901 à Verrières,
    2) L’agent
commercial Maurice Charles Émile Barlier, Français, né le 9 septembre 1905
à Saint-Dié,
    3) Le
commerçant Jan Louis Guilleaume Doornick, Hollandais, né le 26 juin 1905 à
Paris, ont été condamnés à mort à cause d’espionnage. Ils ont été fusillés
aujourd’hui.
    Paris,
le 29 août 1941
    Der
Militärbefehlshaber in Frankreich
     
    Les exécutions d’otages désignés après un attentat ou un
sabotage révoltent ceux qui lisent ces affiches jaunes ou rouges, signées von
Stülpnagel, et qui donnent les noms des fusillés.
     
    Fallait-il continuer à tuer des Allemands quand, en
représailles, von Stülpnagel – le « plus charmant de nos vainqueurs »,
disait une « dame du monde » – faisait exécuter cinquante otages ?
    L’un des premiers résistants, Rémy, répond :
    « Le Français pensera que, de gré ou de force, il est
dans le coup… Le sang du patriote répandu dans les fossés d’exécution
fertilisera de nouveaux dévouements après ce long engourdissement prolongé de
la morphine vichyste… Il me suffit de suivre les fusillades à la trace pour
recruter de nouveaux engagements. Les fusillades réveillent les Français. »
     
    Alors il faut tuer l’autre.
    Le jeune communiste Pierre Georges, qui choisit le
pseudonyme de Fabien, membre des groupes de choc de l’Organisation spéciale, a,
à vingt ans, une expérience de la guerre et de la violence. À dix-sept ans, il
a combattu dans les Brigades internationales en Espagne. Il a été blessé de
sept balles et a survécu miraculeusement.
     
    Puis, la République espagnole vaincue par Franco, Fabien
rentre en France. Il est petit, mince, mais avec « une flamme
extraordinaire dans les yeux ».
    Il approuve en août 1939 la signature du pacte de
non-agression entre Hitler et Staline. Les communistes sont dès lors hostiles à
la guerre déclarée en septembre 1939.
    Ils deviennent suspects.
    Leurs députés et les militants sont ainsi, pendant la drôle
de guerre, poursuivis. Ils appellent à la paix, dénoncent la « guerre
impérialiste ». Ils semblent avoir oublié leur « antifascisme ».
    « Fabien m’a raconté, confie l’un de ses camarades, comment
il a dû étrangler un garde mobile en ayant les menottes aux mains. Cela se
passait dans un train, après la déclaration de guerre à l’Allemagne, et alors
que les communistes arrêtés changeaient souvent de prison. »
    Fabien n’est donc pas homme à hésiter à tuer un officier
allemand.
     
    D’autant plus que, le 13 août 1941, il a organisé et
dirigé une manifestation dans le quartier de la République à Paris. Le jeune
communiste Pierre Daix est le porte-drapeau.
    La police fait appel

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