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1941-Le monde prend feu

1941-Le monde prend feu

Titel: 1941-Le monde prend feu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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ne
s’est pas desserrée, au contraire.
    Il suffit d’être soupçonné de colporter de fausses nouvelles
pour être arrêté, déporté, en vertu de l’ article 58, qui définit les
« opposants politiques » condamnés aussitôt à une peine de dix ans de
camp.
     
    Les ouvriers, dans les usines de l’Oural, savent qu’ils peuvent
être accusés de sabotage.
    Alors, pour la Sainte Russie, par patriotisme, parce que la
terreur règne toujours, on donne toutes les forces qu’on peut encore posséder
malgré le froid et souvent la faim.
    Tout se mêle : la volonté de sauver la Russie, et les
règles inhumaines du travail forcé.
    Des populations entières, suspectes, sont déportées en
Sibérie. Ainsi les six cent mille Allemands de la Volga, installés là depuis le
Moyen Âge.
     
    Parmi les prisonniers des camps du Goulag – les Zeks –,
beaucoup sont volontaires pour le front. Soljénitsyne les observe avec mépris
et accablement.
    « Dès les premiers jours, il y eut beaucoup de Zeks qui
déposèrent des requêtes aux fins d’être retenus pour aller au front. Ils
avaient goûté au plus dense concentré de puanteur que la louche puise dans les
camps, et les voici maintenant qui demandaient qu’on les envoyât au front
défendre ce système de camps et mourir pour lui dans les compagnies
disciplinaires. »
    Et il y a les prisonniers des geôles du NKVD, qu’on n’a pu
évacuer avant l’arrivée des Allemands et qu’on a tués d’une balle dans la nuque.
     
    À cause de tout cela, dans le grand hall de la gare Maïakovski
du métro de Moscou, des centaines de délégués du soviet de Moscou, des
représentants des forces armées, du parti, des syndicats, des jeunes du Front
du travail, se pressent et saluent avec des applaudissements frénétiques l’arrivée
de Staline.
     
    Staline commence à parler lentement, de sa voix rugueuse. Il
exalte l’armée Rouge.
     

     
    « La défense de Moscou et de Leningrad montre qu’au feu
de la Grande Guerre patriotique de nouveaux soldats, de nouveaux officiers… se
forgent : ce sont ces hommes qui demain seront la terreur de l’armée
allemande. »
    Les applaudissements déferlent.
    La Grande Guerre patriotique, l’armée Rouge font naître la
ferveur.
    Et Staline le sait, évoquant la « grande nation russe »,
mêlant Lénine et Tolstoï, Pouchkine et Gorki, rappelant Koutouzov et Souvorov.
    « Les envahisseurs allemands veulent une guerre d’extermination
contre les peuples de l’Union soviétique. Eh bien, s’ils veulent une guerre d’extermination,
ils l’auront. »
    On l’acclame longuement. Il élève la voix :
    « Votre devoir, c’est de détruire tous les Allemands, c’est
de détruire, jusqu’au dernier homme, tous les Allemands venus occuper notre pays.
Pas de pitié pour les envahisseurs allemands ! Mort aux envahisseurs
allemands ! »
    Les applaudissements durent plusieurs minutes.
     
    Puis le silence s’établit parce que Staline évoque la « coalition
des Trois Pays », l’Angleterre, qui a envoyé des matières premières, les
États-Unis qui ont consenti un prêt de un milliard de dollars.
    « Cette union ne pourra que se renforcer pour la cause
commune : la Libération. »
    Libération ?
    Parmi les Russes rassemblés, combien pensent à la « liberté »
qui peut-être viendra couronner la victoire et faire disparaître cette peur qui,
depuis les années 1930, serre la gorge de chaque citoyen de l’URSS quand il
songe au NKVD, à la prison de la Loubianka, où l’on tue d’une balle dans la
nuque.
    Alors on peut, on doit, on veut crier avec Staline.
     
    « Longue
vie à notre armée Rouge et à notre marine Rouge !
    « Longue
vie à notre glorieux pays.
    « Notre
cause est juste ! Nous aurons la victoire ! »
     
    Le lendemain, 7 novembre 1941, le ciel est moins noir, mais
le vent froid, plus froid, balaye la place Rouge sur laquelle sont rangés des
bataillons qui viennent du front ou vont s’y rendre.
    Staline s’adresse à ces troupes, cependant que des avions de
chasse patrouillent dans le ciel de Moscou pour empêcher un raid de la
Luftwaffe.
    « Camarades ! L’ennemi est aux portes de Moscou et
de Leningrad, lance Staline.
    « La guerre que vous faites est une guerre de
libération, une guerre juste, une guerre où peuvent vous inspirer les figures
héroïques de nos grands ancêtres, Alexandre Nevski, Dimitri Donskoï, Minine et
Pojarski, Alexandre Souvorov et

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