1941-Le monde prend feu
moins 38 degrés.
« La résistance ennemie atteint son paroxysme », note
le général Halder.
Les T34 attaquent et les soldats de Guderian trouvent que
les obus de 37 mm des canons antichars sont sans effet sur le blindage.
« Il en est résulté une panique, note Guderian, la
première panique depuis la campagne de Russie. »
Le 5 décembre 1941 est un jour noir pour l’armée
allemande. La Wehrmacht est bloquée tout au long du front de 320 kilomètres
qui devait prendre Moscou en tenaille.
Pire, la Wehrmacht recule.
« Les troupes ont atteint la limite de l’endurance »,
téléphone von Bock à Halder.
« C’est la première fois, écrit Guderian, que je suis
contraint de donner l’ordre de repli à mes Panzers et rien ne m’est plus dur.
« L’attaque de Moscou a échoué, l’endurance et les
sacrifices de nos braves soldats ont été vains. Nous avons essuyé une très
grave défaite. »
Ce même 5 décembre 1941, le général Blumentritt, au
quartier général de la IV e armée, déclare :
« À la toute dernière minute, notre espoir de vaincre
la Russie en 1941 s’est écroulé. »
Demain, le 6 décembre 1941, le général Joukov doit
lancer sur le front de Moscou la grande contre-offensive russe.
33.
En
ce début décembre 1941, sur le front de Moscou, face aux troupes de Joukov, il
y a ces trois mille cinq cents Français de la Légion des Volontaires Français
contre le bolchevisme (LVF).
Elle a été créée le 18 juillet 1941, à l’initiative de
Jacques Doriot et Marcel Déat. Ces collaborateurs déterminés, venus du communisme
et du socialisme, sont partisans de l’Ordre nouveau que le nazisme, selon eux, est
en train de faire surgir en Europe.
La guerre entre la Russie bolchevique et l’Allemagne nazie
donne enfin sens à leur engagement.
Doriot l’écrit dans son journal L’Émancipation nationale :
« Nous ne combattons pas seulement pour la France
éternelle, mais pour la révolution européenne… De mensonges en trahisons, de
trahisons en crimes, le communisme s’est placé lui-même en dehors de la
conscience des hommes civilisés…
« C’est pourquoi nous saluons ce jour – le
déchaînement de la guerre entre le Reich et la Russie soviétique – comme
le navigateur, après une nuit de tempête, salue l’aube qui lui montre la terre
nouvelle qu’appelaient ses vœux. »
À Vichy, on partage ce sentiment.
Le gouvernement Pétain a rompu les relations diplomatiques
avec l’URSS qui était encore représentée auprès de l’État français par un
ambassadeur – Bogomolov.
L’amiral Darlan, vice-président du Conseil, transmet à Otto
Abetz pour le Führer une lettre dans laquelle « le gouvernement français
regrette, faute de moyens, de ne pas aider à combattre le bolchevisme… Mais il
a décidé de créer une Légion de volontaires et il est prêt à donner à ce corps
le développement le plus considérable ».
En fait, Vichy soutient avec prudence cette initiative des « révolutionnaires »
Doriot et Déat.
Les Allemands sont de même réservés.
Ils exigent que ces légionnaires combattent sous l’uniforme
allemand. Regroupés au camp de Demba, en Pologne, ils prêteront serment à Hitler,
le 5 octobre 1941.
Dans les rangs de la LVF, on est persuadé que c’est le
Führer qui en novembre-décembre 1941 a décidé de faire monter la LVF au front
selon l’axe suivi par la Grande Armée en 1812.
Les volontaires seront engagés sur le front de Moscou, début
décembre, mais sous l’appellation de 638 e régiment d’infanterie
de la Wehrmacht. Un écusson tricolore signalera discrètement leur origine. Et l’état-major
de la Wehrmacht les a accueillis avec réticence.
« Je leur ferai décharger à l’arrière des sacs de
pommes de terre », a déclaré le maréchal von Brauchitsch.
En fait, ils participeront aux combats, dans les conditions
terribles de ce froid féroce qui rend chaque geste douloureux, dangereux.
Rester immobile une demi-heure, c’est mourir ! Être
blessé, c’est mourir !
Après deux jours de combat, la LVF a perdu 75 % de son
effectif !
Cette participation symbolique à la guerre est révélatrice. Le
gouvernement de Vichy subit la pression allemande.
Pétain a dû accepter la présence d’un consul allemand à Vichy.
Le Maréchal est ainsi placé sous la surveillance directe des nazis.
En octobre, Pétain veut commémorer par une
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