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1941-Le monde prend feu

1941-Le monde prend feu

Titel: 1941-Le monde prend feu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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compagnies
sont réduites à soixante ou soixante-dix hommes. L’hiver est là et nous n’avons
pas encore reçu d’équipements chauds… Derrière les lignes, les forêts et les
marécages se peuplent de partisans dont l’action se fait durement sentir. À
chaque instant, nos colonnes de ravitaillement sont attaquées. »
     
    Le 17 octobre, en annonçant la présence de Staline à
Moscou, Tcherbakov, le secrétaire de la Fédération du Parti communiste de
Moscou, dément les rumeurs selon lesquelles des chars allemands auraient
atteint la banlieue nord de Moscou.
    Moscou, dit-il, ne se rendra jamais, sera défendu
opiniâtrement jusqu’à la dernière goutte de sang.
    « Chacun de nous, quels que soient son travail ou sa
situation, doit se conduire en soldat et défendre Moscou contre les
envahisseurs fascistes. »

 
30.
    Les Russes tiendront-ils ? Sauveront-ils Moscou ?
    Les diplomates, les attachés militaires anglais, américains
en poste dans la capitale soviétique sont sceptiques ou réservés.
    Churchill lui-même est dubitatif.
    Il ne cache pas qu’il n’est pas sûr que la « Russie
dure longtemps ».
    Mais il faut la soutenir, lui fournir tout le matériel
militaire possible. Des missions diplomatiques, venues de Washington ou de
Londres, se rendent à Moscou.
     
    Hopkins et Harriman, les Américains, Beaverbrook, l’Anglais,
rencontrent Staline qui courtoisement, mais avec insistance, leur demande d’ouvrir
deux seconds fronts à l’Ouest pour soulager les Russes.
    Il parle comme si les États-Unis étaient déjà en guerre, alors
que Washington ne cesse d’affirmer qu’il soutient Londres et Moscou mais ne
veut pas aller au-delà.
    « C’est maintenant qu’il faut ouvrir les deux fronts, en
France et dans les Balkans, ou bien en Norvège », répète Staline.
    Les Anglais avouent qu’ils ne disposent pas des troupes pour
lancer de telles opérations.
    Staline alors se tourne vers Hopkins et réclame l’envoi de
matériel, d’aluminium pour la construction d’avions, d’essence à forte teneur
en octane pour que ces appareils puissent voler.
    « Donnez-nous des canons antichars et de l’aluminium et
nous pourrons nous battre trois ou quatre ans », affirme-t-il.
     
    Hopkins,
de retour à Washington, racontera à Roosevelt, fasciné, son entrevue avec
Staline.
    « Staline m’a accueilli avec quelques mots brefs, en
russe. Il me prend la main rapidement. Il sourit avec chaleur. Il ne gaspille
ni les paroles, ni les gestes, ni les attitudes. J’ai l’impression de m’adresser
à une machine parfaitement coordonnée, une machine intelligente. Ses questions
sont claires, concises, directes. Ses réponses sont nettes, sans ambiguïté :
on aurait dit qu’il les avait au bout de la langue depuis des années. Quand il
veut adoucir une réponse trop abrupte, il le fait avec un sourire rapide, très
étudié, un sourire qui peut être froid et amical, austère et chaleureux tout
ensemble. Il ne sollicite de vous nulle faveur. On dirait qu’il ne doute jamais
et qu’il a la certitude que vous non plus ne doutez pas. »
     
    L’Anglais Beaverbrook est tout aussi enthousiaste.
    Il rencontre Staline et a avec lui de longues conversations
nocturnes comme les affectionne le dictateur.
    Beaverbrook confie à Alexander Werth qu’il a été plus qu’impressionné
par l’esprit pratique de Staline, ses capacités d’organisateur et ses qualités
de chef national.
    « Les Russes, dit Beaverbrook, sont le seul peuple du
monde à affaiblir sérieusement l’Allemagne et il est de l’intérêt de l’Angleterre
de se passer de certaines choses pour les donner à la Russie. »
     
    Les envois de matériel vont s’intensifier.
    Les convois de navires doivent traverser la mer arctique
peuplée de sous-marins allemands avant de parvenir à Mourmansk. Ils affrontent
une mer glaciale, aux icebergs dangereux, les pertes en navires et en hommes
sont lourdes.
    Aussi Anglais et Russes occupent-ils l’Iran pour s’ouvrir
une route terrestre, au sud.
    Mais, en ces mois de l’automne et de l’hiver 1941, alors que
les Allemands sont à quelques dizaines de kilomètres de Moscou, les Russes ne
peuvent encore compter que sur eux-mêmes.
     
    Leurs richesses, ce sont l’espace et ce peuple capable d’endurer
les plus cruelles souffrances. Sur ces terres infinies de l’au-delà de l’Oural,
dans ces villes sibériennes, des usines transférées depuis les territoires
occupés par

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