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1941-Le monde prend feu

1941-Le monde prend feu

Titel: 1941-Le monde prend feu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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les Allemands surgissent en quelques semaines. Les hommes et les
femmes, évacués de Kiev, d’Orel ou de Moscou, ont été transportés dans cet Est
glacial.
    Ils travaillent souvent quinze heures par jour, épuisés, affamés.
Certains doivent marcher de cinq à dix kilomètres pour se rendre à leur travail.
Là, le froid coupe les mains. La terre qu’il faut creuser pour bâtir les
fondations d’une usine est dure comme une pierre.
    On utilise la dynamite pour la briser. Les pieds et les
mains sont gonflés d’engelures mais on n’abandonne pas le travail.
    On pense aux soldats, à la mort qui les guette en même temps
que le froid et le blizzard les mordent.
    Dans cette situation, comment se plaindre alors qu’on ne
risque pas d’être tué par l’ennemi ?
    À Sverdlovsk, la capitale de l’Oural, une usine de guerre
est construite ainsi en deux semaines.
    Le douzième jour, les machines couvertes de gelée blanche
arrivent. On allume des brasiers pour les dégeler et, deux jours plus tard, l’usine
reprend sa production.
     
    Mais cet effort, ces souffrances, ces privations, cette
abnégation, et aussi la crainte de la répression, ne suffisent pas à redresser
la situation.
    Octobre et novembre 1941 sont des mois tragiques. L’Ukraine –
avec Kiev et Kharkov –, le Donbass qui produit 60 % du charbon de l’URSS,
la Crimée – à l’exception de Sébastopol – sont aux mains des
Allemands.
     
    La ville de Rostov a été perdue par les Russes puis reprise,
les Allemands sont repoussés de 60 kilomètres.
    Première victoire russe, première défaite allemande depuis
septembre 1939.
    Le Führer s’emporte, « plongé dans un état d’extrême
exaltation ». Il s’en prend à von Rundstedt qui a ordonné cette retraite. Il
téléphone au Feldmarschall :
    « Restez où vous êtes, ne reculez pas d’un pouce !
    — Essayer de tenir serait une folie, répond von
Rundstedt. D’une part, mes troupes ne le peuvent plus. D’autre part, si elles
ne se replient pas, elles seront anéanties. Annulez votre ordre ou trouvez un
autre chef pour l’exécuter. »
    Dans la nuit, Hitler prend sa décision communiquée à von
Rundstedt :
    « J’accède à votre requête et vous prie d’abandonner
votre commandement. »
    Von Reichenau remplace von Rundstedt, mais il obtient du
Führer le droit de poursuivre la retraite. Des milliers d’hommes ont été
sacrifiés en vain.
    « Nos déboires ont commencé à Rostov », déclarera Guderian.
     
    Mais, en octobre-novembre 1941, on ne mesure pas la
signification et les conséquences de cette première victoire russe.
    La situation militaire s’aggrave chaque jour.
    Leningrad est désormais encerclé, les Allemands ayant coupé
la « route de vie » qui, à travers le lac Ladoga, lui permettait d’être
ravitaillée.
    Si sur la voie ferrée la station de Tikhvin n’est pas
reprise aux Allemands, la ville de Lénine est condamnée à mourir de faim.
     
    Devant Moscou, toutes les patrouilles, les vols de
reconnaissance signalent que les Allemands préparent une nouvelle offensive. Les
forces rassemblées – divisions de Panzers, infanterie, artillerie – sont
considérables : Hitler veut entrer dans Moscou avant Noël.
     
    Ce 6 novembre 1941 est la veille du vingt-quatrième
anniversaire de la révolution de 1917.

 
31.
    Moscou, 6 novembre 1941. Ciel noir, vent glacial qui
déchire les nuages bas. Il a neigé. Il neige. On entend le roulement de la
canonnade qui, au gré du vent, se rapproche ou s’éloigne.
    Des ambulances passent. Elles ressemblent à des camions. Elles
transportent les blessés vers les hôpitaux surpeuplés où l’on entasse dans les
couloirs les soldats en surnombre. Ils sont des milliers de blessés, le front
est à une soixantaine de kilomètres de Moscou.
     
    Des groupes d’hommes et de femmes emmitouflés marchent vers
la grande gare Maïakovski du métro de Moscou, où doit se tenir le traditionnel
meeting de la veille du jour de la Révolution. Pas d’enthousiasme mais une
sombre résolution. Que manifester d’autre quand l’ennemi envahit votre patrie, détruit
votre maison, tue par milliers les prisonniers, les suspects ? Il faut le
chasser.
     
    C’est aussi ce que demandent Staline et les siens. Les « groupes
de sécurité de l’arrière », du NKVD, surveillent, prêts à frapper « les
lâches, les déserteurs ».
    On sait qu’on est espionné, que la poigne de fer du NKVD

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