1941-Le monde prend feu
tanks, des hydravions, des bombardiers B17.
Si les Anglais ne peuvent payer, ils régleront leurs dettes
plus tard.
Roosevelt le confirme dans une allocution :
« Imaginez que la maison de mon voisin soit en feu et
que j’aie un tuyau d’arrosage, dit-il, je ne vais pas le lui vendre, je le lui
prêterai et il me le rendra lorsque son incendie sera éteint. »
On passe ainsi de la loi Cash and Carry à la loi Prêt-Bail adoptée en mars 1941 par le Congrès.
C’est un grand pas vers la participation des États-Unis à la
guerre.
Et la conviction, l’obstination, l’intelligence, la foi de
Churchill ont joué un rôle déterminant dans l’évolution de Roosevelt.
« Les gens sont stupéfiants, écrit Hopkins au président.
Et si le courage suffisait pour gagner une guerre, ce serait déjà chose faite. Le
gouvernement, c’est Churchill, lui seul assume la direction de la haute
stratégie et il veille souvent aux détails. Jamais il ne flanche, jamais il ne
trahit le moindre découragement.
« Jusqu’à quatre heures du matin, il a arpenté la pièce
où nous étions, m’exposant ses plans offensifs et défensifs. C’est la force
motrice qui anime pour l’essentiel la stratégie et la conduite générale de la
guerre. »
Il est la figure de proue du peuple anglais dont Hopkins
exalte le courage et la volonté de résistance.
« Il faudra autre chose que la mort de quelques
centaines de milliers de personnes pour vaincre la Grande-Bretagne, dit-il. Si
nous agissons hardiment et sans délai, je suis persuadé que le matériel que
nous enverrons à la Grande-Bretagne pendant les semaines qui vont suivre
constituera l’appoint de forces nécessaire pour abattre Hitler. »
Hopkins s’illusionne : dans l’année 1941, Hitler est au
faîte de sa puissance, et pour briser la force nazie, il faudra plus que du
matériel, l’engagement de millions d’hommes, Américains et Russes. Churchill le
sait. Mais il a commencé à nouer une alliance décisive avec les États-Unis.
À partir du mois de janvier 1941, des réunions secrètes
entre les états-majors anglais et américain ont lieu à Washington.
On y évoque la stratégie à adopter si l’Angleterre et les
États-Unis se trouvaient engagés dans une guerre contre l’Allemagne et le Japon.
Dans ce cas, la priorité serait donnée à la guerre contre l’Allemagne.
On établit une coopération entre les services de
renseignements des deux nations.
Ils vont mener une lutte contre les agents de l’Axe.
Or l’Angleterre possède un atout maître dans cette guerre de
l’ombre dont Churchill sait en historien, en combattant, le rôle décisif qu’elle
joue.
Ainsi Churchill se déplace toujours avec une grande boîte en
cuir rouge et, plusieurs fois par jour, il demande, d’un ton anxieux et autoritaire :
« Où sont mes œufs ? »
Seuls quelques très rares initiés savent que Churchill nomme
ainsi les décodeurs qui ont réussi à briser les codes secrets de la
Luftwaffe, de la Kriegsmarine, et qui s’acharnent à percer ceux de la Wehrmacht.
Ces « décodeurs » qui pondent des « œufs d’or »
sont installés dans le manoir de Bletchley et ses dépendances, situés dans un
parc immense à 80 kilomètres au nord-ouest de Londres.
Des centaines de professeurs et d’étudiants d’Oxford et de
Cambridge, de mathématiciens, d’inventeurs d’un prototype Colossus qu’on
commence à appeler « ordinateur », traitent chaque jour des centaines
de messages cryptés par la machine allemande Enigma, qui est capable de
coder les messages en opérant deux cents millions de transpositions.
Polonais et Français, on le sait, ont décrypté ces messages,
et ont transmis leur découverte d’ Enigma aux Anglais de Bletchley Park. Et
Churchill aussitôt se passionne pour ce « TOP SECRET ULTRA » – on
dira le système ULTRA.
À tout instant, il veut connaître les « œufs d’or »
pondus par les décodeurs, et découvrir ainsi la stratégie allemande.
Dans le « secret circle », le major Desmond
Morton décide de la diffusion de tel ou tel renseignement et veille à ne pas
alerter les Allemands, en révélant par une disposition prise sur le terrain qu’on
lit leurs messages codés.
Et les Allemands, pendant toute l’année 1940, ont percé le
code de la Royal Navy, et celui de la Merchant Navy.
Mais la supériorité anglaise est flagrante, et Churchill s’emploie
à la
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