1942-Le jour se lève
partir du 6 janvier 1942.
Sept d’entre eux – sur dix-neuf inculpés – seront
condamnés à mort le 25 février 1942 et conduits le jour même de la prison
de Fresnes au mont Valérien.
Comme il n’y a pas assez de poteaux pour les fusiller tous
les sept ensemble, trois d’entre eux – qu’on retienne leurs noms : Vildé,
Lewitsky et Walter – revendiquent comme un honneur de mourir les derniers.
Ce réseau du Musée de l’Homme a été constitué dès les
premiers jours de l’occupation.
Il est composé d’universitaires, d’écrivains, de poètes, de
jeunes savants.
Il incarne la résistance des intellectuels français, et
démontre que les artistes, les écrivains qui se ruent à la servitude dans les
salons de l’ambassade l’Allemagne et font leur cour à Otto Abetz et aux autres
dignitaires nazis ne sont qu’une écume, composée d’ambitieux, d’arrivistes et
de vrais sympathisants du fascisme, du franquisme et du nazisme, désireux d’en
finir avec la République, et de bâtir en Europe un « ordre nouveau »,
antibolchevique.
L’antisémitisme est le ciment qui les unit.
C’est
le 20 de ce mois de février 1942, durant lequel tombent les résistants du Musée
de l’Homme , qu’est achevé d’imprimer le premier ouvrage clandestin, intitulé Le Silence de la mer, dont l’auteur, le graveur Jean Bruller, a choisi
comme pseudonyme Vercors.
Le livre, tiré dans une petite imprimerie du boulevard de l’Hôpital
à Paris, face à l’hôpital de la Pitié – devenu hôpital allemand –, sera
présenté comme édité par Les Éditions de Minuit, dont Vercors vient d’inventer
le nom.
Le Silence de la mer raconte le face-à-face entre un
officier allemand nourri de culture française et un père et sa fille
propriétaires de la maison dans laquelle l’officier a été logé.
Ces Français opposent le « silence de la mer » aux
déclarations d’amour pour la France de l’officier.
Communication impossible entre l’occupant et les vaincus, quelles
que soient les qualités humaines et les intentions du vainqueur. Car l’Allemand
représente, en dépit de ce qu’il est, le nazisme et la barbarie.
Le 19 de ce mois de février 1942, trois universitaires
communistes, Jacques Decour, Georges Politzer et Jacques Solomon, sont arrêtés
par la Gestapo alors qu’ils préparent la sortie d’une feuille clandestine Les
Lettres françaises.
Tous trois seront fusillés en mai au mont Valérien.
Leur intention était de regrouper dans un Comité national
des écrivains des auteurs patriotes qui, malgré leurs divergences politiques se
rassemblent pour témoigner de leur résistance à l’occupant, de leur patriotisme.
Jean Paulhan, François Mauriac, Pierre de Lescure, Jean
Blanzat ont remis des textes à Jacques Decour.
La mort de Jacques Decour – jeune professeur d’allemand
au lycée Rollin – retarde de quelques mois la parution des Lettres
françaises, dont le premier numéro paraîtra en septembre 1942.
Sur la terre de France, en ce début d’année 1942, c’est bien
l’heure de la guerre.
Et le glas ne sonne pas que pour les résistants.
En janvier, en février 1942, il ne se passe pas de jours que
des attentats ne frappent des hommes de la Wehrmacht, officiers ou simples
sentinelles.
Plusieurs groupes communistes des « Bataillons de la
Jeunesse » attaquent à la bombe ou à la grenade des foyers et des cantines
de la Wehrmacht.
Le 1 er février 1942, un « bordel de la
Wehrmacht » au 106, rue de Suffren est détruit par l’explosion d’une bombe.
Les 11 et 12 février, des engins explosifs à
retardement sont placés dans les filets des wagons d’un train partant de la gare
de l’Est et emportant des permissionnaires de la Wehrmacht vers l’Allemagne.
Le 13 février, des camions sont dynamités rue Rachel.
Au Havre, place de l’Arsenal, un instituteur, Michel Muzard –
des Bataillons de la Jeunesse –, attaque avec son groupe, à la grenade, un
détachement allemand.
Et les sabotages se multiplient.
Ce sont les communistes qui mènent ces actions, dont le but
est de faire de la France une terre d’insécurité, de guerre pour la Wehrmacht, et
ainsi non seulement ils luttent pour la libération de la France, mais ils
aident la « patrie du communisme », l’URSS.
Ils veulent ouvrir – comme le réclame Staline – un
second front, pour affaiblir la pression allemande sur le front
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