1942-Le jour se lève
critique implacable de la III e République.
« Un régime moral, social, politique, économique, a
abdiqué dans la défaite après s’être lui-même paralysé dans la licence. Un
autre sorti d’une criminelle capitulation s’exalte en pouvoir personnel. Le
peuple français les condamne tous les deux.
« Tandis qu’il s’unit pour la victoire, il s’assemble
pour une révolution. »
Le mot est lancé. Il porte « désir et espérance »,
il affirme les buts de guerre du peuple français.
« Nous voulons que tout ce qui appartient à la nation
française revienne en sa possession… Nous voulons que tout ce qui a porté et
tout ce qui porte atteinte aux droits, aux intérêts, à l’honneur de la nation
française soit châtié et aboli… Nous voulons que les Français puissent vivre
dans la sécurité… Nous voulons que l’organisation mécanique des masses humaines
que l’ennemi a réalisée, au mépris de toute religion, de toute morale, de toute
charité, sous prétexte d’être assez fort pour pouvoir opprimer les autres, soit
définitivement abolie…
« Liberté, justice, droit des gens à disposer d’eux-mêmes,
telles seront les couleurs de la victoire française et humaine. »
Et « Nous vaincrons ! » conclut de Gaulle.
La Résistance – communiste compris – en ce
printemps et cet été 1942 commence à se rassembler autour de lui. Et c’est le
fruit du travail de l’« unificateur », Rex, Max, Jean Moulin.
Il parcourt la zone Sud. Il relaie les consignes diffusées
par Radio-Londres appelant à manifester le 1 er mai et le 14 juillet
1942.
« Pavoisez vos maisons… Promenez-vous l’après-midi dans
les grandes artères de nos villes en arborant les trois couleurs. Le soir, à 18 h 30,
rassemblez-vous en grand nombre et manifestez ! »
Dans toute la zone non occupée – à Lyon, à Grenoble, à
Vienne, à Toulouse, à Marseille, à Lons-le-Saulnier, et même à Nice, la ville
de Joseph Darnand, des dizaines de milliers de manifestants se rassemblent.
À Marseille, les gangsters Carbone et Spirito – les
hommes de main du maire Sabiani lié au milieu – tirent sur la foule, tuant
deux femmes et blessant plusieurs manifestants. Le 14 juillet 1942 devient
ainsi, par ces manifestations et les attentats qui sont perpétrés en zone
occupée, le moment le plus fort depuis l’armistice de juin 1940.
Dans les camps d’internement en France comme à l’étranger, on
célèbre la « prise de la Bastille », on chante La Marseillaise. En
Espagne, au camp Miranda de Ebra, où sont enfermés tous ceux qui ont franchi
les Pyrénées, dans l’espoir de gagner l’Angleterre, on entoure les Français
détenus, on les fête, on brandit des drapeaux tricolores. On crie « Vive
la France, vive les Français ! ».
Dans la zone occupée, les attentats se multiplient, provoquant
déraillements, destructions de wagons, de locomotives.
Les FTP attaquent des détachements d’Allemands à la grenade,
tuent des « recruteurs » d’ouvriers pour la Relève.
Les représailles sont lourdes, impitoyables : chaque
jour tombent des « otages », des « terroristes ».
La plupart sont fusillés, certains décapités.
« Imbéciles, c’est pour vous que je meurs », lance
au peloton d’exécution l’un de ces « terroristes », Valentin Feldman.
Le
général SS Karl Oberg, chef de la police, est décidé à briser par une
répression sauvage ces mouvements « terroristes » qui veulent
transformer la France en terre d’insécurité pour la Wehrmacht.
Le 10 juillet 1942, le général Oberg signe le texte d’une
affiche apposée sur les murs de Paris.
Désormais, si les auteurs d’attentats, les saboteurs et les
fauteurs de troubles qui ont été identifiés ne se présentent pas dans les
huit jours à un service de police allemand ou français, les peines
suivantes seront appliquées :
« 1) Tous les proches parents masculins en ligne
ascendante et descendante, ainsi que les beaux-frères et cousins à partir de 18 ans
seront fusillés.
« 2) Toutes les femmes du même degré de parenté
seront condamnées aux travaux forcés.
« 3) Tous les enfants, jusqu’à 17 ans révolus,
des hommes et des femmes frappés par ces mesures seront remis à une maison d’éducation
surveillée. »
25 .
En ce printemps et cet été 1942, rares sont les passants qui
à Paris – et il en va de même dans les
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