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1942-Le jour se lève

1942-Le jour se lève

Titel: 1942-Le jour se lève Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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suicides, des hurlements. Mais au lieu d’arrêter
les 28 000 Juifs du fichier de la préfecture de police, les policiers
français ne peuvent se saisir que de 3 031 hommes, 5 802 femmes
et 4 051 enfants, soit 12 884 personnes.
    Les autres – près de 15 000 – ont pu fuir, se
cacher après avoir été prévenus dans les jours ou les heures qui ont précédé la
grande rafle.
     
    « Hier, écrit l’écrivain Ernst Jünger, officier de l’armée
d’occupation à Paris, un grand nombre de Juifs ont été arrêtés ici pour être
déportés. On a séparé d’abord les parents de leurs enfants, si bien qu’on a pu
entendre leurs cris dans les rues. »
     
    Ces enfants seront entassés dans des wagons, et dirigés vers…
    On ne dit pas Auschwitz – que précisément en ce mois de
juillet Himmler vient de visiter, pour juger de l’efficacité de l’extermination –,
on dit l’est…
    On pense « vers la mort ».
     

     
    « J’ai vu passer un train, écrit Édith Thomas, dans la
publication clandestine Les Lettres françaises.
    « En tête, un wagon contenait des gendarmes français et
des soldats allemands. Puis venaient des wagons à bestiaux, plombés. Des bras
maigres d’enfants se cramponnaient aux barreaux. Une main au-dehors s’agitait
comme une feuille dans la tempête.
    « Quand le train a ralenti, des voix ont crié “maman” !
Rien n’a répondu que le grincement des essieux…
    « La vérité : les étoiles sur les poitrines, l’arrachement
des enfants aux mères, les hommes qu’on fusille, chaque jour, la dégradation
méthodique de tout un peuple. La vérité est interdite : il faut la crier. »
     
    Les catholiques qui rédigent Les Cahiers du Témoignage
chrétien  – clandestins – ont, dès le mois de mai 1942, stigmatisé
« ces antisémites qui interprètent le silence forcé de la nation comme un
acte d’acquiescement. Français et chrétiens, nous venons rompre solennellement
le silence… La France tout court n’entend pas être complice ».
    Mais Pierre Laval prévient le nonce apostolique Mgr Rocco
que « si le clergé venait à donner asile aux Juifs destinés à la
déportation dans les églises ou des monastères, il n’hésiterait pas à les en
faire sortir à l’aide de la police ».
    Au pasteur Bœgner qui vient exprimer son indignation, Laval
répond qu’il « fait de la prophylaxie » et qu’il n’admet pas que
restent en France des Juifs étrangers, pas même des enfants.
    « J’ai insisté, dit le pasteur Bœgner, pour que soient
confiés aux œuvres qualifiées les enfants… Mais Laval veut leur départ. »
     
    Ces faits, le régime de Vichy cherche à les dissimuler.
    Il veille à ce que les rafles, les déportations se déroulent
à l’aube, derrière les barrages des forces de police.
    Mais on entend les cris des enfants, on assiste à des tentatives
de fuite, on recueille ceux des Juifs qui ont réussi à échapper à leurs
poursuivants, on écoute avec effroi et indignation les récits des infirmières
et des médecins qui ont pu pénétrer dans le Vélodrome d’Hiver, dans les camps d’internement.
    Des cheminots parlent, évoquent les trains de la honte et de
la mort qui quittent les gares proches de Drancy, de Compiègne, de Pithiviers, pour
aller où ? vers quel massacre ?
    Ainsi, en cet été 1942, la rupture s’accomplit-elle entre l’opinion
française et Vichy.
     
    Radio-Londres – la BBC – reprend et diffuse ces
informations, ces témoignages dans le programme « Les Français parlent aux
Français ».
    « On sait aujourd’hui que les nazis ont introduit en France –
terre classique de la liberté, pays fameux par une tradition de dignité et de
générosité – l’ignoble pogrom, entend-on lors de l’émission du 8 août
1942. Qui ne connaît la réputation sinistre des camps de concentration de
Drancy, Compiègne, du Vélodrome d’Hiver ? C’est là que par des
arrestations arbitraires les Allemands envoient les Juifs à l’isolement depuis
des mois !
    « Mais les Allemands viennent de faire mieux : ce
n’est plus individuellement qu’on a arrêté les Juifs, mais en masse ; on a
enfermé des femmes et des enfants au Vélodrome d’Hiver. On a séparé brutalement
des hommes de leur famille pour les expédier vers des camps de concentration d’abord,
et de là vers les terres d’exil de Pologne ou de Russie. »
     
    La presse clandestine de la Résistance –

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