Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
1942-Le jour se lève

1942-Le jour se lève

Titel: 1942-Le jour se lève Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
Vom Netzwerk:
chef de la France Libre. Pourquoi pas
un Conseil National de la Résistance (CNR) représentatif de toutes les
sensibilités de la Résistance ?
    Des communistes jusqu’aux royalistes ! Des syndicats
ouvriers jusqu’aux représentants du patronat !
    Le but de cette Union sacrée, c’est la libération, la
victoire. Après les avis obtenus, le peuple choisira librement son gouvernement.
     
    Les chefs de la Résistance sont pleins de soupçons à l’égard
de Jean Moulin parce qu’il est l’envoyé de De Gaulle, qui n’est peut-être qu’un
ambitieux, désireux de préparer son « pouvoir personnel ».
    « Écoutez de Gaulle », dit Moulin.
    Si la France ne pousse pas la porte, si elle n’est pas
présente sur tous les théâtres d’opérations, fût-ce avec des forces « symboliques »,
on ne l’entendra pas. On ne la respectera pas.
    Les États sont des monstres froids.
    Roosevelt n’a aucune sympathie pour la France Libre. Les
États-Unis se sont emparés, après l’attaque de Pearl Harbor, des navires
français – dont le paquebot Normandie  – à l’ancre dans les
ports américains.
    Roosevelt conserve toute son estime au maréchal Pétain. Il
entraîne Churchill dans cette voie. Et au Levant, les Anglais favorisent les
troupes restées fidèles à Vichy.
     
    « Écoutez de Gaulle », répète Jean Moulin.
    Il parle d ’insurrection nationale.
    Il ose dire :
    « L’issue du conflit mondial dépend, dans une large
mesure, de ce que fait et fera la France… Cependant, la France qui combat ne
combat que pour la France… »
    Avec une assurance que Roosevelt trouve insupportable, de
Gaulle ajoute :
    « Oui, certes, la France est probritannique, prorusse, proaméricaine,
pour cette raison que la victoire des Britanniques, des Russes, des Américains
doit être en même temps sa victoire… Ainsi, on voit une fois de plus apparaître
dans l’Histoire l’éternel miracle français. »
    Et les troupes de la France Libre sont en Cyrénaïque, à
El-Alamein, et les aviateurs de la France Libre, ceux de l’escadrille Normandie, sont les seules troupes occidentales à combattre sur le front russe.
     
    Moulin va ainsi, portant la parole du général de Gaulle, mettant
en garde contre l’apparition d’une « troisième voie » entre la France
Libre de De Gaulle et les partisans de la collaboration. Elle se dessine autour
du général Giraud.
    Ce saint-cyrien courageux et patriote, héros de la Première
Guerre mondiale, de la guerre du Rif, au Maroc – héros donc de l’armée d’Afrique,
monarchiste, mais hostile aux accords de Munich –, est fait prisonnier en
1940. Il réussit à s’évader en avril 1942, avec l’aide des services de
renseignements de l’Armée de l’armistice.
     
    Il gagne la zone non occupée, fait allégeance à Pétain, mais
affirme son hostilité à la collaboration. Pour les officiers de l’Armée de l’armistice
(de Lattre de Tassigny), il est le « chef » idéal : il est « antiboche »
et respecte Pétain. Il justifie l’attentisme de ceux qui ont approuvé l’armistice
et refusé la collaboration.
    Dans les réunions que tient le général Giraud, on ne parle
pas de De Gaulle ni de la France Libre. On fait même l’éloge de la Révolution
nationale. On « est » davantage Travail, Famille, Patrie que Liberté,
Égalité, Fraternité.
     
    La sévérité de De Gaulle, qualifiant Pétain de « Père
la défaite », et répétant : « Vichy, c’est la trahison », choque
tous ceux qui ont choisi Pétain et Vichy.
    Giraud leur donne l’absolution !
    Plus grave encore, Roosevelt et Churchill trouvent en lui, enfin,
un Français qui se soucie moins de la place de la France dans l’après-guerre
que de préparer la revanche contre les « Boches ».
    Giraud n’a aucune visée géopolitique au moment où de Gaulle,
dès le mois de décembre 1941, anticipe l’affrontement Est-Ouest, Russie contre
Anglo-Saxons, aussitôt la question allemande réglée !
     
    Pour Moulin, Giraud, soutenu par les Américains et l’armée
de l’armistice, est le péril politique majeur.
    L’urgence est donc, plus que jamais, de rassembler autour de
De Gaulle tous les résistants. Et Jean Moulin marque des points.
    C’est lui qui distribue l’argent et les armes parachutés en
zone non occupée.
    C’est lui qui détient les moyens de communications radio
avec Londres.
    Il s’est doté d’un secrétariat dirigé par un homme jeune,

Weitere Kostenlose Bücher