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1942-Le jour se lève

1942-Le jour se lève

Titel: 1942-Le jour se lève Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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peut-être en tout. Mais
de l’autre côté de la Volga, il y a une véritable montagne de matériel : tout
le ravitaillement, toute l’artillerie, tous les avions y sont concentrés. »
    Les Katioucha  – batteries à canons multiples –
lancent leurs projectiles sans discontinuer.
     
    En dépit de cette puissance, les renforts qui doivent passer
le fleuve sont soumis aux tirs de l’artillerie allemande.
    « Ces passages sont pathétiques. On fait traverser le
fleuve à une vingtaine de soldats. Il s’agit ou bien des vieux de 50 à 55 ans,
ou bien des tout jeunes de 18, 19 ans. Ils sont là, sur la rive, tremblant
de froid et de peur. On leur donne des vêtements chauds et puis on les dirige
vers la ligne de front, parfois à quelques centaines de mètres. Quand ils y
arrivent, les obus allemands ont déjà tué la moitié de ces hommes… Chose
curieuse, tous ces types qui parviennent au front deviennent rapidement des
soldats endurcis, de vrais frontoviks. »
     
    Ils découvrent l’enfer.
    Au nord de la ville, dans la zone industrielle, se dressent
les pans de mur des usines – usines de tracteurs, d’armement, usine
métallurgique : Djerjinski, Octobre Rouge , Barricade. Au sud,
le terrain est relativement ouvert. Une colline, « Mamaï », se dresse
au centre de la ville et la domine.
     
    On se bat au corps à corps.
    Le général allemand Doerr écrit :
    « C’en est fini à jamais des opérations conduites à
grandes guides, des espaces immenses de la steppe, la guerre passe aux coteaux
de la Volga avec leurs taillis drus et leurs ravins encaissés…
    « Pour chaque immeuble, château d’eau, maison, atelier,
chaque remblai de chemin de fer, chaque mur, chaque cave, ou même pour chaque
amas de ruines, c’est une bataille à livrer, implacable.
    « La distance entre les lignes ennemies et les nôtres
est réduite… Il est impossible de se dégager de cette zone de combats
rapprochés… »
     
    Pour les soldats allemands, les Russes sont des « bêtes
sauvages », des « fanatiques », des « barbares qui
emploient des méthodes de gangsters », « ce ne sont pas des hommes, mais
des créatures en fer. Ils ne sont jamais fatigués et le tir de nos armes ne les
effraie pas ».
    C’est bien l’enfer !
    « Chaque soldat se considère comme un condamné à mort. »
     
    Le général Tchouikov donne à ses soldats ses conseils pour
les combats rapprochés. « L’expérience est souveraine, dit-il.
    « Déplacez-vous à quatre pattes ou en rampant. Soyez
prêt à l’attaque, la mitraillette à l’épaule, et dix à douze grenades en
réserve… N’entrez jamais seul dans une maison ; allez-y à deux : vous
et une grenade. La grenade d’abord et vous derrière la grenade, puis le coup de
balai avec votre mitraillette…
    « Il est possible que l’ennemi contre-attaque ; réagissez
brutalement à la grenade, à la mitraillette, à la baïonnette et, si vous n’en
avez pas, au poignard et au couteau… »
     
    Cependant, les Allemands, appuyés par les chars, soutenus
par la Luftwaffe, progressent. Mais les pertes sont énormes, le désespoir gagne.
    « Mon Dieu, pourquoi nous avez-vous abandonnés ? »
s’interroge un lieutenant de panzers.
    « Il y a quinze jours que nous nous battons pour une
seule maison, à grands coups de mortier, de grenade, de mitrailleuse… et de
baïonnette, écrit-il. Depuis le troisième jour, les corps de cinquante-quatre
des nôtres jonchent le sol, à la cave, sur les paliers, dans l’escalier… Le
front ? C’est un corridor entre deux chambres incendiées, un mince plafond
entre deux étages. La seule aide que nous recevions est celle de camarades qui
occupent les escaliers de secours et les cheminées des maisons voisines. D’étage
à étage, on se bombarde avec des grenades, au milieu des explosions, de nuages
de poussière et de fumée, de monceaux de plâtras, de flots de sang, de débris
de mobilier, et d’excréments humains. Demandez à un soldat ce que représente
seulement une demi-heure de combats corps à corps dans de pareilles conditions.
Et imaginez Stalingrad ; quatre-vingts jours et quatre-vingts nuits de
corps à corps…
     
    « Stalingrad n’est plus une ville. De jour, c’est un
gigantesque nuage de fumée brûlante et aveuglante, recouvrant un vaste brasier.
Et quand la nuit descend, une de ces nuits torrides, hurlantes et sanglantes, les
chiens s’enfuient, plongent dans la Volga et

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