Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
1942-Le jour se lève

1942-Le jour se lève

Titel: 1942-Le jour se lève Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
Vom Netzwerk:
peu de munitions était impossible.
Nous étions encerclés. Il y avait de nombreux chars au nord et à l’est du silo.
Nous décidâmes de tenter une sortie vers le sud…
    « La nuit du 20, on tenta le coup. Au début, tout alla
bien ; les Allemands ne nous attendaient pas de ce côté-là. On franchit le
ravin, on traversa la voie ferrée, puis on tomba sur une batterie de mortiers
allemands qui venait juste de prendre position en profitant de l’obscurité.
    « On renversa les trois mortiers et un camion chargé de
bombes. Les Allemands s’enfuirent, laissant derrière eux sept morts, abandonnant
non seulement leurs armes, mais leur pain, et… leur eau. “Quelque chose à boire !
Quelque chose à boire !” Nous ne pouvions penser à rien d’autre. Nous
bûmes jusqu’à plus soif. Puis on mangea le pain qu’on avait trouvé, et on
repartit.
    « Que se passa-t-il alors et qu’arriva-t-il à mes
camarades ? Je ne sais pas… la seule chose dont je me souvienne, c’est que,
lorsque je rouvris les yeux, le 25 ou le 26 septembre, j’étais dans une
cave noire et humide, et il me semblait que j’étais couvert d’une couche d’huile.
Je n’avais plus de vareuse, ni de soulier au pied droit. Mes mains et mes pieds
ne répondaient plus ; et dans ma tête, ça bourdonnait.
    « Une porte s’ouvrit et, dans la lumière du jour, je
pus voir un soldat en uniforme noir. Sur sa manche gauche, il y avait une tête
de mort. J’étais tombé aux mains de l’ennemi. »
     
    Ce soldat russe blessé et ses camarades ont été galvanisés
par l’ordre du jour lancé par le Comité de guerre du front de Stalingrad :
« L’ennemi doit être écrasé à Stalingrad ! »
    De la mi-septembre aux premiers jours de novembre 1942, les
Allemands progressent parfois de seulement quelques mètres, mais ils
réussissent à couper en deux la 62 e  armée, à occuper le cœur de
Stalingrad et à atteindre le quai central de la Volga.
    Le mois d’octobre est le plus cruel.
    La colline Mamaï change plusieurs fois de mains. Le sommet
est un véritable no man’s land. Mais sur les pentes, les cadavres allemands
s’entassent. En un jour, ils perdent 1 500 hommes et 50 chars.
    Mais les bombes allemandes atteignent des réservoirs d’essence.
Le combustible se déverse dans la Volga : le fleuve est en feu. Les
flammes passent par-dessus les abris où Tchouikov a établi son quartier général.
    « Tout d’abord, nous perdons presque la tête, écrit
Tchouikov. Que faire ? Alors, mon chef d’état-major, le général Krylov, ordonne :
“Serrez-vous les uns contre les autres. Restez dans les abris encore intacts, et
maintenez les communications par radio avec vos troupes !” Puis il murmure :
“Vous croyez qu’on peut tenir ? – Oui, dis-je. Et de toute façon, on
a nos revolvers ! – Ça va, répond-il.” Nous nous étions compris.
    « Je dois reconnaître qu’au premier regard que je
risque hors de l’abri, je suis terrifié à la vue des flammes. Mais l’ordre de
Krylov me rend mon sang-froid. Bien qu’entourés de feu, nous continuons à
travailler et à diriger les troupes.
    « L’incendie dure plusieurs jours. Or nous n’avons pas
d’autre quartier général, en réserve. Toutes nos troupes, y compris les hommes
du génie, se battent contre les Allemands. Il nous faut donc nous débrouiller
dans les abris encore intacts, dans des trous, souvent sous le feu de l’ennemi.
Plusieurs jours et plusieurs nuits durant, nous ne fermons pas l’œil. »
     
    Les combats les plus terribles se déroulent du 14 au 23 octobre
1942, suivis dans les premiers jours de novembre d’offensives allemandes qui
sont repoussées, même si les points d’appui russes adossés à la Volga n’ont qu’une
profondeur de quelques centaines de mètres.
    Les combats acharnés se poursuivent pour une pierre, pour
chaque mètre du sol de Stalingrad.
    Mais de ces derniers jours d’octobre, les Russes ont une
impression de victoire.
    Même si au centre du front les Allemands ont atteint, sur
une longueur de 500 mètres, la rive de la Volga, les ailes du dispositif
russe au nord et au sud ont tenu.
    Tchouikov se souvient des cours qu’il a suivis à l’Académie
militaire. Il a la conviction que cette bataille de Stalingrad se déroule selon
le schéma de la bataille de Cannes quand, en 216 av. J.-C., Hannibal avait
défait les troupes du consul romain Varron.
    Le « centre » carthaginois avait reculé,

Weitere Kostenlose Bücher