1942-Le jour se lève
gagneraient
les hauts plateaux du Massif central afin d’y créer des foyers de résistance.
Seul le général de Lattre tentera de gagner le plateau des
Corbières, il sera arrêté et emprisonné à la prison militaire de Toulouse. Et
les Allemands n’auront qu’à cerner les casernes, à chasser les soldats, à s’emparer
de leurs armes.
L’occupation de la zone libre ne rencontre donc aucun
obstacle. Le gouvernement de Vichy n’a plus ni territoire ni armée.
Ce 11 novembre 1942, une heure après l’ordre du général
Bridoux (qui équivaut à dire : « Laissez-vous prendre au piège »
ou : « Livrez vos armes et votre honneur aux nazis »), un train
blindé allemand se présente à la sortie de Moulins et demande le passage en
direction de Vichy.
À son bord, le maréchal von Runstedt qui est chargé par le
Führer d’informer officiellement le maréchal Pétain de l’invasion de la zone
libre.
À 10 h 30, le maréchal von Runstedt se présente en
grande tenue à l’hôtel du Parc.
Pétain, revêtu de son uniforme de Verdun, et portant pour
toute décoration la médaille militaire, le reçoit, l’écoute, puis, la voix plus
tremblante encore qu’à l’ordinaire, lit très lentement sa protestation.
Son entourage a veillé à ce qu’elle ne soit que « juridique ».
Laval, par téléphone depuis Munich, a insisté pour que rien
ne puisse suggérer qu’on incite à la résistance, sinon les « représailles
contre la population française seraient effroyables ».
Pétain a approuvé les propos de Laval. Il lit :
« J’ai reçu cette nuit une lettre du Führer m’annonçant
qu’en raison des nécessités militaires, il était dans l’obligation de prendre
des mesures qui ont pour effet de supprimer, en fait, les données premières et
les fondements de l’armistice.
« Je proteste solennellement contre ces décisions
incompatibles avec les conventions d’armistice. »
Pétain semble avoir retrouvé de l’énergie.
Il exige que cette protestation soit diffusée sur les ondes.
Il se heurte à Marion, le secrétaire d’État à l’information, qui ne veut
mécontenter ni Laval ni Hitler.
Pétain lui ordonne d’obéir et Marion s’incline.
Vers midi, le Maréchal lit une nouvelle proclamation.
« Aux Français de la France et de l’Empire français, je
croyais avoir vécu les jours les plus sombres de mon existence ; la
situation d’aujourd’hui me rappelle les mauvais souvenirs de 1940. »
La voix est ferme, l’émotion perce dès les premières phrases.
« Je salue avec douleur les militaires, les marins, les
aviateurs et tous ceux qui tombent pour l’honneur de l’Empire et la sauvegarde
de la patrie.
« Français de la Métropole et de l’Empire, faites
confiance à votre Maréchal qui ne pense qu’à vous.
« Philippe Pétain. »
Ces combattants que Pétain salue sont ceux qui, en ce 11 novembre
1942, continuent de se battre contre les troupes américaines.
Et cependant Pétain, en même temps qu’il tient ces propos, a
l’intention d’ordonner la cessation des combats, c’est le sens des messages qu’il
fait parvenir à Darlan qui négocie un armistice avec les Américains.
Mais à 14 heures, Laval, accompagné d’Otto Abetz, arrive
à Vichy et, aussitôt, il s’élève contre cet éventuel armistice.
« Il faut qu’on puisse dire qu’on a été au bout de la
résistance, martèle Laval. Si nous cessons tout combat, les Allemands vont se
venger sur la Métropole. On refait un Empire, on ne refait pas la France !
En quelques semaines, les Allemands auront reconquis l’Afrique. Si nous ne les
aidons pas, ils la garderont. »
À 17 heures, le Conseil des ministres de ce
gouvernement qui n’a plus ni territoire ni autonomie se range à l’avis de Laval.
Le Maréchal adresse un ordre du jour aux troupes d’Afrique, engagées
dans les combats contre les Américains, leur demandant de « lutter jusqu’à
la limite de leurs forces ».
Pétain n’est plus qu’un « figurant » enfermé à l’hôtel
du Parc qu’encercle un cordon de police.
Les généraux allemands et italiens s’installent non loin.
La Gestapo occupe un petit immeuble au cœur de Vichy et son
chef, le capitaine Gessler, ordonne les premières arrestations. Mais c’est le
général Oberg qui, de Paris, demande à René Bousquet d’appréhender le général
Weygand. L’ordre émane de Himmler.
Bousquet refuse, déclare
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