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1942-Le jour se lève

1942-Le jour se lève

Titel: 1942-Le jour se lève Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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nouveau.
    « Mais ce n’est pas la fin. Ce n’est même pas le
commencement de la fin. En revanche, oui, c’est peut-être la fin du
commencement. »
    On l’applaudit. Il poursuit.
    Il n’a été, dans l’opération Torch, dit-il, « que
le lieutenant actif et ardent du président Roosevelt, commandant en chef des
forces armées des États-Unis et instigateur de cette entreprise formidable ».
     
    Churchill s’interrompt quelques secondes, le visage en sueur,
rouge.
    Il se souvient du 11 novembre 1918, de la victoire d’il
y a vingt-quatre ans, à un jour près.
    « À l’heure présente, reprend-il, nos pensées se
tournent vers la France qui gémit sous la botte allemande. Beaucoup se
demandent : “Est-ce la fin de la France ?…” Je vous déclare ici, en
cette occasion mémorable, au moment même où des Français égarés ou contraints
tirent sur leurs sauveurs, je vous déclare que je crois au relèvement de la
France.
    « Tant qu’il y aura des hommes comme le général de
Gaulle et ceux qui le suivent, ainsi que des hommes comme le général Giraud, ce
vaillant guerrier qu’aucune prison ne peut garder… ma confiance dans l’avenir
de la France demeure inébranlable… »
     
    Churchill ne s’est pas laissé aveugler, étourdir par les
applaudissements.
    Il
n’a pas oublié de citer le général Giraud, ce rival de De Gaulle qu’un
sous-marin anglais a transporté des côtes de France à Gibraltar, et que de là
un avion anglais a transféré à Blida, au cœur de l’Algérie.
    Roosevelt – et Churchill en est d’accord – veut
disposer de la « carte » Giraud, qu’on pourra jouer contre l’amiral
Darlan et le général de Gaulle, si « ces deux-là », le successeur
désigné de Pétain et le rebelle ambitieux, ne se plient pas aux ordres de
Washington et de Londres.
    Giraud est le plus raisonnable. Il veut seulement se battre
contre les « Boches ». Mais de Gaulle est une « prima donna »,
une « diva », qui irrite Roosevelt par ses prétentions.
    Le général s’imagine encore que la France peut faire jeu
égal avec les États-Unis et l’Angleterre. Mais que reste-t-il de la France dans
cette nuit du 10 au 11 novembre 1942 ?
     
    À 2 heures du matin, ce 11 novembre 1942, une « note
verbale » avertit le gouvernement de Vichy du « débarquement immédiat
des contingents allemands et italiens à Tunis et à Bizerte ».
    Les parachutistes allemands sont en train de se poser tout
autour de l’arsenal et prennent le contrôle de l’aérodrome de Tunis où se
trouvent déjà des bombardiers de la Luftwaffe.
    Les autorités militaires françaises ont oscillé au gré des
messages contradictoires reçus de Pétain et de Laval, entre la résistance aux
troupes de l’Axe ou la neutralité.
     
    C’est cette dernière qui l’emporte.
    Des dizaines de milliers d’hommes (250 000 !), Allemands
et Italiens, commencent à débarquer à Bizerte, à occuper la Tunisie.
    Rommel, quand il l’apprend, est révolté, amer ; ces
soldats-là sont ceux qui lui ont manqué quand il n’était qu’à une centaine de
kilomètres du Caire. Ils auraient permis d’atteindre le Nil.
    Mais le Führer s’était refusé à lui envoyer des renforts, ces
hommes qui aujourd’hui occupent la Tunisie, afin, dit la « note verbale »
adressée au gouvernement de Vichy, « de pouvoir faire obstacle de là à l’occupation
américaine de l’Afrique du Nord, de libérer ces territoires et de compléter, à
leur côté, les forces armées françaises »…
     
    À 5 h 30 du matin, ce même 11 novembre 1942, une
lettre de Hitler est transmise au maréchal Pétain.
    Elle annonce l’entrée des troupes allemandes en zone libre.
    Il s’agit, selon Hitler, de prendre les devants, car les « prochains
objectifs de l’invasion américaine sont la Corse et le midi de la France ».
    Et Hitler conclut cette lettre brutale et hypocrite :
    « Je voudrais vous assurer que vous pourrez, monsieur
le Maréchal, vous et votre gouvernement, vous déplacer désormais librement sans
aucune entrave dans toute la France. »
     
    Avant 7 heures du matin, ce 11 novembre, les
unités de la Wehrmacht franchissent la ligne de démarcation.
    L’Armée de l’armistice est paralysée.
    À 8 h 30, le ministre de la Guerre du gouvernement
de Vichy, le général Bridoux, interdit aux troupes de quitter leurs lieux de
garnison.
    Or il était prévu que ces régiments, ces divisions,

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