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1942-Le jour se lève

1942-Le jour se lève

Titel: 1942-Le jour se lève Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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elle n’accepte
plus de chefs que ceux du Salut public. »
    Il dit encore : « Rétablir intégralement les
libertés françaises… » Puis : « La France trahie par des
coalitions de trusts et de gens en place entend construire chez elle un édifice
moral et social où nul monopole ne pourra abuser des hommes ni dresser aucune
barrière devant l’intérêt général… » L’immense clameur vient, brûlante, exaltante,
le soulever. Il crie : « Un seul combat pour une seule patrie ! »
    La foule chante. Il sait qu’elle s’est emparée des mots qu’il
a lancés, qu’ils deviennent une force, la force de la France Combattante. Il
lui semble que la victoire est certaine, même si, à cette heure, les troupes
allemandes et italiennes ont franchi la ligne de démarcation et qu’ainsi toute
la France est Occupée.
     
    Il sort de l’Albert Hall. Le brouillard est encore plus dense.
Les silhouettes, après un pas, s’effacent. Tout est devenu silence. Il faut
avancer en tâtonnant, sans jamais oublier le but à atteindre.

 
36 .
    En cette deuxième quinzaine du mois de novembre 1942, de
Gaulle éprouve à chaque instant de ces jours sombres, glacés et humides, quand
la lumière est incertaine, qu’on ne sait si c’est l’aube ou le crépuscule, un
sentiment de dégoût, qui devient poussée de colère, flot d’amertume.
     
    L’amiral Darlan a pris les fonctions de haut-commissaire en
Afrique du Nord. Tous ces généraux qui ont refusé de continuer en 1940 la lutte
se sont ralliés à lui. Giraud a accepté de devenir commandant en chef des
troupes sous l’autorité de Darlan, qui, lui, se place sous l’autorité du
maréchal Pétain.
    Et celui-ci le désavoue, le condamne, et en même temps dans
un télégramme secret l’approuve !
    « Ne tenez pas compte de la décision officielle, soumise
aux autorités occupantes. »
    Et l’amiral Darlan répond !
    « Adieu, bonne chance à tous ! »
     
    « Tout se passe comme si une sorte de nouveau Vichy
était en train de se reconstituer en Afrique du Nord sous la coupe des
États-Unis », commente de Gaulle.
    Tout son visage exprime le mépris, et la résolution.
    « Quant à moi, dit-il, je ne me prêterai ni de près ni
de loin à ces nauséabondes histoires. Ce qui reste de l’honneur de la France
demeurera intact entre mes mains. »
    La colère ne le quitte pas.
    Il apprend que le haut-commissaire en Afrique-Occidentale
française, Boisson qui, en 1940, à Dakar, a fait tirer sur les Anglais et les
Français Libres, se rallie à Darlan !
    « L’avenir n’est pas aux traîtres ! » s’exclame
de Gaulle.
    Il interpelle les représentants diplomatiques américains qu’il
rencontre à Londres :
    « La nation française voit les États-Unis non plus
seulement reconnaître, comme ils l’ont fait jusqu’à présent, un pouvoir fondé
sur la trahison de la France et de ses alliés, un régime tyrannique d’inspiration
nazie et des hommes qui se sont identifiés avec la collaboration allemande, cela
c’était Vichy, mais désormais les États-Unis s’associent, sur le terrain même, à
ce pouvoir, à ce régime et à ces hommes. »
     
    Quand on lui répond « expédient provisoire »,
« accord temporaire », de Gaulle rétorque :
    « La
morale internationale est une chose qui a sa valeur. »
    Il plisse les yeux, il lève la tête, il semble fixer l’horizon :
    « Je suis convaincu qu’après qu’aura passé ce fleuve de
boue, nous apparaîtrons comme la seule organisation française propre et
efficace. »
    Il reçoit, moment de bonheur, un télégramme du général
Leclerc qui s’apprête à partir à l’assaut du Fezzan.
    « Mon général, écrit Leclerc.
    « À l’heure où les traîtres changent de camp parce que
la victoire approche, vous demeurez pour nous le champion de l’honneur et de la
liberté française : c’est derrière vous que nous rentrerons au pays, la
tête haute. Alors seulement la nation française pourra balayer toutes les
ordures. »
    Mais Churchill prêche à de Gaulle la « modération ».
    — Votre position est magnifique, dit-il, Darlan n’a pas
d’avenir. Giraud n’existe pas politiquement. Vous êtes l’honneur. Vous êtes la
voie droite. Vous resterez le seul. Ne vous heurtez pas de front avec les
Américains. C’est inutile et vous n’y gagnerez rien. Patientez et ils viendront
à vous, car il n’y a pas d’alternative. »
    Churchill fait une

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