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1943-Le souffle de la victoire

1943-Le souffle de la victoire

Titel: 1943-Le souffle de la victoire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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j’ai choisi la
seule qui puisse conduire au salut de notre pays. Je ne me laisserai jamais
égarer par l’opinion publique si elle doit me faire tourner le dos à l’intérêt
de la France. Je renverrai impitoyablement tout ce qui, sur ma route, m’empêchera
de sauver la France. »
     
    Mais Pierre Laval, bien qu’enfermé dans le seul rôle qui lui
reste à jouer, est aussi un homme lucide qui mesure les dérisoires moyens dont
il dispose.
    « Il est difficile, en toutes circonstances, de diriger
la politique de notre pays, confie-t-il. Mais quand il se trouve sans armée, sans
flotte, sans Empire et sans or, la tâche de celui qui est chargé de gouverner s’avère
parfois insurmontable. »
    Elle l’est en ce début d’année 1943, car la vie des Français
devient de plus en plus difficile et ils savent bien que l’occupant allemand
pille le pays.
    Et les « bonnes intentions » des « ministres »
de Laval, et de Laval lui-même, ne réussissent en rien – ou presque rien –
à améliorer la situation de la plus grande partie de la population.
     
    Il faut d’abord « nourrir » et « payer »
la Wehrmacht.
    Les officiers allemands et les « trafiquants », intermédiaires
en tout genre à leur service, se gobergent dans les restaurants du marché noir :
le prix d’un seul déjeuner dépasse le montant du salaire mensuel moyen !
    Réduit aux seules denrées distribuées par le « ravitaillement
légal », un Parisien ne peut vivre que cinq ou six jours par mois !
    Chacun est donc contraint de se livrer au marché noir, et
les plus humbles vivent avec la faim au ventre : 200 grammes de
matières grasses et 300 grammes de viande par mois !
    Les légumes frais sont rationnés… ail compris !
    Quant au pain, sa ration varie selon les récoltes, mais
lorsqu’elles sont abondantes, on relève de 25 grammes la ration attribuée !
    Pour les travailleurs manuels, elle peut atteindre 350 grammes
par jour mais elle sera au fil des mois réduite à 100 grammes, voire 50 dans
certaines villes.
    Le lait manque pour les nouveau-nés. Les mères ne peuvent
allaiter pour cause de malnutrition.
    En fait, la sous-alimentation est la cause immédiate de la
mort de près de 150 000 Français.
    Certes, agriculteurs, commerçants et privilégiés de la
fortune peuvent échapper à la faim, mais le peuple souffre, épuisé, englouti
par la recherche quotidienne d’aliments pour les enfants. Cette quête devient
une « obsession » qui mobilise toute la volonté.
     
    Or il faut de l’énergie physique pour vouloir et pouvoir se
battre, et seuls les jeunes gens vigoureux s’engagent dans la Résistance.
    Ils y sont poussés par la mise en œuvre du Service du
Travail Obligatoire. Et les jeunes concernés, pour échapper à un départ vers l’Allemagne,
se réfugient à la campagne, dans des villages, chez des paysans.
    Ils sont ainsi au contact des « maquis » qui
commencent à rassembler des « maquisards », ces partisans peu
nombreux encore.
    Ils reçoivent quelques armes parachutées. Ils sont l’émanation
des mouvements de résistance : Combat, Franc-Tireur , Libération, et les Francs-Tireurs et Partisans Français (FTPF) liés au Parti
communiste.
    Ces maquis encore embryonnaires révèlent que la « guerre
de partisans » conduite par les Russes devient une référence que confirme
l’écho des batailles qui se livrent sur le front de l’Est. Stalingrad exalte
ces jeunes combattants.
    Pour les Allemands et les collaborateurs enrôlés dans le
Service d’Ordre Légionnaire, le SOL, créé par Joseph Darnand, ces « réfractaires »,
ces « maquisards » sont des « terroristes », des « communistes »,
des « gaullo-communistes » voués, lorsqu’ils sont pris, à la
déportation ou, si c’est au terme de combats ou d’une opération « anti-maquis »,
au peloton d’exécution et souvent à la torture.
     
    Les Allemands d’ailleurs ne cherchent plus à se montrer «  korrect »  :
c’est ainsi que la population française les avait jugés dans les premières
semaines de l’Occupation, dans l’été et l’automne 1940.
    Aujourd’hui, en 1943, l’écrivain Jean Paulhan dit des
Allemands, dans un article d’une publication clandestine, Les Cahiers de la
Libération  : « D’eux, il ne nous restera rien. Pas un chant, pas
une grimace… Ils ne sont pas animés. Ils auront passé comme un grand vide. Comme
s’ils étaient déjà morts.

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