1943-Le souffle de la victoire
et
éviteront ainsi le départ pour le camp de Compiègne puis les camps de
concentration en Allemagne.
Moindre mal ?
Ce qui demeure, c’est que l’ordre du Führer a été exécuté
par les forces de l’ordre françaises, que l’État français n’existe plus, que l’illusion
entretenue de juillet 1940 au 11 novembre 1942 est morte.
La police de Pétain et de Laval n’a pas conduit à préserver
la souveraineté française dans le cadre d’une « collaboration », elle
a abouti – ainsi que de Gaulle le martèle depuis le 18 juin 1940 –
à la soumission.
Et les Allemands exigent toujours plus.
Ils ont réussi à occuper la Tunisie où en novembre 1942 les
Américains – étrange et grave oubli – n’ont pas débarqué. Les troupes
françaises présentes dans le protectorat tunisien tentent en vain de s’opposer
aux parachutistes allemands.
La Wehrmacht occupe la Tunisie. Mais le Grand Quartier
Général allemand, installé à Tunis, semble ne pas vouloir s’emparer de la
flotte française ancrée dans la rade de Bizerte.
Lorsque l’amiral Derrien, qui la commande, est convoqué à l’état-major
allemand, il ne se doute pas – après plusieurs semaines de relations
courtoises – que le général Nehring va lui donner trente minutes pour
livrer intacts tous les vaisseaux français, la seule force militaire dont
dispose Vichy.
Si l’ultimatum n’est pas exécuté, dit Nehring, « les
équipages seront tués jusqu’au dernier officier et marin. On ne fera pas de
prisonnier ».
Que faire ?
La Tunisie est entre les mains allemandes.
6.
C’est vers la Tunisie, désormais occupée par plus de 200 000 soldats
allemands et italiens, que, en ces premiers jours de l’année 1943, se dirige
Rommel.
Longue retraite depuis sa défaite à El-Alamein face à la
VIII e armée britannique du général Montgomery – « Monty ».
Rommel est sans illusions.
Il a installé son poste de commandement dans la ferme d’un
colon, à la frontière nord de la Tripolitaine. Il lui faut atteindre le sud de
la Tunisie, faire la jonction avec les forces allemandes et italiennes qui s’y
trouvent.
Mais il est lucide et amer : il lui faudrait recevoir 50 tonnes
de munitions et 1 900 tonnes d’essence par semaine et on lui en livre
30 et 800 tonnes !
Comment faire face au déferlement britannique ?
Il aperçoit dans un nuage de poussière une masse de 200 tanks
anglais. Le ciel est, nuit et jour, occupé par des bombardiers et des chasseurs
de la Royal Air Force.
La mer est parcourue par des vedettes rapides anglaises.
« Elles viennent de couler dix sur quatorze de nos
chalands d’essence à l’ouest de Tripoli. »
« Terrible nouvelle. »
Rommel songe aussi à ce front de l’Est, à la VI e armée
encerclée à Stalingrad. Tout semble s’effondrer.
« Paulus est encore plus mal en point que moi, note-t-il.
Il a affaire à un adversaire plus inhumain. Nous ne pouvons plus mettre notre
espoir qu’en Dieu qui ne nous abandonnera pas complètement. »
Il a besoin de se confier, de faire part à son épouse de ses
doutes et de ses colères.
Car Mussolini le harcèle, lui demande de ne pas évacuer la
Tripolitaine, symbole de l’ lmpero, cet Empire colonial italien que le
Duce rêvait de bâtir.
« Vives réprimandes de Rome parce que nous ne résistons
pas davantage à la pression ennemie, note-t-il. Nous voulons nous battre et
nous nous battrons aussi longtemps que nous le pourrons. »
Mais comment le faire quand les munitions et l’essence
manquent ?
Il faut évacuer Tripoli, faire sauter les installations du
port, distribuer à la population misérable les stocks de vivres qu’on ne peut
emporter.
« J’ai fait tout ce que j’ai pu pour tenir sur ce
théâtre d’opérations malgré les difficultés indescriptibles. J’en suis
profondément désolé pour mes hommes. Ils m’étaient infiniment chers. »
Il atteint enfin la frontière de la Tunisie, s’enfonce dans
le pays d’une centaine de kilomètres, découvre cette ligne de blockhaus – la
ligne Mareth – construite par les Français dans les années 1930-1940. Ils
ne sont plus adaptés aux conditions de la guerre moderne. Rommel est épuisé, désespéré.
Il confie à sa « très chère Lu » :
« Physiquement, je ne vais pas trop bien. De violents
maux de tête et les nerfs à bout, sans parler de quelques troubles de
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