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1943-Le souffle de la victoire

1943-Le souffle de la victoire

Titel: 1943-Le souffle de la victoire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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européenne, il nous suffit de les
rendre virulentes. »
    Il cite Le Protocole des Sages de Sion qui, affirme
Hitler, n’est pas comme on le prétend un faux, mais un texte « absolument
authentique » où l’on voit que les Juifs se servent de la guerre pour se
défendre du processus d’extermination imminent.
    Il s’interrompt, cherche des yeux Himmler.
    « Les peuples, dit-il, qui ont été les premiers à
reconnaître le Juif et les premiers à le combattre s’élèveront à la domination
mondiale à sa place », conclut-il.
    Goering, Goebbels, Bormann, Himmler, mais aussi le général
Keitel approuvent avec ferveur.
    « Nous avons pleinement conscience de ce que nous
risquerions si nous faisions preuve de faiblesse autour de cette guerre, note Goebbels.
Nous nous sommes tellement engagés, surtout dans la question juive, qu’il n’est
plus possible de reculer désormais. Et cela vaut mieux ainsi. Un mouvement et
un peuple qui ont coupé les ponts derrière eux combattent, l’expérience le
prouve, plus résolument que ceux qui ont encore une possibilité de retraite. »
     
    Le 3 mai 1943, Goebbels, ministre de la Propagande, communique –
dans une circulaire confidentielle – ses instructions à la presse du Reich,
inspirées par le Führer.
    « Les possibilités d’exposer la véritable nature des
Juifs sont infinies, écrit Goebbels. Désormais, la presse doit utiliser les
Juifs comme cible politique : les Juifs sont responsables, ont voulu la
guerre, les Juifs font empirer la guerre, et encore et toujours les Juifs sont
responsables. »
    Il faut convaincre les Allemands que, comme l’a dit le
Führer, « il ne reste pas d’autre choix aux peuples modernes que d’exterminer
les Juifs ».
     
    Leur mort doit venger celle des soldats allemands. Il faut
que la puissance diabolique suscite une haine meurtrière qui permettra de
refouler l’angoisse.
    Et Goebbels, en tribun, sait jouer de la peur sourde des
Allemands pour leur faire accepter – pire, désirer – l’extermination.
    À la tribune du Sportpalast, il martèle :
    « Derrière la ruée [protestations exaltées], derrière
la ruée des divisions soviétiques, nous entrevoyons déjà les escadrons de
liquidation, embusqués derrière la terreur, le spectre de millions de gens
plongés dans la famine et celui d’une anarchie totale en Europe. Ici, la
juiverie internationale, une fois de plus, montre qu’elle constitue le facteur
de décomposition démoniaque […]. Nous n’avons jamais craint la juiverie,
et nous la craignons aujourd’hui moins que jamais ! [cris de “ sieg
heil”, longs applaudissements]. […] Le but du bolchevisme est la révolution
mondiale des Juifs […]. L’Allemagne, au moins, n’a pas l’intention de fléchir
devant cette menace juive ; elle compte plutôt y faire face par l’ exter… [se reprenant] l’ élimination si nécessaire totale et plus radicale
de la juiverie. »
     
    La foule, debout, applaudit avec frénésie, crie «  sieg
heil  », entonne des chants nazis – le Horst Wessed Lied  –,
l’hymne du Reich – Deutschland Über Alles  !
    Les bras se lèvent pour le salut nazi. On rit, on a compris
que le lapsus de Goebbels était calculé.
    Il n’a pas dit extermination mais il l’a suggéré – Ausrott  – et personne n’est dupe de ce que signifie l’ élimination –
Ausschaltung  – totale et radicale.
    Et des millions d’Allemands qui ont écouté ce discours de Goebbels
retransmis plusieurs fois par toutes les stations de radio se sont esclaffés, se
sont félicités de cette astuce : dire et ne pas dire, tuer et ne pas
avouer le meurtre tout en le revendiquant.
    Tout un peuple ainsi s’enfonce dans la complicité avec les
bourreaux.
    Et Goebbels a conclu ce discours par un vers publié en 1814
par le poète Körner, pour dresser tous les Allemands contre Napoléon dans un
grand soulèvement patriotique :
    « Et maintenant, peuple, lève-toi, et toi, tempête, déchaîne-toi. »
     
    La « tempête » a déjà tué – selon un rapport
remis à Himmler le 31 mars 1943 – 2 millions et demi de Juifs. Le
document est intitulé « La solution finale de la question juive européenne ».
     
    Derrière cette comptabilité criminelle, il y a l’indescriptible
et infinie souffrance de chaque humain : enfant, vieillard, malade, femme,
homme.
     
    L’enfer commence dans le wagon où l’on meurt d’épuisement, de
soif,

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