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1943-Le souffle de la victoire

1943-Le souffle de la victoire

Titel: 1943-Le souffle de la victoire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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Allemands qui habitent la haute Sibérie, les cheminots, les
soldats, personne ne peut ignorer le destin des Juifs « transportés »
de leur pays, de leur ghetto, vers les camps.
    On sait que le « haut fourneau SS » d’Auschwitz
traite 6 000 personnes par jour.
    Ce sont les permissionnaires des diverses unités engagées à
l’est qui racontent ce qu’ils ont vu, ou ce que des camarades leur ont rapporté.
Ils se contentent d’abord d’évoquer des « mesures très rudes » prises
contre les Juifs, puis ils s’épanchent, évoquent massacres, chambres à gaz, crématoires.
    Mais l’antisémitisme a tant gangréné les esprits, la
propagande de Goebbels est si efficace que personne ne semble s’indigner, et a
fortiori protester.
    En Allemagne, la « solution finale » est acceptée,
justifiée, voire souhaitée.
     
    Et d’autant plus facilement que les Juifs semblent se
laisser massacrer sans combattre ; et l’un d’eux, l’écrivain yiddish
Yehoshua Perle, écrit, évoquant le destin du ghetto de Varsovie :
    « Trois cent mille Juifs n’ont pas eu le courage de
dire non. Chacun ne songeait qu’à sauver sa peau. Et pour y arriver, on était
même prêt à sacrifier son papa, sa maman, sa femme et ses enfants [3] . »

 
15.
    Les Juifs du ghetto de Varsovie, ceux-là mêmes que l’écrivain
yiddish Yehoshua Perle accuse de n’avoir songé qu’à « sauver leur peau »,
ont su mourir les armes à la main, résister aux SS, et combattre avec la seule
volonté d’affirmer leur dignité et de laisser une trace héroïque dans la
mémoire des hommes.
    « Nos vies ont la résistance de la pierre, et nos
pierres l’éternité de la vie », a dit l’un de ces combattants, en luttant
jusqu’à la mort dans ce champ de ruines qu’était devenu le ghetto de Varsovie.
     
    Le 1 er  mai 1943, Goebbels écrit dans son Journal :
    « Les rapports en provenance des territoires occupés n’apportent
rien de nouveau ni de sensationnel.
    « Il y a tout juste à noter des combats
particulièrement violents à Varsovie entre notre police et même notre armée d’une
part et les Juifs en rébellion. Ces derniers sont parvenus en fait à mettre le
ghetto en état de défense. Il s’y déroule de durs combats, au point que les
dirigeants juifs émettent quotidiennement des communiqués militaires. De toute
façon, cette plaisanterie ne va pas durer bien longtemps. Mais on voit à quoi
il faut s’attendre de la part des Juifs quand ils sont en possession d’armes. Malheureusement,
ils en possèdent un certain nombre de bonne fabrication allemande. Dieu sait
comment elles leur sont parvenues. »
    Le 22 mai, Goebbels est contraint de noter que « les
combats pour le ghetto de Varsovie continuent. Les Juifs résistent encore ».
     
    Les responsables nazis, le 31 mai, font le bilan de l’insurrection
dont « la liquidation a été très difficile… On a vu des femmes en armes
combattre jusqu’au bout contre les Waffen-SS et la police ».
     
    C’est en janvier 1943 que Himmler, en visite à Varsovie, découvre
qu’il reste encore dans le ghetto 60 000 Juifs.
    Ils étaient 400 000 en 1940, enfermés derrière un mur
ceinturant l’ancien ghetto où vivaient 160 000 personnes. Tous les
Juifs de Varsovie avaient été contraints d’y résider.
     
    Le ghetto est donc surpeuplé.
    On y meurt de faim, de froid. On y vit dans la promiscuité.
    Les Allemands tuent tous ceux – souvent des enfants –
qui tentent de franchir le mur, de passer dans la Varsovie aryenne, pour s’y
procurer des denrées alimentaires. La contrebande est de règle. On vend des
oranges dans le ghetto pour les privilégiés et on crève sur les trottoirs.
    Une police juive, exigée par les Allemands, dresse les
listes de ceux qui doivent quitter le ghetto pour l’Est, le camp d’extermination
de Treblinka. Ce sont les nazis qui en fixent le nombre. Aux Juifs de choisir
les « transférés ».
     
    On sait vite dans le ghetto comment l’on tue à Treblinka. Quelques
rares évadés du camp sont revenus au ghetto, ont raconté.
    « Les femmes entrent nues dans les douches : leur
mort. » « Quitter cette vie n’est qu’une affaire de 10 à 15 minutes
à Treblinka, ou à Auschwitz. »
    On essaie par tous les moyens de ne pas être inscrit sur les
listes de ceux qui doivent partir pour Treblinka et que la police juive du
ghetto rafle, traque, frappe à coups de matraque pour les entasser dans

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