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1943-Le souffle de la victoire

1943-Le souffle de la victoire

Titel: 1943-Le souffle de la victoire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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Vistule.
     
    Le 16 mai 1943, le général Stroop écrit dans l’un de
ses derniers rapports intitulé « Le ghetto de Varsovie n’est plus » :
    « L’action de grande envergure entreprise a pris fin à
20 h 15 en faisant sauter la synagogue de Varsovie. Nombre total de
Juifs dont le sort est réglé : 56 065, comprenant à la fois les Juifs
faits prisonniers et les Juifs dont la mort peut être prouvée. »
    Trente-six mille d’entre eux ont été gazés à Treblinka.
     
    Tous les autres ghettos – à Bialystok, Minsk, Vilna… –
furent liquidés avant l’été 1943. Leur population « transférée » dans
les camps d’extermination.
    Les quelques Juifs qui avaient réussi à fuir furent presque
toujours livrés – contre récompense – aux nazis par les paysans
polonais ou ukrainiens, après avoir été dépouillés de ce qu’ils possédaient.
     
    Le 11 juin 1943, Himmler ordonne – une nouvelle
fois ! – que « le quartier de l’ancien ghetto soit totalement
rasé, chaque cave et chaque égout comblé. Ce travail achevé, on recouvrira la
zone de terre végétale pour y aménager un grand parc ».
     

     
    En ce même juin 1943, un sergent de la Luftwaffe qui survole
la ville écrit :
    « Nous avons effectué plusieurs cercles au-dessus de
Varsovie. Et c’est avec une grande satisfaction que nous avons pu constater l’extermination
complète du ghetto juif. Là, les nôtres ont accompli un boulot fantastique. Il
n’y a pas une maison qui n’ait été totalement détruite. C’est ce que nous avons
vu avant-hier. Et hier, nous sommes partis pour Odessa. Nous avons reçu des
aliments spéciaux, du rab de biscuit, un supplément de lait et de beurre et, par-dessus
tout, une très grosse barre de chocolat doux-amer [4] . »
     
    Ce soldat jubile et ne se soucie pas de la souffrance juive,
de cette plaie ouverte que fut le ghetto dans Varsovie. Les Polonais chrétiens
qui vivent dans la partie « aryenne » de la ville manifestent, pour
la plupart, la même indifférence à ce qui se passe au-delà du mur.
    Un manège tourne, place Krasinski, du côté aryen. Le mur
sépare la joie de vivre, les rires des enfants, les chants, du désespoir, des
flammes, de la mort.
    Il y a pire.
     
    « Des milliers de Polonais, souvent des adolescents, occupent
leurs journées à observer tous les passants avec méfiance ; ils sont
partout mais surtout à proximité du ghetto. À l’affût des Juifs ? Cette
chasse est leur profession et sans doute aussi leur passion.
    « Ils reconnaissent les Juifs sans se tromper. À quoi
donc ? Quand il n’y a pas d’autres traits caractéristiques, on dit que c’est
à leurs yeux tristes. »

 
16.
    La chasse aux Juifs – aux quelques survivants du ghetto,
à ces hommes et à ces femmes aux « yeux tristes » – est donc
plus que jamais ouverte à Varsovie, en ce printemps de 1943.
     
    Le général Stroop indique que la police polonaise a été
autorisée à verser un tiers des espèces saisies à chacun de ses hommes arrêtant
un Juif dans la partie aryenne de Varsovie.
    « Cette mesure a déjà produit des résultats », précise
le général SS.
    Il a aussi fait apposer des affiches rappelant que quiconque
cache un Juif sera exécuté.
     
    Mais ce ne sont pas seulement la rapacité, la peur ni même l’antijudaïsme
qui animent les « chasseurs de Juifs » ou expliquent l’indifférence
des Polonais, détournant la tête pour ne pas voir brûler le ghetto et les
insurgés juifs.
     
    Le vent des
maisons incendiées
    Apportait de
sombres lambeaux
    Ils
attrapaient en l’air des cendres
    Ceux qui
allaient au manège
    […]
    Et les gens
riaient heureux
    Ce beau
dimanche de Varsovie [5] .
     
    « Dans sa grande majorité, continue le général SS, la
population polonaise a approuvé les mesures prises contre les Juifs. »
     
    C’est qu’en ce mois d’avril 1943, celui de l’insurrection du
ghetto de Varsovie, les Allemands ont découvert, dans la forêt de Katyn, près
de Smolensk, des fosses remplies par les cadavres de 4 443 officiers
polonais abattus d’une balle dans la nuque, en 1940, par la police secrète
soviétique, le NKVD.
    Et Goebbels s’est emparé de cet événement qui confirme la
complicité criminelle des Juifs et des bolcheviks.
    Katyn serait le produit monstrueux de cette union maléfique,
le commissaire politique juif et communiste.
     
    Les Polonais ne doutent pas de la responsabilité des

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