1943-Le souffle de la victoire
forêt de Katyn pleines d’officiers polonais assassinés, il
n’en doute pas, par les tueurs du NKVD.
Mais la vérité doit être sacrifiée aux nécessités de l’alliance
avec la Russie. Pas d’accusations contre Staline parce qu’il faut vaincre
Hitler !
Le tsar communiste exploite son avantage. Contre l’évidence,
il affirme que les nazis sont responsables du massacre. Et il accuse le
gouvernement polonais en exil à Londres d’être le complice de Goebbels et de
son « gang de menteurs ».
Le 6 mai 1943, Staline, patelin, répond aux questions
du correspondant du Times , en affirmant qu’il veut une Pologne forte et
indépendante.
Le 9 mai, on célèbre à Moscou par une grande manifestation
« l’union de tous les Slaves ». Et on donne la parole à un officier
polonais – le colonel Berling. Il s’exprime au nom de ses compatriotes qui
se « trouvent en Union soviétique » et veulent se battre aux côtés
des Russes.
« La route de notre patrie passe par le champ de
bataille », dit-il.
Oubliés les 15 000 à 20 000 patriotes
polonais morts dans les camps du goulag, dans l’extrême nord russe, ou en Asie
centrale.
Vive l’amitié entre les peuples russe et polonais !
Refermons les fosses de Katyn !
La presse allemande, sur l’ordre de Goebbels, continue de
dénoncer « le massacre d’officiers polonais par les judéo-bolcheviks »,
mais les informateurs du parti nazi et des SS signalent que l’évocation des
crimes commis par les Juifs et les communistes rappelle « que les SS ont
commis des boucheries par les mêmes méthodes dans leur combat contre les
Polonais, les Russes, les Juifs ».
Les Allemands disent : « À cause de ces méthodes
barbares, il n’y a plus aucune possibilité de voir nos ennemis faire la guerre
humainement.
« N’avons-nous pas assassiné des milliers de Juifs ?
Les soldats n’ont-ils pas dit et répété que les Juifs en Pologne ont dû creuser
leur propre tombe ? »
Tout cela appelle le châtiment.
Des Allemands de plus en plus nombreux pensent que le bombardement
des villes du Reich – Cologne, Essen, Hambourg, Berlin – est une « punition
de notre peuple par le Seigneur ». Les synagogues, les demeures des Juifs
n’ont-elles pas été détruites ? Les familles juives massacrées ?
« Les Juifs nous feront payer les crimes que nous avons
commis contre eux ! »
« En assassinant des innocents, nous avons montré à l’ennemi
ce qu’il peut nous faire s’il gagne. »
« Les Russes, les Juifs nous tueront comme ils ont tué
ces Polonais, comme nous les avons assassinés. »
« La vue des victimes des Russes et des Juifs, l’insistance
à montrer les fosses de Katyn rappellent à tous ceux qui pensent – lit-on
dans un rapport – les atrocités que nous avons commises en territoire
ennemi et même en Allemagne. »
En ce début de l’année 1943, la peur et le sentiment de
culpabilité suscitent l’effroi des représailles, la terreur du châtiment.
Les Allemands commencent à prétendre – et à croire –
qu’ils ne savaient rien de ce qui a été perpétré par les nazis depuis 1933.
Cette anxiété qui saisit le peuple allemand, les Russes pour
d’autres raisons l’éprouvent aussi.
Les conditions de vie et de travail écrasantes ajoutent à l’inquiétude
sur le sort des proches, soldats de l’armée Rouge.
En deux années, si l’Allemagne et ses alliés ont perdu 6 400 000 –
tués ou prisonniers –, les Soviétiques admettent 4 200 000 tués,
prisonniers ou disparus !
On sait l’état-major peu économe des hommes.
On a peur pour les soldats et cela accroît la fatigue née
des douze heures de travail par jour. La main-d’œuvre manque et on fait
travailler les enfants de quatre à six heures par jour.
Les rations alimentaires sont insuffisantes : ne
mangent d’abord que ceux qui travaillent ! Tant pis pour les vieux et les
plus jeunes enfants.
On tente de s’approvisionner sur les marchés des kolkhozes
mais, comme dans les villes, les prix sont élevés et le marché noir règne.
On espère et on craint la venue de l’été. Les conditions de
vie seront moins rudes mais depuis 1941, chaque été a été marqué par une
offensive allemande victorieuse.
En ce mois de juin 1943, les Allemands lancent des attaques
nocturnes dans la région de Koursk-Orel, pour reconnaître le dispositif de
défense russe.
Ils larguent des
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