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1943-Le souffle de la victoire

1943-Le souffle de la victoire

Titel: 1943-Le souffle de la victoire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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militaire en fournissant des travailleurs pour ses
usines et des combattants volontaires.
    « Ce qu’il me faut, conclut le Führer, c’est dix mille
avions et vingt mille tanks. »
    Laval se penche en avant, murmure :
    « Une déclaration en vingt lignes vaudrait vingt mille
avions et quarante mille tanks. »
    Et comme un bonimenteur, il ajoute :
    « Vous devriez me prendre comme secrétaire et m’installer
dans un coin, je vous l’écrirais. »
     
    Laval rêvait à une négociation avec le Führer.
    Hitler lui a seulement dicté ses exigences. Et Laval s’incline.
    Le 5 juin 1943 – alors que les troupes
italo-allemandes présentes en Tunisie viennent de capituler –, il évoque
son idéal politique.
    Il veut assurer à la France une place dans l’Europe de
demain, et pour cela être aux côtés des Allemands.
    Laval exalte les Français qui combattent sur le front de l’Est,
ceux qui partent travailler en Allemagne – 170 000 en quelques mois.
     
    « D’aucuns pensent que j’hésiterais à user de rigueur, poursuit-il.
Ils se trompent. J’ai évité, chaque fois que j’ai pu, de heurter trop
brutalement la sensibilité de notre pays, mais quand son destin est en jeu, l’indulgence
doit faire place à la sévérité. »
    Il répète qu’il faut que l’Allemagne gagne la guerre.
    « Si les Alliés l’emportaient, le monde anglo-saxon
aurait aussitôt à se mesurer avec les Soviets. Et le résultat de cette lutte ne
serait pas douteux : le bolchevisme s’installerait partout en Europe. »
    Parlant lentement, détachant chaque mot, il conclut :
    « La défaite ne peut pas avoir étouffé la voix de la
France, mais pour que cette voix puisse porter haut et loin, il faut en finir
avec les illusions dangereuses. Trop de Français s’abandonnent. Il faut savoir
se soumettre aux disciplines nécessaires.
    « J’ai confiance en mon pays. »

 
19.
    Laval ? Ses propos ? Ses actes ?
    De Gaulle, en ces mois de mai et juin 1943, n’accorde aucune
attention au chef du gouvernement.
    Ce politicien ambitieux et retors s’est noyé dans « le
flot épais des mensonges et des chimères » qu’il a répandus.
    C’est un « homme perdu » qui appelle les jeunes
Français à effectuer en Allemagne le Service du Travail Obligatoire au moment
même où les « réfractaires » gagnent par dizaines de milliers les
montagnes et les campagnes reculées pour échapper à cette « déportation »
qui n’ose pas dire son nom.
     

     
    Comment Laval ose-t-il invoquer l’intérêt de la France alors
qu’il a accepté et organisé cette saignée de la France qu’est le STO ?
     
    Ce sont les « maquis » qui accueillent les
réfractaires. Il faut encadrer, nourrir, armer, « occuper » ces
jeunes gens désœuvrés.
    Ces maquis existants sont insuffisants. Il faut en créer, en
Haute-Savoie, en Dauphiné, dans les Cévennes, en Auvergne.
    Pas un plateau, une forêt qui n’ait le sien.
    Des officiers et sous-officiers, certains ayant appartenu à
l’« armée de l’Armistice », les encadrent. Souvent ces officiers
viennent de bataillons de chasseurs alpins. Ainsi, Tom Morel qui va commander
le maquis du plateau des Glières.
    Chaque maquis a sa singularité.
    Là, il est composé de républicains espagnols. Ici, se
regroupent des FTP, parmi lesquels un… curé.
    En Limousin, en Périgord, en Quercy, le « terrain »
est favorable à la création de maquis.
    En Corrèze, en Haute-Vienne, il y a « émulation »,
voire concurrence entre les maquis FTP et ceux de l’Armée Secrète. Et la figure
d’un instituteur communiste, Georges Guingoin, s’impose. Ce sera le « chef »
dans cette région. Sa tête est mise à prix, 3 millions, par la Gestapo.
     
    De Gaulle, en ce printemps 1943, se sent porté par le « souffle
de la victoire ».
    « Nous avions raison », lance-t-il au congrès de
la France Combattante. Ceux qui ont choisi en 1940 l’armistice ont « proclamé »
une charte d’abandon et la résignation qui n’était rien que l’évangile de la
décadence. Mais si la France a dû les subir, ceux-là, elle ne les a pas écoutés.
    De Gaulle, dans cette période cruciale, brosse à grands
traits sa vision de l’Histoire nationale, source d’énergie.
     
    « Du plus profond de notre peuple, dit-il, s’est élevé
cet instinct vital qui, depuis bientôt deux mille ans, nous a maintes fois
tirés des abîmes. C’est cet instinct qui fit chrétiens

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