1943-Le souffle de la victoire
d’abord craint que les
Alliés allaient débarquer au nord de Rome et peut-être parachuter des troupes
dans la plaine du Pô, voire tenter de s’emparer des cols alpins.
Inquiétudes vaines.
Les troupes alliées – Anglais, Américains, Néo-Zélandais,
et bientôt divisions de Français d’Afrique du Nord – progressent lentement,
occupant bientôt le tiers sud de la péninsule.
Les Allemands ont pu fortifier les Apennins, créer une ligne
Gustav, sur laquelle viennent se briser les attaques alliées.
Seule mauvaise surprise, l’insurrection de la population de
Naples contre les Allemands.
Durant quatre jours, en octobre 1943, les Napolitains, avec
des armes abandonnées par les troupes italiennes ou arrachées aux Allemands, harcèlent
les soldats de la Wehrmacht, dont le chef, le major Scholl, est contraint de se
rendre avec tout son état-major. La capitale du Mezzogiorno est déjà libre
quand les Anglo-Américains y font leur entrée.
Les Allemands se replient sur les Abruzzes, et la ligne Gustav
dans cet automne 1943 est infranchissable.
« Tout va bien ici, écrit Rommel, auquel le Führer
hésite à confier le commandement en chef en Italie. Les traîtres ont été
désarmés et beaucoup sont déjà en route. »
Ces prisonniers, ces Badoglio Truppen, seront en
Allemagne presque aussi maltraités que les Russes.
La tentative de créer une armée autour de Mussolini, et de
la République sociale italienne, échoue.
Les jeunes, requis, préfèrent gagner les montagnes, former
dans le nord de l’Italie les premières Brigades de partisans. D’autres sont
raflés, envoyés comme ouvriers en Allemagne.
Et quel que soit leur sort, traités comme de la main-d’œuvre
servile.
Rommel qui reçoit le maréchal Graziani, demeuré auprès du
Duce, mesure l’impuissance et l’humiliation italiennes.
« Graziani possède une personnalité impressionnante, écrit
Rommel, bien différente de celle de tous les autres officiers italiens que j’ai
connus. Mais il ne dispose naturellement d’aucune autorité pour le moment. Même
la police italienne est aujourd’hui totalement impuissante. »
« Il est triste et indigne pour nous, dit le maréchal
Graziani, de voir des soldats italiens employés à soigner les jardins et les
potagers des villas réquisitionnées par les commandants allemands, de les voir
porter les bidons d’essence et nettoyer les automobiles et autres tâches
semblables. »
Rommel écoute Graziani, mais il n’éprouve aucune compassion
pour ces « traîtres » d’italiens, et en outre il est préoccupé par
son avenir.
Le sort de Rommel est en effet incertain.
Dans l’attente de la décision du Führer à propos de sa
nomination comme commandant en chef, Rommel parcourt l’Italie.
« En me rendant hier sur la côte adriatique, écrit-il à
son épouse, j’ai visité au passage le petit État de Saint-Marin qui est neutre.
J’étais en train d’acheter quelques timbres après avoir jeté un rapide coup d’œil
sur la ville quand un ministre est venu me trouver de la part du Régent… »
Rommel est invité au château. On voulait l’assurance que la
neutralité de Saint-Marin serait respectée par le Reich allemand.
Comment Rommel pourrait-il la garantir ?
Dans le Sud-Tyrol, les Allemands ont chassé les autorités
locales représentant Rome. Les carabiniers et policiers italiens ont été
internés en Allemagne.
Des Gauleiters, anciens fonctionnaires de l’Empire
austro-hongrois, ont été nommés.
Les monuments aux morts italiens de la Première Guerre
mondiale, ou ceux célébrant les victoires italiennes de 1918 sont dynamités !
Goebbels
confie, le 23 septembre 1943 :
« Selon les idées du Führer, nous devrions avancer
jusqu’aux frontières de la Vénétie, et la Vénétie elle-même devrait être
incluse dans le Reich sous un régime d’autonomie. »
Quant à Rommel, il écrit à sa « très chère Lu » :
« Ma désignation n’a pas été confirmée. Le Führer a
fini par changer d’avis, à ce que l’on dit… Peut-être n’ai-je pas donné
beaucoup d’espoir sur la possibilité de tenir la position… Kesselring reste
donc en place pour le moment. Quoi qu’il en soit, je prendrai la chose comme
elle vient. »
Il ajoute, ne cachant pas son pessimisme :
« La situation est très critique à l’Est. Il semble
bien que nous allons être contraints d’abandonner la grande boucle du
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