1943-Le souffle de la victoire
déportation.
L’or est remis le 7 octobre mais les assassinats de
Juifs (au bord du lac Majeur), les arrestations, puis les déportations vers
Auschwitz commencent.
Des milliers de Juifs sont recueillis par des Italiens, d’autres
se réfugient dans les couvents ou au Vatican. Mais le pape Pie XII ne
prononce pas la protestation solennelle que redoutaient les Allemands.
Dans le nord de l’Italie, le gouvernement de Mussolini
décrète l’internement de tous les Juifs en camp de concentration et la police
fasciste procède à leur arrestation.
Près de 4 000 Juifs sont envoyés à Auschwitz, d’autres –
près de 4 000 encore – sont tués dans un camp de concentration près
de Trieste, certains dans un camion à gaz.
Cependant, 80 % des Juifs italiens survivront à la
guerre grâce à l’aide que leur apportent les Italiens, et à l’accueil des
institutions catholiques.
Mais cette persécution antisémite menée par les Allemands et
les fascistes italiens révèle la nature de ce dernier régime Mussolini et la
violence de l’occupation nazie.
Les Allemands vont jusqu’à détruire le système de pompes qui
avait été le grand œuvre de Mussolini, fier d’avoir asséché les « marais
pontins ».
Les Allemands réintroduisent même dans les marais la malaria
en veillant à réquisitionner tous les stocks de quinine.
Pour les scientifiques allemands – deux médecins –
qui « organisent » ce retour de la malaria, les Italiens qui ont
trahi sont des êtres inférieurs qui doivent être châtiés, exterminés.
On ne se contente pas d’humilier, de rafler les jeunes
hommes pour les envoyer travailler en Allemagne, de déporter, de massacrer.
On met au point des projets de démontage des principales
usines pour les installer en Allemagne. Les soldats de la Wehrmacht se servent
dans les magasins sans payer : « Paga Badoglio » (« c’est
Badoglio qui paie »). Et Hitler ordonne le transport des réserves d’or de
la banque d’Italie – 95 tonnes – en Allemagne. Elles sont loin
les années 1930 quand Hitler admirait Mussolini et – en 1934 – lui
rendait visite à Venise, se comportant comme un élève attentif et respectueux
qui rencontre son inspirateur et son maître.
Dix ans se sont écoulés et Hitler, méprisant, vulgaire et
brutal, dit à Goebbels :
« Que ce soit nous qui leur enlevions les pantalons ou
que ce soit les Anglais, c’est la même chose. »
29.
En cet automne 1943, alors que sur ordre du Führer les
Allemands dévalisent l’Italie et que les divisions SS martyrisent les Italiens
et, accrochées au flanc des Apennins, bloquent l’avance alliée, le
Feldmarschall Rommel quitte l’Italie.
Le 21 novembre, il monte dans l’avion, à l’aérodrome de
Villafranca. Il se rend au Grand Quartier Général du Führer et, dans cette tanière
du loup , il va attendre de connaître sa prochaine affectation.
Il rencontre souvent le général Bayerlein, qui fut à ses
côtés en Afrique. Il a confiance dans cet officier de panzer.
« Vous le savez, Bayerlein, dit-il, nous avons perdu l’initiative
pour la première fois, cela ne fait aucun doute. Nous venons d’apprendre en
Russie qu’il ne suffit pas de faire preuve d’allant et d’optimisme. Ce qu’il
nous faut, c’est modifier totalement nos conceptions. Il n’est pas question que
nous reprenions l’offensive au cours des prochaines années, pas plus à l’Ouest
qu’à l’Est. »
Mais le Führer, que Rommel a vu longuement, l’a assuré qu’au
début de 1944 le Reich produirait 7 000 avions et 2 000 chars
par mois. Et Rommel se reprend à espérer.
« Il est évident qu’une victoire totale n’est plus dans
l’ordre des choses possibles, concède-t-il. Mais si nous parvenons à tenir
Anglais et Américains à distance pendant encore deux ans, de façon que nous
puissions reconstituer nos centres de gravité, notre heure viendra. À l’Est de
nouveau nous pourrons infliger aux Russes des pertes sanglantes et peu à peu
nous reprendrons l’initiative des opérations. Alors, nous serons à même d’obtenir
une paix acceptable. »
Rommel se leurre.
Certes les Anglo-Américains ont choisi d’attaquer l’Europe
par son extrémité la plus éloignée de l’Allemagne, mais l’armée Rouge déferle.
Et sur les arrières de la Wehrmacht, des centaines de milliers
de partisans – en Biélorussie, ils sont, en octobre 1943,
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