1943-Le souffle de la victoire
la première
proclamation d’un nouveau gouvernement fasciste. Il comprend des dignitaires
fascistes (Farinacci, Pavolini) et le fils de Mussolini, Vittorio.
« La trahison ne s’accomplira pas : un
gouvernement national-fasciste s’est constitué, déclarent-ils. Il travaille au
nom de Mussolini. »
Les Allemands, bénéficiant d’informations transmises par des
policiers italiens restés fidèles au Duce, savent que Mussolini est détenu au
Gran Sasso.
Hitler charge personnellement le SS – d’origine
autrichienne – Otto Skorzeny de délivrer le Duce.
Les parachutistes du général Student arriveront en planeur
au Gran Sasso et maîtriseront les carabiniers qui gardent le Duce.
Celui-ci quittera en compagnie de Skorzeny le Gran Sasso, à
bord d’un petit avion Fieseler Storch , la « Cigogne ».
Le plan est hardi, sa réussite incertaine.
12 septembre 1943. Gran Sasso. Il est 14 heures
environ. Mussolini, assis devant sa fenêtre, voit tout à coup un planeur se
poser à deux cents mètres de l’hôtel, des hommes armés bondissent hors de l’appareil.
Bientôt sept autres planeurs arrivent, un neuvième se brise à l’atterrissage, trois
autres manquent la plate-forme et s’écrasent le long des falaises.
Les soldats s’avancent vers l’hôtel, les carabiniers
hésitent ; devant les Allemands court le général des carabiniers Soleti
que les hommes de Student ont enlevé la veille. Le général Soleti a tenté de se
suicider, en vain, les Allemands l’ont poussé de force dans le planeur de tête.
Bientôt, les Italiens sont désarmés, sans qu’un seul coup de feu ait été tiré.
Libéré, Mussolini apparaît amaigri, vieilli ; il
remercie Skorzeny, demande à rentrer chez lui à Rocca della Caminate. Mais l’Histoire
lui joue son dernier tour : il est trop tard pour qu’on le laisse échapper
à son rôle, trop tard, les Allemands ont des ordres stricts, il faut ramener
Mussolini à la base aérienne de Pratica di Mare.
L’avion d’observation « Cigogne » atterrit près de
l’hôtel. Mussolini, en pardessus noir, chapeau noir, s’assoit entre les jambes
du massif capitaine Skorzeny. L’avion cahote sur la courte piste improvisée, plonge
dans une crevasse qui barre le terrain en pente ; l’appareil tombe un
instant puis le pilote Gerlach, un as de la Luftwaffe, redresse et met pleins
gaz.
L’opération Eiche a réussi. Les Allemands ont un nom
célèbre pour le gouvernement national-fasciste.
Le maréchal Badoglio a certes déclaré que Mussolini ne
sortirait pas vivant de sa prison mais en quittant Rome précipitamment, à l’aube
du 9 septembre, le maréchal n’a donné aucune directive.
Et Mussolini est libre, entre les mains des Allemands.
Un Heinkel le conduit de Pratica di Mare à Vienne où il
débarque vers minuit. Là, démuni de tout, mort de fatigue, il couche à l’hôtel
Continental. Le 13 septembre, il est à Munich où il retrouve sa famille
qui jusque-là avait été internée à Rocca délia Caminate ; il passe une
journée avec sa femme et ses fils cependant qu’arrivent dans la ville les
hiérarques que l’entrée des Allemands à Rome a libérés.
Dans la capitale de la Bavière se rassemblent ainsi les
survivants du fascisme, et dans la ville il y a aussi, tenus à l’écart, les
Ciano qui sont là au milieu de leurs ennemis.
Le 14 septembre 1943, à son Quartier Général, le Führer
reçoit Mussolini. Les deux hommes s’étreignent longuement ; entre eux renaît
ce lien qui s’est tissé au cours des rencontres et qui a fait de Hitler le
meneur incontesté. La discussion commence et elle durera deux heures dans le
bunker du Führer.
Mussolini a-t-il déclaré vouloir se retirer de la vie
politique, n’a-t-il pas accepté de reprendre la tête d’un gouvernement fasciste
que devant la menace de dures représailles allemandes contre les Italiens (emploi
des gaz, mainmise du Reich sur la plaine du Pô) ? C’est une défense facile
même s’il y a une part de vérité dans l’évocation des intentions de Hitler et
dans l’affirmation du désir de Mussolini d’abandonner la partie.
Au vrai, Mussolini a subi la menace, l’ascendant de celui qu’il
avait choisi de suivre, et surtout il a dû être repris par l’illusion d’un
retournement éventuel de la situation.
En vieux routier de la politique, il imagine qu’un coup de
chance reste toujours possible, qu’il n’y a pas
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