1943-Le souffle de la victoire
de damnation en politique, qu’il
suffit parfois de durer pour se sauver. Et puis, il y a le pouvoir, même s’il n’est
plus qu’une apparence.
Et il se livre. Hitler le fait même examiner par son médecin
personnel, le docteur Morell.
Autour de Mussolini grouillent déjà les intrigues et les
rivalités des chefs fascistes, de Farinacci à Pavolini, chacun se présentant
comme l’interprète des nazis. Mussolini à leur contact retrouve son passé, il
est de nouveau le Duce.
Le 15 septembre, l’agence allemande DNB annonce :
« Mussolini a repris la direction du fascisme en Italie. »
Cette communication est suivie de la lecture de cinq arrêtés,
les Fogli d’ordini (« feuilles d’ordres ») du nouveau régime :
« Arrêté n° 1 du régime :
« Aux camarades fidèles de toute l’Italie :
« Je reprends à partir d’aujourd’hui, 15 septembre
1943, an XXI de l’Ère fasciste, la direction suprême du fascisme en Italie.
« Benito Mussolini.
« Arrêté n° 2 du régime :
« Je nomme Alessandro Pavolini au secrétariat
temporaire du Partito Nazionale Fascista qui s’appelle à partir d’aujourd’hui
Partito Fascista Repubblicano (PFR).
« Benito Mussolini. »
Les autres arrêtés prévoient la reconstitution de tous les
organismes du Parti.
À la lecture des journaux, les Italiens demeurent silencieux.
Les uns finissent un rêve, les autres, le petit nombre des fascistes, sortent d’un
cauchemar. Le Duce est revenu, et la peur que ces fascistes ont vécue pendant
cinquante jours, ils vont la faire payer cher. Ils ressortent en chemise noire,
insigne à la boutonnière, ils vont frapper aux portes, ils se font provocants
et beaucoup d’italiens retrouvent – mais cette fois-ci la rage au cœur –
leur visage d’impassibilité et d’humilité cependant que paradent quelques prepotenti (« fiers-à-bras ») fascistes.
Et ceci se produit dans toute l’Italie centrale et la plaine
du Pô puisque les Alliés ne contrôlent que le sud de la botte, à partir du Garigliano,
à environ deux cents kilomètres au sud de Rome.
Le 18 septembre, Mussolini parle à la radio de Munich. La
voix est éteinte, lasse :
« Chemises noires,
« Italiens et Italiennes,
« Après un long silence, voici que de nouveau ma voix
vous parvient et je suis sûr que vous la reconnaîtrez. »
Mussolini raconte les événements survenus, explique :
« Le mot “fidélité”, dit-il, a une signification
profonde, éternelle, dans l’âme allemande. »
Après avoir attaqué le roi, Badoglio, tous les traîtres et
les parjures, réaffirmé la nécessité de l’alliance allemande, il conclut :
« Il faut anéantir les ploutocrates parasitaires !
Paysans, ouvriers, petits employés, l’État qui va être construit sera le vôtre. »
La voix est sans chaleur, le discours pauvre et la démagogie
outrancière et dérisoire.
Les Allemands refusent à Mussolini le droit de s’installer à
Rome, ville ouverte. Il faut gagner Salò, sur les bords du lac de Garde, dans
le voisinage direct du Reich. Il y a là Farinacci, Guido Buffarini-Guidi, ministre
de l’intérieur, Pavolini et aussi le maréchal Graziani qui, par haine de
Badoglio et fidélité à l’Allemagne et au Duce, dirige le ministère de la
Défense.
Chaque ministre de la nouvelle République fasciste crée son
corps de défense : milice, garde nationale républicaine ou Brigate Nere (« Brigades noires ») de Pavolini, corps de police et la Muti, formation
autonome de répression qui a pris le nom de l’ancien secrétaire du Parti, élevé
au rang de martyr du fascisme depuis qu’il a été abattu par les carabiniers de
Badoglio. On utilise aussi des commandos de marine, la X e MAS, du
prince Valerio Borghese qui commande 4 000 à 5 000 hommes et les
organise en un groupe indépendant aux vives ambitions politiques.
Dans tout cela, quelques jeunes gens voulant défendre la
patrie contre l’envahisseur, quelques combattants fidèles aux camarades morts
au cours de trois ans de guerre, et puis la tourbe des mal famés qui se
rassemblent toujours autour des gouvernements imposés, petite troupe de
vauriens de quinze à dix-sept ans, décidés aux meurtres et à la rapine et qui s’éclipsent
quand viennent les vrais et durs combats.
Les SS du général Wolff et les espions allemands dominent ce
monde qui n’est plus que le spectre du régime fasciste : même
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