1943-Le souffle de la victoire
les
communications téléphoniques passent par eux. Ils protègent et contrôlent. Ils
sont en pays conquis et le gouvernement de Mussolini – celui de la
République sociale italienne – n’est pas le paravent de leur domination.
Les journaux sont pleins d’« ordonnances du
commandement allemand ». La Stampa du 2 octobre 1943, au
milieu de sa première page, publie les photos du « mark d’occupation »
dont le change est fixé à dix lires. Officiellement, l’Italie du Nord n’est
plus qu’un pays militairement occupé.
Qui
peut croire à la souveraineté de la République de Salò et de son Duce ?
Un garde SS, commandé par un vétéran, Sepp Dietrich, entoure
Mussolini et sa maîtresse Clara Petacci.
Goebbels note que « la conduite personnelle du Duce
avec sa petite amie que Sepp Dietrich a dû lui amener donne de sérieuses
inquiétudes… Le Führer commence à rayer le Duce sur le plan politique ».
Avec suffisance, Hitler le confirme dans un bref discours à
la radio :
« L’espoir de trouver des traîtres parmi nous, assure-t-il,
repose sur une complète ignorance du caractère de l’État national-socialiste. La
croyance que l’on peut susciter en Allemagne un 25 juillet, semblable à
celui de Rome, repose sur une méconnaissance absolue de ma position personnelle
ainsi que de l’attitude de mes collaborateurs politiques et de mes maréchaux, amiraux
et généraux. »
Le Führer reçoit longuement Goebbels et ne lui cache pas la
déception qu’il a éprouvée en constatant que la flamme qui brûlait le Duce s’est
éteinte.
Goebbels conclut dans son Journal :
« Le Duce n’a pas tiré de la catastrophe italienne les
conclusions morales que le Führer attendait… Le Führer espérait que le premier
souci du Duce serait de tirer une terrible vengeance de ceux qui l’ont trahi. Mais
il n’en a manifesté aucun signe, montrant ainsi ses vraies limites.
« Ce n’est pas un révolutionnaire de la trempe du
Führer ou de Staline, commente Goebbels.
« Il est tellement lié à son peuple, si pleinement
italien, qu’il manque des qualités nécessaires pour faire un révolutionnaire et
un insurgé d’envergure mondiale. »
CINQUIÈME PARTIE
Août
__
octobre 1943
« […] Aujourd’hui,
quelque peine que cela me cause, je suis absolument convaincu de la défaite
inévitable de l’Allemagne. On peut seulement se demander : quand ? Dans
deux mois ou dans six ? Et où ? À l’Est ou à l’Ouest ?
« Que
faire ? Mourir dans quelques jours ou dans quelques mois sans que cela
profite en rien au peuple allemand !
« Savoir
que la poursuite de la guerre ne peut mener qu’à utiliser les gaz et que de
telles folies entraîneront des pertes encore plus terribles ? L’avenir du
peuple allemand ne réside plus qu’entre les mains des vainqueurs. »
Oberleutnant de panzers FRANKENFELD
Septembre 1943
« Vous
le savez, nous avons perdu l’initiative pour la première fois, cela ne fait
aucun doute. Nous venons d’apprendre en Russie qu’il ne suffit pas de faire
preuve d’allant et d’optimisme… Il n’est pas question que nous reprenions l’offensive
au cours des prochaines années, pas plus à l’Ouest qu’à l’Est. »
Feldmarschall ROMMEL au général Bayerlein
Septembre 1943
« L’élimination
des Juifs est une page glorieuse de notre histoire qui n’a jamais été écrite et
ne doit jamais l’être. »
HIMMLER , ministre de l’Intérieur
discours de Posen aux
généraux SS
le 4 octobre 1943
28.
La déception qu’éprouvent le Führer, Goebbels et les
dirigeants du Reich à l’égard de Mussolini, le peuple italien va en subir les
conséquences.
Mussolini, pleinement italien, dit Goebbels, n’est plus qu’un
fantoche méprisable, son peuple est donc composé de Untermenschen, de « bohémiens ».
Ces hommes-là, à l’est de l’Europe, on les tue, d’une balle dans la nuque ou
dans les chambres à gaz.
Or précisément les divisions SS qui occupent l’Italie
arrivent du front de l’Est. Les hommes sont épuisés, harassés. Ils découvrent, en
pillards, en tueurs qu’ils sont devenus depuis des années, ce pays dont la « traîtrise »
autorise toutes les violences.
Ils vont jouir de l’Italie comme des violeurs et des
soudards qui ne respectent rien, ni les jeunes filles, ni les manuscrits
anciens, ni les œuvres d’art.
Hitler et l’état-major allemand ont
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