1943-Le souffle de la victoire
son ministère de
la Propagande qui répètent que les pilotes américains sont des gangsters tirés
de prison, que les Anglais sont des membres d’une aristocratie décadente, criminelle,
que tous sont au service de « conspirateurs juifs » qui manipulent
Churchill et Roosevelt.
Le service de renseignements SS rapporte que l’opinion
réclame des raids de représailles.
« Si nous ne faisons pas quelque chose au plus vite, nous
sommes perdus, nous ne pouvons plus rester passifs quand tout ce que nous avons
est réduit en poussière. »
Quelques-uns des aviateurs qui ont sauté en parachute ont
été lynchés. D’autres torturés et fusillés par la Gestapo.
Les Allemands qui condamnent ces meurtres sont arrêtés et
abattus.
Ces actes criminels sont cependant limités.
Les Anglais et les Américains ne sont pas des « Untermenschen » comme les Russes. Une Allemande, dont le service de renseignements SS relève
les propos, déclare :
« Ça me fait mal que tout ce que j’avais ait disparu. Mais
c’est la guerre. Contre les Anglais, non, je n’ai rien contre eux. »
Ainsi, reste au fond de l’âme allemande, malgré la
propagande de Goebbels, le sentiment qu’on appartient à la même civilisation
que les Anglo-Américains. On s’indigne, on souhaite des représailles, mais on
répète : « Mais c’est la guerre ! »
Et le désespoir gagne.
Les civils décrivent aux soldats les bombardements qu’ils
subissent.
Et les combattants du front de l’Est ne peuvent cacher à
leurs familles les conditions atroces de leur vie au front.
Ils parlent de vagues d’assaut russes, de ces centaines de
milliers de morts – qui sont immédiatement remplacés. L’hécatombe n’arrête
pas le flot.
Et les Russes disposent en abondance de tanks, de canons, de
munitions, de camions, d’avions, ce qui leur assure la supériorité absolue en
matériel. Au contraire, les Allemands manquent d’hommes et de munitions. Ils ne
peuvent plus tenir un front continu.
Un général d’infanterie écrit :
« La 39 e division n’a au combat ce
matin que 6 officiers et environ 300 hommes. Les commandants m’ont
fait savoir que l’épuisement a créé une telle apathie chez les soldats que les
mesures draconiennes n’aboutissent pas à l’effet immédiat souhaité et que ni l’exemple
donné par les officiers ni les encouragements affectueux n’ont le moindre
succès. »
Comment recréer l’élan, la volonté de se battre ?
Hitler qui, le 3 novembre 1943, a élaboré une « Directive
générale sur la conduite de la guerre », explique à Goebbels qu’il veut
constituer une Direction Nationale-Socialiste des Forces Armées.
« Il faut, dit-il, que chaque soldat ait la volonté
fanatique de se battre pour le Reich nazi jusqu’au bout. »
Ceux qui portent « atteinte à la puissance de l’armée » –
en répandant des propos défaitistes, en désertant, en s’automutilant – doivent
être traduits devant des cours martiales.
Vingt et un mille condamnations à mort ont été exécutées !
(48 pendant toute la durée de la Première Guerre mondiale !)
Les instructions du Führer sont brutales :
« Plus vite un élément nuisible à l’armée aura reçu le
châtiment qu’il mérite, plus il sera facile d’empêcher d’autres soldats d’agir
comme lui ou dans le même esprit, et plus il sera simple de maintenir une discipline
virile chez les soldats. »
Que peut faire le soldat allemand pris entre les Russes, dont
on sait comment ils traitent les prisonniers, et la « discipline virile »
de la Wehrmacht ?
Se battre !
Le doute, au sein des divisions SS, ne s’infiltre pas. Elles
sont fanatisées.
Hitler veut qu’on développe cette armée SS, l’armée de la
race germanique ouverte aux Européens de race germanique : Flamands, Danois,
Norvégiens, Néerlandais.
En 1943, cette armée SS représente 500 000 hommes.
Les généraux de la Wehrmacht n’ont guère de pouvoir sur l’emploi
de ces divisions fanatisées, dont les chefs exaltent le courage et le sacrifice.
On n’y économise pas les hommes.
On se vante au contraire de les envoyer à l’offensive sans
se soucier des pertes.
Pour un officier traditionnel, économe de ses hommes :
« C’est un point de vue de boucher. »
35.
Les généraux des divisions SS ne sont pas les seuls à avoir
adopté le « point de vue du boucher ».
Le maréchal Staline,
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