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1944-1945-Le triomphe de la liberte

1944-1945-Le triomphe de la liberte

Titel: 1944-1945-Le triomphe de la liberte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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divisions
commandées par des officiers allemands et se conduisent avec férocité.
     

     
    Reste la Hongrie, dirigée par le régent Horthy.
    De nombreux signes indiquent qu’elle s’apprête à changer de
camp.
    Le 18 mars 1944, Hitler convoque Horthy à Klessheim.
    Le Führer est brutal.
    La Hongrie, dit-il, occupe une place cruciale dans la lutte
contre le bolchevisme. Le Reich a besoin de l’essence qu’elle produit. Mais là
n’est pas le plus important : 600 000 Juifs vivent
tranquillement en Hongrie. Ils ont « enjuivé » le pays ! Ils
sont une menace pour le Reich, pour l’Europe.
    « Demain, 19 mars, dit Hitler mettant fin à
l’entretien, la Wehrmacht occupera la Hongrie. Ou bien le régent Horthy
s’incline et l’occupation se fera sans effusion de sang, ou bien… »
    Horthy se soumet.
    Le régent n’a pas le choix.
    Le train qui le ramène à Budapest est suivi par des convois
de troupes allemandes.
    Eichmann et son « Unité d’intervention spéciale de
Hongrie » arrivent à Budapest dès ce 19 mars 1944.
    Himmler vient de répéter aux officiers SS qu’il a
réunis :
    « Il faut exterminer la juiverie avec armes et bagages.
C’est certainement la solution la plus cohérente, même si elle est aussi la
plus brutale.
    « La plupart d’entre vous savent ce que ça veut dire,
100 cadavres côte à côte ou 500 000 couchés là. Avoir continué à
le faire jusqu’au bout et – à part une poignée d’exceptions dues à la
faiblesse humaine – être restés corrects, c’est ce qui nous a trempés.
    « Car nous devons assumer la responsabilité de résoudre
complètement cette question pour notre époque. »
     
    Il suffit de quelques jours pour que la machine à exterminer
se mette à tourner.
    Les SS et les hommes de Eichmann ne sont qu’une poignée,
mais la gendarmerie hongroise – sous l’œil compréhensif, approbateur de la
population – est à leur service et agit avec célérité et même
enthousiasme.
    Le port de l’étoile jaune est rendu obligatoire.
    La Gestapo arrête à Budapest plusieurs milliers de Juifs
appartenant à l’élite sociale. Des camps de concentration sont ouverts en
Autriche.
    Dans les provinces hongroises, on crée des ghettos et des
camps. Et le 14 mai 1944 partent les premiers convois pour Auschwitz.
     
    Le « Conseil juif », créé par les nazis pour représenter
la communauté juive, sait – et des milliers de Juifs savent – ce
qu’il advient à Auschwitz.
     
    Des évadés du camp d’extermination ont établi un
« Protocole d’Auschwitz » détaillé, décrivant les étapes qui
conduisent aux chambres à gaz.
    Les services hongrois de la BBC ont, à plusieurs reprises,
diffusé ces informations.
    Mais que faire ?
    Huit mille Juifs proches des membres du Conseil réussissent
grâce à leurs relations à fuir la Hongrie.
    Mais 438 000 Juifs, en quelques semaines, sont
envoyés à Auschwitz.
     
    Les Hongrois arrivent par trains entiers, deux ou trois par
jour. Presque tous les convois aboutissent directement aux chambres à gaz, car
les camps de travail sont pleins. Dès lors, les crématoires sont sous pression.
On y brûle jusqu’à 40 000 cadavres par jour.
    Les cheminées laissent échapper des flammes de dix mètres,
visibles la nuit à des lieues à la ronde. Et flotte dans l’air une odeur
entêtante de chair brûlée.
    On brûle les corps dans des fosses en plein air.
    Höss, le commandant du camp d’Auschwitz, explique d’une voix
calme :
    « Il fallait attiser le feu dans les fosses, vider
l’excès de graisse et retourner constamment la montagne de cadavres en sorte
que le courant d’air attise les flammes. »
     
    Trois cent quatre-vingt-quatorze mille Juifs hongrois ont
été gazés dès leur arrivée à Auschwitz.

 
12.
    L’odeur de mort ne flotte pas seulement autour d’Auschwitz.
     
    Les soldats russes qui, dans leur offensive du printemps
1944, approchent d’Odessa, puis de Sébastopol, chassant les Allemands de toute
la Crimée, reconnaissent cette puanteur de chair morte dans chaque village, le
long des routes.
    « Le général Koniev a des principes bien établis quant
aux cadavres, dit le major Kampov : il faut s’en débarrasser dans les
trois jours en hiver, dans les quarante-huit heures en été. »
    Mais aux cadavres de soldats – russes et
allemands – se mêlent ceux de milliers de chevaux, se décomposant au bord
des routes, ces « fleuves » de

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