1944-1945-Le triomphe de la liberte
du
pays. »
De la même voix chevrotante, Pétain prononce ces mots qui
arrache tous les masques, et montrent qu’il n’est plus qu’une marionnette des
nazis :
« Quand la tragédie actuelle aura pris fin et que,
grâce à la défense de notre continent par l’Allemagne et aux efforts de
l’Europe, notre civilisation sera définitivement à l’abri du danger que fait
peser sur elle le bolchevisme, l’heure viendra où la France retrouvera et
affirmera sa place. »
Cette collaboration avec l’Allemagne, en 1944, les Français
savent ce qu’elle implique.
Au mois de mars, la police parisienne arrête
4 746 personnes, soupçonnées d’appartenir à des réseaux de
résistance. Et nombre d’entre elles seront remises aux nazis. La Gestapo arrête
de hauts fonctionnaires (13 préfets), déporte les familles des
personnalités de la Résistance. Et la Wehrmacht, les divisions SS, les
miliciens de Darnand fusillent, pendent après avoir brûlé fermes et villages.
Ils sont des centaines, ces Français qu’on assassine. Ainsi
ces habitants du village de Frayssinet-le-Gélat, dans le Lot, dont
10 hommes sont fusillés et 3 femmes pendues.
Cependant, Pétain recevant le secrétaire d’État au Maintien
de l’ordre, Darnand, par ailleurs Waffen-SS, chef de cette Milice qui torture
et tue, lui déclare sur un ton paternel :
« Vous agissez comme moi avec les mutins de
1917. »
De son côté, Laval, réunissant des chefs de la Milice,
exalte leur action :
« Ce que j’aime en vous, c’est la franchise de votre
attitude, dit-il. Je marche en plein accord, en accord total avec Darnand…
Quelle que soit votre origine, je veux que vous soyez fondus dans une même
cellule milicienne. »
Laval s’avance vers les chefs miliciens, bras écartés.
« Je veux avoir conscience quand je tomberai dans
l’oubli éternel que je n’ai pas fait de mal à la France et que je l’ai bien
servie, déclare-t-il, d’une voix vibrante. Je l’ai servie au maximum, au risque
de ma vie. »
Il noue ses mains sur sa poitrine, comme pour une prière :
« La France est un grand pays, il faut qu’il reste un beau pays, dit-il.
Je voudrais, si cela était possible, totaliser, à moi tout seul, le sacrifice
de nous tous pour que vive la France. »
Pendant que Pierre Laval présente sa politique de
collaboration, de répression, de trahison comme si elle était une mystique, les
miliciens, les mercenaires des Groupes Mobiles de Réserve (GMR), associés à des
unités de la Wehrmacht, achèvent les maquisards blessés du plateau des Glières.
Ils encerclent ces 467 hommes depuis la mi-février.
Ils sont près de 20 000, lourdement armés. Les
officiers « français » des GMR ont fait mine de conclure un accord
avec les maquisards. Ils ne l’ont pas respecté et le chef du maquis, le
lieutenant Tom Morel, est abattu traîtreusement par un commandant des GMR.
Au même moment, la Royal Air Force parachute sur le plateau
90 tonnes d’armes avec munitions : de quoi équiper
4 000 hommes !
Parachutage « trop abondant, analyse un chef maquisard…
Nous perdons, en refusant d’abandonner cet arsenal, notre liberté d’action et
de mouvement, c’est-à-dire la principale force d’une troupe de maquisards,
agiles par définition ».
Le 18 mars, le capitaine de chasseurs alpins, Anjot,
est désigné par le commandant de l’Armée secrète pour prendre la relève de Tom
Morel.
Les Allemands ont engagé près de 15 000 hommes,
appuyés par la Luftwaffe. La Milice participe à l’assaut.
Le 26 au soir, Anjot donne l’ordre de
« décrochage ». Il sera tué le 27, et avec lui la plupart des
officiers.
Après neuf jours de bataille, Allemands et miliciens
commencent une impitoyable chasse à l’homme.
Il n’y aura que peu de survivants, mais, comme le dit le
chef des maquis de l’Ain, Romans-Petit, « si l’épopée des Glières est une
défaite des armes, elle est une victoire des âmes ».
10.
« Allô, ceux des Glières, merci ! »
Maurice Schumann, d’une voix vibrante, vient d’exalter à la
BBC le courage, l’héroïsme et le sacrifice de ces jeunes combattants tombés
face aux Allemands et aux miliciens de Darnand.
Il ne dira pas que ce responsable du Maintien de l’ordre, ce
Waffen-SS qui a prêté serment à Hitler, et dont les miliciens qu’il commande
ont perpétré tant de crimes déjà, vient de faire parvenir à Londres
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