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4 000 ans de mystifications historiques

4 000 ans de mystifications historiques

Titel: 4 000 ans de mystifications historiques Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gérald Messadié
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donnent l’illusion d’un traitement intensif. Et l’efficacité générale augmente quand les pilules semblent porter le cachet d’une marque. Mais, singularité notable, des effets secondaires contraires, nausées, maux de tête, palpitations et autres, peuvent apparaître chez une certaine catégorie de patients ; c’est ce qu’on appelle l’effet nocebo .
    Il semblerait aussi que l’effet réel de certains médicaments aille en décroissant avec les années, comme pour le Prozac, sans que l’on puisse définir la part de l’effet placebo de celles d’autres facteurs : il se peut ainsi que l’effet diminue parce qu’on connaît déjà le produit et que l’on y croit moins. Ce serait une variante de l’effet nocebo.
    Déjà évident dans ces constatations, le facteur psychologique peut se compliquer de facteurs culturels. Ainsi les proportions relatives des effets réels d’un médicament et de ses effets placebo peuvent varier selon les zones géographiques ; on s’est ainsi aperçu dans les années 1990 qu’en France et Belgique les effets réels du diazepam (Valium) contre l’anxiété étaient nettement supérieurs à l’effet placebo, mais qu’il n’en allait pas de même aux États-Unis. Le phénomène était cependant inverse avec le Prozac. Et les effets placebo apaisants de pilules bleues étaient plus forts partout dans le monde, sauf… en Italie.
    Un élément de réponse rationnelle existe dans le fait que le cerveau produit ses propres opiacés, qui calment les douleurs. Il semblerait donc qu’un centre cérébral activé par un symbole, tel qu’une pilule, suffise à déclencher la production de ces substances. Cette ébauche d’explication n’éclaire cependant pas des effets placebo qui n’impliquent pas directement la douleur, comme la pression artérielle (50 % d’efficacité), la toux (36 à 41 %) ou le rhume des foins (22 %).
    Les plus grandes firmes pharmaceutiques mondiales s’efforcent depuis des années d’analyser le phénomène placebo, afin d’en tirer les enseignements utiles et de produire des médicaments plus efficaces. Cela ne changera cependant rien à la capacité de l’organisme de se mystifier lui-même.
    *
    Est-ce le même mécanisme qui prévaut dans l’automystification ? Non, mais un mécanisme similaire. De même que le cerveau protège l’organisme contre la douleur qui compromet son équilibre, il protège l’individu en activant des schémas de comportement visant à accroître son bien-être ou à le prémunir contre des dangers. C’est ce qu’en psychologie on appelle l’engrammation d’expériences et de souvenirs. Au cours de l’existence et dans la vie des cultures, ces schémas se changeront en archétypes. Pour l’enfant victime de sévices d’un condisciple roux, par exemple, les personnes rousses présenteront un risque de danger. Il en ira de même au cours de son développement ultérieur ; il sera équipé de toute une batterie de concepts classés selon qu’ils sont positifs ou négatifs. Et de même que le chien de Pavlov salivait au simple son d’une clochette, l’individu adoptera des attitudes mentales caractérisées selon que certains concepts évoqueront pour lui des promesses de bien-être ou des dangers et entraîneront des attitudes favorables ou bien hostiles. C’est d’ailleurs ainsi qu’on dresse les animaux. Puis ces attitudes deviendront des habitudes et enfin, chez l’être humain, des mythologies.
    Il n’est personne qui ne dépende d’une culture, c’est-à-dire d’une mythologie. Et c’est ainsi que même des esprits supérieurs peuvent se laisser influencer dans leur interprétation du monde et, sauf s’ils sont escrocs, duper leurs semblables avec la plus parfaite bonne foi.

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