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4 000 ans de mystifications historiques

4 000 ans de mystifications historiques

Titel: 4 000 ans de mystifications historiques Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gérald Messadié
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plus fort des hommes, monta sur le bûcher parce qu’il avait été trahi par Déjanire.
    Et ce fut l’un des premiers mythes. Et l’un des premiers faux.
    *
    Comme tous les remèdes, la dénonciation des faux comporte ses effets secondaires ; le principal est la manie du complot.
    Elle peut se retourner contre le dénonciateur lui-même : de quel droit conteste-t-il des faits reconnus de tout le monde ? Quels sont ses titres ? Ne serait-ce pas un fauteur de troubles ? Car c’est un point divertissant de l’histoire : on n’a pas besoin de titres pour croire, mais on en a besoin pour ne pas croire. Passe que lord Kelvin, éminent savant, ait déclaré solennellement devant ses collègues de la Royal Society, après la découverte de la radioactivité : « On ne tardera pas à découvrir que les rayons X sont une supercherie. » Il avait, lui, homme de science qualifié, le droit de se tromper, mais on n’avait pas le droit de le lui dire si l’on n’était pas son égal : c’est l’un des traits du mandarinat universel.
    La manie du complot, elle, est très ancienne ; elle dérive, en effet, d’un excès de logique ; tout effet ayant une cause, il s’ensuit qu’il n’est rien d’inexplicable. En attestent les innombrables et tragiques procès en sorcellerie qui émaillèrent l’histoire de l’Occident jusqu’au XVII e siècle : si les moutons d’un paysan mouraient ou si son fils avait le croup, on soupçonnait d’emblée le voisin de lui avoir jeté un sort. Et l’affaire se terminait généralement par la mort d’un malheureux ou d’une malheureuse auxquels on avait extorqué des aveux par la torture et qu’on brûlait sur un bûcher après lui avoir arraché la langue.
    Cette folie perdura jusqu’au siècle des Lumières : le premier procès que plaida le jeune avocat Robespierre à Arras fut celui de bourgeois qui avaient installé un paratonnerre sur leur maison. Leurs voisins avaient déposé plainte, arguant que ces mécréants voulaient détourner le courroux divin sur des innocents. Bien que Benjamin Franklin eût démontré la nature électrique de la foudre, peu de gens prêtaient crédit à ces bavardages scientifiques et tenaient pour acquis que la foudre était l’expression de la colère de Dieu. La vieille mystification entretenue par l’esprit religieux résistait vaillamment.
    Au XX e siècle, le président Roosevelt et le Premier ministre Churchill furent désignés comme suspects dans deux théories du complot : le premier aurait laissé bombarder la flotte américaine à Pearl Harbour pour disposer enfin d’un prétexte à l’entrée en guerre ; quant au second, il aurait laissé bombarder Coventry pour démontrer la barbarie nazie. Les deux théories circulent encore. Leur fausseté sera démontrée dans les pages qui suivent.
    Plus près de nous, on a vu des fractions de l’opinion douter du récit général – on ne dira pas « officiel », car il n’y en eut pas – de l’attentat du 11 septembre 2001. Les films qui avaient défilé sur les écrans de télé et qui montraient bien les avions détournés heurter de plein fouet les tours du World Trade Center ne les avaient pas convaincues. Certaines singularités, il est vrai, entretenaient des doutes.
    Mais la nouvelle théorie dépassa de loin les questions posées par ces singularités – et d’ailleurs demeurées sans réponse.
    La séduction du faux est souvent irrésistible. Pour l’illustrer, nous avons inclus dans cette anthologie divers exemples qui touchent à la finance, aux beaux-arts, à la science ; ils contribuent à cerner la tendance des manipulateurs à falsifier les faits.
    *
    Le choix des termes qui qualifient les faux en histoire est large : il va du mythe, qui s’est forgé sans intention délibérée de tromper, à la mystification, qui est une tromperie volontaire, en passant par l’omission, forme particulièrement perfide du mensonge, et l’imposture, généralement dictée par des raisons idéologiques et plus spécifiquement politiques. Suivent la rumeur, le bobard, l’intox, le canard, l’idée reçue, dont les sens se chevauchent plus ou moins. La sanction en reste la même : ce sont des délits.
    Les bonnes intentions risquent alors d’être perverties et l’historien peut être mené à mentir sincèrement, si l’on peut ainsi dire ; l’exemple le plus flagrant en est celui de l’Encyclopédie soviétique, qui variait d’une édition à

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