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À La Grâce De Marseille

À La Grâce De Marseille

Titel: À La Grâce De Marseille Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Welch
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gauche, un Indien en costume mal coupé affichait un sourire un peu penaud.
    « Black Elk, murmura Featherman. C’est Black Elk. »
    Charging Elk n’en crut pas ses oreilles. Le bruit s’était répandu jusqu’au Bastion que Black Elk et trois autres Oglalas avaient disparu deux ans plus tôt dans la demeure de Mère Angleterre. À la fin de la tournée, ils n’étaient pas rentrés à Pine Ridge avec le reste de la troupe. La plupart pensaient qu’ils étaient morts, sans doute tués par traîtrise au-delà de la grande eau. On organisa même des cérémonies destinées à libérer leurs esprits, et on les pleura à l’ancienne manière. Et aussi à la nouvelle, dans la maison sacrée de l’homme blanc à Pine Ridge où le pejuta wicasa blanc, vêtu de ses robes blanches et dorées, prononça des paroles solennelles à la mémoire des frères et fils disparus. Quand Doubles Back Woman le lui avait raconté, Charging Elk s’était mis en colère à l’idée que son père et sa mère aient pénétré dans cette maison sacrée et soient allés jusqu’à croire ce que la robe-noire avait dit. Il était retourné au Bastion, jurant de ne jamais mettre les pieds dans ces abominables maisons.
    Et voici que Black Elk réapparaissait deux ans plus tard, l’air étonnamment maigre et pitoyable aux côtés de Buffalo Bill. Charging Elk ne l’avait pas bien connu, car ils avaient grandi à des endroits différents mais, de nombreux hivers auparavant, il avait entendu parler de lui au pays des bisons. Ils étaient tous deux jeunes à l’époque, mais comme Black Elk avait trois ans de plus que lui, ils avaient joué chacun avec des garçons de leur âge. Lors de la grande bataille de l’Herbe Grasse, Charging Elk l’avait vu qui, en compagnie de ses amis, circulait parmi les soldats morts à la recherche de butin. Après la reddition de Fort Robinson, ils ne s’étaient plus guère croisés.
    On alimenta le grand feu au milieu du campement, et deux femmes apportèrent un pot de café qu’elles posèrent sur une pierre en bordure des flammes. Buffalo Bill s’installa sur un tabouret et les autres par terre, sur leurs couvertures. C’était une douce soirée de printemps et le feu leur chauffait agréablement le visage, de même que l’air nocturne leur rafraîchissait agréablement le dos. Charging Elk et les autres jeunes, assis en face d’eux, ne quittaient pas Buffalo Bill et Black Elk des yeux. Les femmes tendirent aux chefs des gobelets de café brûlant.
    Buffalo Bill parla à Rocky Bear tout en jetant de temps en temps des coups d’œil à Black Elk. Il avait une grosse voix qui semblait s’adresser à tous les Indiens réunis autour du feu.
    Rocky Bear se tourna ensuite vers Black Elk. « Notre chef, Pahuska, te souhaite la bienvenue pour ton retour dans sa famille, traduisit-il. Il a été triste ces deux dernières années à l’idée que son frère se soit perdu, mais il n’a jamais abandonné l’espoir de le retrouver un jour. Quand il était plus jeune, c’était un très bon éclaireur et il ne doutait pas de repérer ta trace. Il semble cependant que ce soit toi qui nous aies retrouvés. Bienvenue à notre campement, Black Elk. »
    L’Indien paraissait avoir du mal à réaliser qu’il était de nouveau assis autour du feu en compagnie de Buffalo Bill et des gens de son peuple. Examinant les visages qui l’entouraient, il remercia Buffalo Bill et Wakan Tanka de l’avoir conduit jusqu’ici, puis il poursuivit : « Pahuska sait que Black Elk est un homme honorable qui aspire à devenir un wicasa yata-pika, et peut-être même un wicasa wakan. J’ai vécu dans le monde wasichu deux années durant et je n’aime pas ce que j’y ai vu. Les hommes ne s’écoutent pas entre eux, ils se battent, leur cupidité les empêche d’être généreux envers les plus malheureux et je n’ai pas le sentiment qu’ils soient assez sages pour se considérer comme frères. J’ai tiré beaucoup d’enseignements de cette expérience, des enseignements qui, à mon retour dans mon pays, m’aideront à montrer la voie à notre peuple. Je suis content de revoir Pahuska ainsi que mes frères et mes sœurs, mais à présent je suis fatigué de ce pays et mon cœur se languit loin de chez lui. »
    Rocky Bear traduisit à l’intention de Buffalo Bill, bien que celui-ci parût avoir saisi l’essentiel du discours prononcé en lakota. Il hocha la tête à plusieurs reprises, ponctuant les phrases par

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