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À La Grâce De Marseille

À La Grâce De Marseille

Titel: À La Grâce De Marseille Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Welch
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faudrait qu’il passe chez les Soulas après-demain et ensuite peut-être tous les jours si son emploi du temps le permettait. Il allait avoir des tas de paperasseries à remplir, mais il avait bon espoir que le cas de Charging Elk serait résolu d’ici une semaine ou deux. En attendant, il veillerait sur l’Indien d’aussi près que possible.
    « Voilà, monsieur Bell. »
    Le vice-consul leva les yeux. Depuis un moment, il contemplait le bout de ses bottines marron. Elles avaient besoin d’être cirées.
    « Le consulat, monsieur. »
    Bell sourit. Après deux années, il savait tout de même où il était, mais il avait dû rester quelques minutes plongé dans ses pensées. «  Merci, Robert. » Il descendit, et la voiture repartit. Le cheval blanc avec son pompon rouge, sentant l’écurie, parut trotter plus vite. À moins que Robert n’eût hâte de terminer son service.
    C’était une belle journée d’hiver, et Franklin Bell, avant d’entrer retrouver les fabricants d’essence de lavande qui l’attendaient, jeta un dernier regard sur le ciel d’un bleu si pur et huma l’air salin du Vieux-Port. Puis, comme il poussait la lourde porte de bois, il repensa à la jolie petite Française, concluant que, en définitive, elle n’était pas aussi mignonne qu’il l’avait cru. Ce n’était qu’une agréable illusion, à l’image des boulevardiers de Marseille. Bon sang, comme il les enviait !

6
    Charging Elk, debout devant la fenêtre de sa petite chambre, regardait l’écurie et les chevaux. Il faisait nuit et les animaux formaient des silhouettes sombres et indistinctes sous l’éclairage d’un unique bec de gaz. Dans les autres appartements autour de la cour intérieure, les volets fermés ne laissaient filtrer aucune lumière. L’un des chevaux marchait sans cesse le long de la barrière de l’enclos, tandis que les autres dormaient au milieu. Charging Elk pensa que, arrivé depuis peu, il devait encore être effrayé par son nouvel environnement. Peut-être venait-il de la campagne qui s’étendait entre Marseille et Paris. Tous les Indiens avaient été fascinés par le paysage qui défilait sous leurs yeux. Même la nuit, on distinguait parfois en bordure de la route de fer de petites collines plantées de rangées de vignes, ou bien un grand bâtiment de pierre entouré de bâtiments plus petits dont les toits brillaient comme de la glace sous la lune. Et chaque fois qu’ils traversaient une ville, ils observaient les gens et les chevaux avec une curiosité tranquille.
    Le train s’arrêtait souvent pour prendre de l’eau. Broncho Billy expliqua que c’était l’eau qui faisait la fumée, et la fumée qui faisait marcher le train. Durant ces arrêts, les Indiens et les autres membres de la troupe étaient autorisés à descendre afin de se dégourdir les jambes. Charging Elk ne s’éloignait jamais beaucoup des wagons, et dès que le sifflet retentissait, il s’empressait de remonter.
    Il apercevait parfois Buffalo Bill au bout du quai de pierre, généralement en compagnie de trois ou quatre hommes en beaux habits, et tous fumaient le cigare. De temps en temps, quand l’arrêt se prolongeait, il venait rejoindre les Indiens. Red Shirt et Rocky Bear descendaient alors de leur voiture pour servir d’interprètes, même si Broncho Billy, qui avait épousé une Lakota et qui parlait assez bien la langue, était là. Un jour, Buffalo Bill échangea quelques mots avec Charging Elk.
    « Où as-tu appris à faire du cheval comme ça, jeune homme ? »
    Après que Red Shirt eut traduit la question, Featherman répondit : « C’est un Indien sauvage des Mauvaises Terres. Il ne s’est jamais rendu.
    — Ce n’est pas possible ! Ce jeune homme a sûrement accompagné Crazy Horse il y a douze ans, bon Dieu ! Tous les Oglalas se sont rendus !
    — Quelques-uns n’ont pas accepté de suivre la voie des wasichus, intervint Sees Twice. Ce jeune homme n’était jamais entré dans une église avant Notre-Dame de Paris. » Sees Twice s’était exprimé en anglais, de sorte que Red Shirt traduisit pour Charging Elk.
    « Eh bien, pour voir une église, tu as été servi, Charging Elk. C’est la plus grande église sur terre après la maison du pape. Tu comprendras de quoi je parle quand on arrivera au pays des Italiens. »
    À cet instant, on entendit le sifflet. Buffalo Bill tapa sur l’épaule de Charging Elk. « Tu verras un tas de choses au cours de ce voyage, mon

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