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À La Grâce De Marseille

À La Grâce De Marseille

Titel: À La Grâce De Marseille Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Welch
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peut-être qu’on s’installe dans le jardin ? C’est très agréable à cette époque de l’année. Bientôt, il fera trop chaud, mais en ce moment, c’est l’idéal. Voulez-vous un thé… ou un café ? »
    René le conduisit vers une grande porte vitrée au fond de la salle à manger. Bell tâcha d’identifier l’odeur qui émanait de la cuisine. Des agrumes, décréta-t-il, tandis qu’il sortait dans le jardin. Un doux parfum de printemps y régnait, un véritable bonheur après les appartements étouffants et un hiver qui n’en finissait pas.
    « Voilà », fit René avec un large geste du bras.
    Le jardin était petit, peut-être huit mètres sur six, entouré d’un muret de stuc couronné de briques. Le sol était en terre battue, et un grand platane aux bourgeons à peine éclos se dressait au fond. Un rang de lavande aux feuilles d’un beau vert foncé venait adoucir la surface rugueuse du petit mur. Mais c’étaient surtout les pots de géraniums alignés dessus qui ne tarderaient pas à donner au jardin son cachet, tous ces roses et ces rouges que Bell associait à la Méditerranée. Alors qu’il promenait son regard autour de lui, le jeune vice-consul se demanda négligemment ce que les gens du Midi deviendraient sans leurs géraniums.
    « C’est parfait, monsieur ! L’endroit rêvé pour passer la soirée après une journée de dur labeur au marché aux poissons. » Bell n’était pas venu pour bavarder, mais il y avait des formes à respecter. Il avait vu comment Atkinson réussissait par ses compliments à faire littéralement rougir de plaisir de coriaces hommes d’affaires marseillais. Au-delà des géraniums, on apercevait les cours intérieures des immeubles environnants qui donnaient sur les rues animées. Partout, les pots de géraniums n’attendaient que l’heure d’exploser de toutes leurs couleurs. « Je constate que vous aimez jardiner.
    — Ce n’est rien, dit René avec un léger haussement d’épaules. Quelques fleurs pour mon épouse, un coin pour que les enfants puissent lire en paix. » Il était pourtant évident qu’il tirait une grande fierté de son travail.
    Bell prit l’une des chaises entourant la table en bois massif – « Vous permettez… ? » – et il s’assit.
    « Bien sûr, monsieur. Aimeriez-vous un anis ou un verre de vin, peut-être ?
    — Ne vous mettez pas en frais pour moi.
    — Mais ce n’est rien. Ce sera avec plaisir. » René s’excusa un instant et se hâta de rentrer dans la maison. Il se dirigea vers le pied de l’escalier et cria : « Madeleine, viens, c’est monsieur Bell, l’Américain. » N’entendant rien, pas le moindre raclement de chaise, pas le moindre bruit de pas, il appela de nouveau. Toujours rien.
    Ah, cette femme, songea-t-il. Comment peut-elle s’absenter à un moment pareil ? Alors qu’il allait sans doute avoir besoin de son aide pour convaincre l’Américain que Charging Elk se sentait heureux chez eux. Ce qui était la stricte vérité. Voyant que les enfants l’avaient tout de suite adopté, Madeleine avait fini par faire la paix avec l’ Indien. Certes, cela lui avait pris un mois ou deux, car elle ne revenait pas facilement sur ses premières impressions, mais à présent, elle désirait en toute sincérité qu’il reste. Il en était convaincu, bien qu’ils n’aient pas encore abordé la question de l’avenir à long terme.
    René se rendit dans la cuisine où il prit une bouteille d’armagnac qu’il réservait aux visiteurs de marque. Et comme ceux-ci étaient plutôt rares, la bouteille était là depuis deux ans, à peine entamée. Cherchant deux verres à cognac, il eut une pensée qui le fit sourire. Charging Elk était un visiteur de marque, mais René n’avait jamais envisagé de lui servir de ce précieux alcool, d’une part parce que monsieur Bell lui avait recommandé de ne pas le faire, et d’autre part parce que Charging Elk était un être simple – du tabac, quelques friandises, un verre de vin avec les repas, il ne semblait pas en demander plus. Et quand il devait se passer de l’un ou de l’autre, eh bien, il s’en passait. On en arrivait presque à oublier qu’il avait été une célébrité au sein de la troupe de Buffalo Bill.
    Debout sur le seuil de la cuisine, tenant un plateau sur lequel il avait disposé la bouteille, les verres et un petit bol d’amandes, René jeta un coup d’œil autour de lui, s’arrêtant sur la table de la salle à

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