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A l'écoute du temps

A l'écoute du temps

Titel: A l'écoute du temps Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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vers la rue Fullum.
     
    — Veux-tu ben me
dire, bonyeu, ce qu'il niaise à soir? dit-elle à mi-voix avec humeur en parlant
de son mari. Il est passé six heures. Ça fait plus qu'une heure qu'il a fini.
     
    Où est-ce qu'il
est encore allé traîner, lui?
     
    — Est-ce que
c'est à moi que vous parlez, m'man? demanda sa cadette qui venait d'apparaître
dans l'embrasure de la porte d'entrée.
     
    — Ben non! lui
répondit sèchement sa mère. Avez-vous fini de souper, vous autres?
     
    — Oui. La
vaisselle est même lavée.
     
    — Bon. Dis donc à
Richard d'aller au-devant de ton père. Je sais pas pantoute ce qui le retarde.
     
    25 Gérard Morin
finissait de travailler à cinq heures. Dix minutes plus tard, il apparaissait
habituellement au coin des rues Fullum et Emmett, pressé de profiter d'un repos
bien mérité après dix heures de travail à la Dominion Rubber.
     
    — Il est déjà
parti, m'man.
     
    — Ben non. Je
l'ai pas vu sortir de la maison, répliqua sa mère.
     
    — Il est passé
par la cour. Je l'ai vu partir avec Grenier et Lévesque.
     
    — Ah ben, le
petit calvaire! Où est-ce qu'il est parti encore?
     
    — Il l'a pas dit.
     
    — Lui, il va
avoir affaire à moi quand il va revenir.
     
    Va voir s'il
traîne pas juste dans la grande cour. Maudits enfants! Ça écoute pas pantoute,
ajouta la mère de famille en passant une main sur son front moite de sueur.
     
    Quelques minutes
passèrent. Bernard et Catherine Bélanger, les voisins des Morin ouvrirent leur
porte d'entrée et s'assirent sur des coussins, sur le pas de leur porte.
Laurette les salua. Mireille, l'amie de Carole, apparut à son tour.
     
    — Mireille, va
surveiller ta soeur et tes frères dans la cour, lui ordonna sa mère sans élever
la voix.
     
    La fillette
disparut à l'intérieur de l'appartement sans rechigner.
     
    — Qu'est-ce que
vous voulez, m'man? demanda Richard à sa mère en passant la tête dans
l'embrasure de la porte.
     
    — Te v'ià, toi!
s'exclama sa mère. Où est-ce que t'étais encore passé?
     
    — J'étais pas
loin, juste dans la grande cour.
     
    — Bon. Va donc
voir si tu verrais pas ton père en chemin. Je commence à être inquiète.
     
     
     
    — Jusqu'à la
Dominion Rubber? 26 LA FAMILLE MORIN
     
    — S'il le faut,
oui.
     
    L'adolescent
allait protester quand, tournant la tête à gauche, il aperçut son père arrêté
devant la porte de la première maison de la rue Emmett.
     
    — Mais il est là,
p'pa î dit-il en pointant son père du doigt.
     
    Laurette Morin
tourna la tête vers la direction indiquée par son fils et découvrit son mari en
grande conversation avec quelqu'un qu'elle ne pouvait voir sans se lever et
s'avancer au bord du trottoir.
     
    — Avec qui il
parle? Richard sortit de la maison et s'avança de quelques pas dans la petite
rue avant de dire à sa mère:
     
    — Il parle avec
madame Paquin. Voulez-vous que j'aille le chercher?
     
    — Non. Laisse
faire, répondit sa mère en tournant résolument la tête vers la rue Archambault.
Tu peux retourner jouer en arrière.
     
    Le pli amer
apparu subitement au coin des lèvres de la femme trahissait assez son
mécontentement. Elle écrasa son mégot sur le trottoir et alluma tout de suite
une autre cigarette. Tout dans son comportement disait qu'elle était la proie
d'une crise de jalousie, et ses efforts pour la dissimuler aux yeux des
Bélanger étaient pitoyables. Elle laissa passer une minute ou deux avant de
tourner à nouveau la tête en direction de son mari, toujours debout devant la
porte de la première maison de la rue. Il semblait parler à Cécile Paquin avec
une animation pleine de bonne humeur.
     
    Furieuse, elle
souleva légèrement sa masse imposante pour tourner sa chaise berçante de
manière à bien le voir, tant pis si les Bélanger, à qui elle tournait
maintenant carrément le dos, trouvaient son geste impoli.
     
    Pas une fois,
Gérard Morin ne tourna la tête vers sa femme qui rongeait son frein, trois
maisons plus loin.
     
    27 L'homme mince
de taille moyenne avait une apparence étonnamment soignée et, dans son allure,
on ne décelait aucun laisser-aller. Il était vêtu d'un pantalon gris fer et
d'une chemisette bleu pâle.
     
    Laurette fixait
le profil de son mari d'un air mauvais.
     
    Il n'y avait pas
de justice. La quarantaine l'avait à peine alourdi. Ses cheveux châtain clair
rejetés vers l'arrière dégageaient un front qui avait à peine reculé depuis
leur

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