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A l'ombre de ma vie

A l'ombre de ma vie

Titel: A l'ombre de ma vie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Florence Cassez
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que je me laisse aller à l’euphorie :
moins d’une semaine après cette visite de mes parents à l’Élysée et les paroles
qui ont suivi, retransmises à l’opinion mexicaine, le parquet de Mexico annonce
qu’il fait appel de ma condamnation à quatre-vingt-seize ans de prison.
Motif : elle lui semble trop légère ! Pour Frank Berton, il n’y a
aucun doute : c’est la réponse du pouvoir mexicain à la médiatisation de
la semaine précédente et à la mise en cause implicite de Genaro Garcia Luna. On
nous fait savoir qu’il est intouchable. On dirait que les conseillers de
Nicolas Sarkozy ont raison : il faut être déterminé mais prudent. Surtout
ne pas froisser les susceptibilités mexicaines, ne pas commettre de faux pas.
En fait, cela me ramène à février 2006, quand je suis intervenue sans réfléchir
dans l’émission de Denise Maerker. Quelques jours plus tard, Cristina Rios
Valladares et son fils Cristian Hilario changeaient leurs déclarations et
m’accusaient directement. C’était évidemment une réaction à mon
intervention : il fallait éviter que l’opinion ait le temps de douter,
renforcer à tout prix ce dossier qui ne tenait pas. Et tant pis si ce
changement brutal et opportun paraît peu crédible : la presse s’est
chargée de le relayer comme si c’était une bombe. La décision du parquet de
Mexico est reprise de la même manière : on explique qu’il faut être
intraitable avec les preneurs d’otage, et on suscite une réaction nationaliste
en dénonçant la France qui se mêle des affaires mexicaines sans en connaître
les enjeux. C’est le début d’une épreuve de force, le ton est donné. En
d’autres temps, cela m’aurait affolée de me savoir au milieu d’un tel
affrontement, mais maintenant je suis soutenue, je ne suis plus seule. Je dois
me montrer à la hauteur !
    Frank Berton organise des rendez-vous avec la presse
française. C’est nouveau pour moi. J’appelle son cabinet et les journalistes
sont là, rassemblés autour d’un téléphone avec haut-parleur. Mon avocat me dit
qu’il est important qu’ils puissent m’enregistrer, parce que cela leur permet
de diffuser ce que je leur dis sur les antennes. Les Français vont apprendre à
me connaître, cela me fait un peu de bien et ce n’est pas du luxe car
l’acharnement que je sens au Mexique me pèse énormément. En réponse à toute
cette médiatisation, le ministre Garcia Luna et ses sbires réaffirment des
choses totalement fausses, s’appuient sur des témoignages qui n’existent pas
pour convaincre encore et encore l’opinion mexicaine de ma culpabilité, se
vantent d’avoir réalisé une grosse prise en arrêtant ce qu’ils appellent la
bande des Zodiacos et que le peuple doit leur faire confiance : ils
luttent contre ce fléau profond qu’est la criminalité. Il ne faut pas être très
malin pour comprendre qu’ils ne reconnaîtront pas si facilement le montage.
    Je m’accroche au soutien qui me vient de France. Mes parents
vont bientôt venir et Frank Berton aussi. C’est la fin du mois de mai, l’été
arrive sur Mexico et je suis toujours là, enfermée à Tepepan, dans une prison à
taille humaine, c’est vrai, mais que je ne supporte plus. Je n’ai plus d’amie,
ici. Et ces cris qu’on entend à travers les pièces à longueur de journée me
glacent – les filles ne savent pas se parler sans hurler. Heureusement, je
reçois du courrier, maintenant, et de plus en plus depuis quelques semaines. La
médiatisation en France a fait son œuvre. On m’envoie des lettres et des cartes
d’un peu partout, avec plein de mots gentils, beaucoup d’encouragements. Maître
Berton et M e Garcia m’ont parlé de libération conditionnelle. Ils
ont même déposé une demande officielle. Je sais que je ne devrais pas, mais
c’est plus fort que moi : je ne pense plus qu’à cela à longueur de jour et
de nuit.
    Quand mes parents arrivent, ils sont impatients que je
rencontre mon nouvel avocat. Il y a comme une flamme nouvelle en eux, et ils me
communiquent leur enthousiasme. Je suis tellement contente de les voir ainsi,
un peu revigorés, moins minés de l’intérieur qu’ils ne l’étaient pendant tous
ces mois où ils vieillissaient à vue d’œil. Ils ont pris rendez-vous à
l’ambassade où ils ont l’intention de demander quelques comptes. C’est à
l’Élysée qu’on les y a encouragés, alors ils n’hésitent pas. Ils sont remontés.
    Frank Berton arrive

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